SAMOTHRACE. - Sanctuaire des Grands Dieux - 1986
En 1986, J. MacCredie a repris la fouille du sanctuaire des Grands Dieux, concentrant les recherches sur la terrasse Ouest, entre la grande stoa hellénistique et la fortification médiévale («Ruinenviereck »), à l’endroit où l’on avait repéré fortuitement, en 1979, les traces d’un vaste bâtiment hellénistique. Les fouilles ont mis au jour non seulement ce bâtiment, qui était destiné à abriter un navire consacré, mais aussi un mur de soutènement, un hestiatorion, une construction byzantine en partie superposée à l’édifice hellénistique et des murs post-byzantins.
L’édifice hellénistique, qui date de la première moitié du IIIe siècle av. J.-C., est entièrement construit en grès local stuqué. Long de 28,93 m et large de 13,86 m, il était divisé longitudinalement en deux nefs par une rangée de cinq colonnes axiales, dont deux bases ont été retrouvées. L’emplacement des portes n’est pas sûr ; il semble que le mur Nord était percé de larges fenêtres. La nef Sud est occupée par une série de fondations en calcaire, disposées perpendiculairement à son grand axe : on en a retrouvé cinq, sur un total de sept ou huit. Sur l’une d’elles se dressent encore deux blocs de marbre à face supérieure concave, qui servaient de support à la carène du navire, la quille venant se loger dans l’espace qui sépare les deux blocs (fig. 65). Étant donné la date de l’édifice — qui, d’après la stratigraphie, fut construit exprès pour abriter le navire — le dédicant a toute chance d’être Antigone Gonatas et le navire dédié une trière conquise sur la flotte ptolémaîque. L’édifice, qui semble avoir été endommagé au début de l’époque impériale, ne fut pas détruit avant le IIIe siècle ap. J.-C.
Un puissant mur de soutènement le protégeait, au Sud, du côté où le terrain s’élève vers l’extrémité Nord de la grande stoa. Ce mur semble légèrement postérieur à l’édifice lui-même.
Immédiatement au Nord de celui-ci on a mis au jour les fondations d’un hestiatorion, constitué d’une salle de banquets carrée, qui pouvait abriter quinze lits de repas, et d’une antichambre rectangulaire. La stratigraphie indique que ce bâtiment est plus récent, et la céramique invite à le dater de la seconde moitié du IVe siècle av. J.-C. : il serait donc contemporain du bâtiment de la Milésienne. L’hestiatorion fut détruit en même temps que le bâtiment au navire.
L’extrémité Ouest de celui-ci était recouverte par les ruines d’une construction byzantine qui incorporait de nombreux remplois liés au mortier : fragments de statues, de reliefs, de blocs architecturaux et d’inscriptions, dont une stèle en bon état portant un traité entre Rome et Maronée avec le texte du serment que les ambassadeurs de celle-ci devraient prêter devant l’empereur Claude. La construction byzantine, de caractère agricole ou industriel, postérieure à l’abandon de la fortification médiévale, fut détruite intentionnellement vers la fin du Xe siècle, et l’endroit fut nivelé. Rien ne permet de dater précisément les quelques murs de terrasse et de clôture qui furent ensuite bâtis à cet endroit.
Légende graphique :
localisation de la fouille/de l'opération
localisation du toponyme
polygone du toponyme Chronique
Fonctionnalités de la carte :
sélectionner un autre fond de plan
se rapprocher ou s'éloigner de la zone
afficher la carte en plein écran