DELPHES. – Les abords Sud-Est de la ville, Marmaria - 2022

À Delphes, Sandrine Huber (EFA/Université de Lille) et Didier Larocher (EFA/ENSAS), ont mené en 2022 une nouvelle mission de terrain sur la terrasse de Marmaria, sur laquelle se trouve le sanctuaire d’Athéna Pronaia. Après plusieurs campagnes d’étude architecturale et de prospection, une campagne de fouille a été effectuée en 2022 sous la forme de plusieurs sondages : il s’agit de la première étude archéologique de grande envergure sur la terrasse depuis plus d’un siècle.
Afin de faciliter les opérations de fouilles et de relevés, l’ensemble de la terrasse a été nettoyée. De même, 71 blocs architecturaux, qui avaient été entreposés à l’intérieur des bâtiments, ont été déplacés (fig. 1). Cinq sondages (sur les sept initialement prévus) ont été ouverts.
Le sondage 2022-03 (fig. 2), implanté dans l’angle Nord-Ouest du bâtiment SD 43, avait pour objectif de retrouver des tronçons de murs relevés lors des fouilles anciennes (1903 et 1922), de les documenter archéologiquement et d’explorer les traces d’occupations antérieures. La fouille a révélé des vestiges qui pourraient provenir du mur relevé par Youri Fomine en 1925, ainsi qu’un empierrement constitué de moellons et de terre argileuse à l’Est. Seul le prolongement du sondage vers le Nord a livré de la céramique datée entre l’époque archaïque et l’époque classique, un tesson de l’époque protobyzantine et les fragments d’un récipient en fer et d’une tôle martelée en bronze.
Le sondage 2022-04 (fig. 3), implanté dans le quart Nord-Ouest du trésor ionique (SD 33), visait à documenter les fondations de la cella et à comprendre leur liaison avec la base installée contre le mur de fond de la cella. La fouille a mis au jour le parement interne de deux assises d’une ( ?) fondation sous la fondation visible du mur Ouest de la cella, avec sa tranchée de fondation. Le mobilier recueilli dans le quart Nord-Ouest de la cella (lames de lance et d’épée [?] en fer, fragment de casque en bronze, fibule et plaques de bronze décorées) concorde avec un contexte sacré et l’étude de la céramique pourra probablement confirmer qu’il est antérieur à la construction de l’édifice, vers 525-515 av. J.-C. On a également recueilli des os, principalement de bœuf, de caprinés et de porc.
Le sondage 2022-05 (fig. 4), implanté dans la péristasis Nord du temple en tuf SD 29, avait pour objectif d’atteindre les niveaux profonds pour révéler l’évolution du secteur avant la construction du monument du VI^e siècle, et préciser la date de construction du monument SD 29. On a aussi cherché à préciser les circonstances de sa dislocation, à la suite d’un glissement de terrain. La fouille a permis d’identifier la couche de destruction de la toiture (restes en négatif de la charpente de bois) et du sol de la peristasis ; en effet, la formation d’une faille a provoqué l’effondrement de la partie Nord du temple d’Athéna Pronaia. Tandis que les publications antérieures s’accordent pour dater la catastrophe à la fin du IV^e s. av. J.-C., le matériel issu de ce sondage va de l’époque archaïque à l’époque impériale.
Le sondage 2022-06 était un sondage stratigraphique sur la moitié d’une berme restée non fouillée après la Grande fouille de 1901, sous la fondation du monument SD 30 (fig. 5). L’objectif était de mettre en évidence une stratigraphie entre les deux murs dits de péribole, le mur archaïque SD 24 et le mur classique SD 20, afin de préciser la chronologie de leur construction respective. La fouille de ce sondage n’a pas livré de couche archéologique préservée et les vestiges étaient perturbés.
Le sondage 2022-07 a été implanté à l’intérieur du « grand autel » SD 25, situé dans la zone des autels, à l’extrémité orientale de la terrasse de Marmaria (fig. 6). Cette structure est la plus importante du secteur et elle constitue une longue plateforme orientée Nord-Sud. L’objectif de la fouille était de compléter les informations issues des fouilles anciennes, de dégager l’appareil des deux murets qui délimitent la structure à l’Ouest et à l’Est et de comprendre sa relation avec le mur de soutènement qu’elle flanque au Nord (SD 22). Les couches explorées ont livré des quantités considérables d’ossements animaux brulés, des objets en bronze et des objets en fer : ce mobilier confirme que le « grand autel » a été utilisé dans le cadre d’activités sacrificielles et/ou votives, mais il n’est pas certain que la structure ait été à proprement parler un autel.
Parallèlement à la fouille, s’est poursuivie l’étude architecturale des monuments de la terrasse par Didier Laroche et Manon Bublot, Anne Jacquemin et Stéphane Lamouille. Une analyse géomorphologique a également eu lieu pour étudier les processus naturels qui ont affecté le site depuis l’Antiquité.