ANAVLOCHOS - 2021

En Crète orientale, Florence Gaignerot-Driessen (Université de Cincinnati/EFA) a mené en 2021 une nouvelle campagne de fouilles à l’Anavlochos. Les recherches se sont portées cette année sur deux secteurs principaux : dans la nécropole (zone 1) et dans l’agglomération urbaine du vallon central (zone 4). Des efforts se sont également concentrés sur des travaux de consolidation, de protection et de valorisation des vestiges (fig. 1).
Dans la nécropole, les fouilles se sont poursuivies sur trois secteurs : Maragaki Mandra (zone 1.1), Sfakianou Mourela (zone 1.2) et Kako Plaï (zone 1.3). À l’Ouest des ruines de la bergerie à Maragaki Mandra, plusieurs sondages ont été implantés sur une structure qui ressemblait à un tumulus funéraire du Premier Age du Fer (fig. 2-3). On y a mis au jour de nombreux tessons de céramique fine datés entre le Protogéométrique et le début de l’époque archaïque, des fragments de pithos à relief du MR IIIC, des fragments d’objets métalliques (des armes et une épingle en bronze), ainsi qu’une petite quantité de restes osseux humains brûlés. On a également dégagé un mur en calcaire (long. 6,80 m) dans le secteur Nord-Est, associé à du mobilier daté entre le MR IIIC et l’époque protoarchaïque. Dans le secteur de Sfakianou Mourela, on a exploré trois structures assimilées à des tumulus funéraires (fig. 4). En effet, la fouille du tumulus 52.03 a révélé les vestiges d’une tombe-bûcher constituée de quatre murs de moellons irréguliers sur deux assises. L’intérieur des murs conservaient des traces de feu (fig. 5). Le mobilier recueilli compte des objets en pierre, des fragments d’une amphore ovoïde, ainsi que les fragments d’une pointe de lance en fer. Dans la zone au Nord et à l’Est de cette structure, la fouille d’une concentration de moellons éboulés n’a pas livré de structure, mais suggérait peut-être une couverture tumulaire. À un point plus élevé sur la même pente, cependant, on a fouillé le tumulus 52.01, qui a livré une concentration de fragments de bronze : ils appartiennent à un bouclier du MR IIIC-Protogéométrique dont l’umbo est identifiable (fig. 6). Aucune structure n’a pu être identifiée, ni restes osseux. L’exploration d’une structure semi-circulaire (FE301) au pied de la pente de Kako Plaï a livré de la céramique antique commune datée de la fin du Bronze Récent et du premier Age du Fer. Des fondations antiques dont la datation n’a pu être précisée, ainsi que du mobilier moderne (verre, vaisselle de porcelaine, cantine métallique, cartouche et une balle de la Seconde guerre mondiale). Les recherches dans la zone 1 ont donc mis en évidence une occupation longue et complexe des pentes basses du versant Nord de l’Anavlochos : le mobilier documente une présence entre le MR IIIC et la période archaïque ainsi qu’à l’époque contemporaine. On y a identifié une occupation résidentielle (zone 1.1) de la fin de l'Age du Bronze et du début de l’Age du Fer, ainsi que funéraire (zone 1.1 et 1.2).
Dans l’agglomération urbaine du ballon central (zone 4), on a exploré le quartier de la forge (zones 4.0 et 4.1 ; fig. 7-8). La fouille de ce quartier s’est achevé en 2021, ainsi que l’étude paléométallurgique qui avait été engagée en 2019. Dans la résidence A, on a atteint le niveau de circulation dans la cour, ainsi que dans la pièce 4.004 où l’on a dégagé les pierriers d’effondrements des murs ainsi que la couche de destruction de la toiture. On a retrouvé une base de colonne ou un support de vase, ainsi que des fragments de pithos, de deux vases et d’une pyxide dans les angles de la pièce. Dans cette pièce et dans la pièce voisine, on a pu restituer deux phases d’occupation : dans un premier état les deux pièces étaient unies en une seule pièce ; dans un second état, la construction d’une cloison les a séparées et les vestiges d’un escalier a montré que leurs sols étaient à des niveaux différents. Le bâtiment B a également été fouillé : la pièce 4.102 a deux états d’occupation, un premier état qui correspond à une forge et un deuxième état, une salle à banquette. La forge du premier état était associée à une couche noire comportant des noyaux d’olives calcinés, des scories de fer et autres déchets métallurgiques. Des reflets verts sur certaines scories indiquent que des objets en bronze ou en alliage cuivreux y étaient aussi produits. On note aussi la découverte de petites pierres rougeâtres, de fragments de parois rubéfiées, et de fragments de tuyère, indiquant les débris d’un foyer. Au moment où la pièce 4.102 est devenue une salle à banquette, la forge s’est déplacée au bâtiment C, dans la pièce 4.100. La fouille de la forge a livré des noyaux d’olives, des charbons de bois, ainsi que des coquillages (dont des échantillons ont été analysés), qui indiquent que des objets en acier étaient manufacturés dans cet atelier.
Dans le secteur de la terrasse Demargne (fig. 9-10), explorée en 1929, les fouilles de la terrasse supérieure ont révélé une pièce allongée de 9 x 3 m, qui aurait servi d’apothèque (pièce 4.402). En effet, elle est accessible à l’Est. Quatre dalles posées sur le sol ont pu servir de plateforme de travail ou de support de vase. Sur cette plateforme on a trouvé le fond de quatre vases de céramique ainsi qu’un objet pyramidal en argile, aux parois internes brulées (une lampe, un brasero ou un bruleur d’aromates).  Deux autres objets similaires ont été trouvés. Le niveau inférieur de la terrasse a été abimé par l’érosion et la fouille s’est limitée en 2021 à une bande de 3 m de large situé le long du mur FE401. On a mis au jour la partie Sud d’une grande pièce (4.401) de 5 x 9 m environ. Sous le niveau de destruction du mur et de sédimentation d’abandon, on a exposé la destruction du toit. On a recueilli de la céramique, en particulier de la céramique fine décorée, ainsi que des os d’animaux, des coquillages et des fragments de pierre ponce. Aucun dépôt en place n’a été trouvé, mais un ensemble d’ossements d’animaux dans l’angle Sud-Est (chèvre, mouton, lièvre, bovidé), ainsi que les vestiges de murs à un niveau inférieur. Cette pièce semble avoir été précédée d’un vestibule à l’Est. La fonction de ces pièces (4.401 et 4.402) n’a pas encore été déterminée, mais la pièce 4.402 a néanmoins livré un ensemble important de vaisselle.
Dans la zone 4.5, des sondages ont été ouverts sur de potentielles terrasses agricoles et des sédiments ont été échantillonnés pour analyses. Une couverture photographique complète du vallon central où est installé l’habitat antique a été réalisée par drone. Par ailleurs des travaux de consolidation et de valorisation des vestiges ont été menés sur le site.