DELPHES. – La ville ancienne - 2022

À Delphes, Jean-Marc Luce et Julian Brouet (EFA/CNRS/PLH-CRATA) ont poursuivi en 2022 le programme d’étude sur la ville ancienne de Delphes. Le travail a consisté en une étude minutieuse et un inventaire des murs dans les secteurs à l’Ouest, au Sud-Ouest et au Sud du sanctuaire d’Apollon.
Dans le secteur Ouest, on a identifié une nouvelle carrière, utilisée comme site d’appoint. Au même endroit, on a repéré un secteur d’activité artisanale impliquant l’utilisation de l’eau. L’existence d’un quartier artisanal en ce lieu est compatible avec l’hypothèse de Hansen qui proposait de situer le quartier artisanal de Thuyai près de l’Hermeion. Dans la zone 2.1 du secteur Sud-Ouest, une nouvelle voie montante a été mise en évidence, et une partie d’une maison paléochrétienne avec une fontaine a pu être étudiée.
L’extension au Sud de la rue qui longe le quartier de l’Hérôon de Blum, entièrement absente de tous les plans de Delphes, se révèle être un secteur occupé depuis probablement la fin de l’époque archaïque. Sa limite occidentale a pu être déterminée. Comme elle se trouve à proximité de la nécropole, il se peut qu’elle soit à la limite même de la ville, mais cela reste à démontrer. Une des surprises de la campagne dans ce secteur a été de découvrir le prolongement de la voie mycénienne découverte en 2021 vers le Sud. Cette voie, qui devait rejoindre des routes passant plus au Sud, suggère que la nécropole mycénienne s’étendait aussi dans le secteur Sud.
Dans le secteur Sud, enfin, les relevés publiés dans FDII, 15 ont pu être prolongés vers l’Ouest. Il a ainsi été possible de proposer une histoire de tout le quartier, avec restitution du réseau des circulations.
Au-delà de ces données nouvelles, cette recherche pose la question des limites de la ville et de la chronologie de ses phases d’extension. Au Sud comme à l’Ouest, les limites bornent de vastes quartiers de façon parfois presque monumentalisée. La question de savoir si ces limites, notamment au Sud, constituaient celles de la ville elle-même, au moins à la fin de l’époque archaïque, nous paraît légitime. Même si la ville n’est pas enclose dans des remparts, ses limites ont pu néanmoins, en certains endroits, prendre un aspect monumental. La limite Sud du quartier au Sud du sanctuaire, le long de la Rue basse, doit être datée de la fin du VI^e s., ce qui correspond, soit à l’époque de la construction du péribole II, soit aux années qui l’ont précédée, soit les deux. Or on observe dans toute la partie Ouest de la ville, des vestiges qui remontent pour les plus anciens à la même phase chronologique. Il semble donc qu’il y a eu à ce moment une extension considérable, qui ne relève pas d’un simple processus évolutif, mais plutôt d’un vaste programme urbanistique, contemporain de la décision d’élargir le sanctuaire, lequel formait, au sein de l’agglomération, comme un enclos dans un espace lui-même partiellement enclos.