KITION. - Bamboula - 2021
Informations Générales
Numéro de la notice
17973
Année de l'opération
2021
Chronologie
Mots-clés
Nature de l'opération
Institution(s)
Ministère de l'Europe et des Affaires Étrangères (Ministère de l'Europe et des Affaires Étrangères)
Honor Frost Foundation (Honor Frost Foundation)
Localisation
Toponyme
Kition Citium Kitium
Kition Citium Kitium
Notices et opérations liées
Description
En octobre 2021, la mission française de Kition, dirigée par
1) Dans le secteur du bassin portuaire, on a pu achever l’exploration des installations militaires d’époque classique, jusqu’alors empêchée par la présence de courts de tennis. Le déménagement de ces derniers en un autre lieu de Larnaca, obtenu grâce aux efforts du département des Antiquités, et le soutien financier de la Fondation Honor Frost ont permis d’achever la fouille des hangars à trières d’époque classique (Fig. 1-2).
Une base de pilier (locus 934), très bien conservée, appartient à une ligne de supports de toiture qui prouve l’existence d’une septième rampe, qu’elle bordait à l’Est. Cette base, légèrement trapézoïdale, mesure 0,75 m de large à son extrémité Nord, 1 m de large à son extrémité Sud, sur une longueur de 3,06 m. Elle est constituée d’un bloc de calcaire monolithe, épais de 0,40 m, avec des excroissances du côté Est et qui repose sur un soubassement faisant saillie du côté Nord. Ce dernier est lui-même établi sur un radier de petits blocs, probablement destiné à drainer l’eau. Le mobilier recueilli date de la période classique (IVe s. av. J.-C.). Ce massif, très bien construit, montre qu’on devait se trouver dans une zone humide, nécessitant de solides fondations pour éviter que la base ne s’enfonce dans le substrat. C’est un indice que la ligne de rivage devait être proche. La solidité du support s’explique également si, comme on le suppose, la base constituait un angle interne du bâtiment (Fig. 1). De fait, la base 934 est située à la hauteur de la deuxième rangée de piliers séparant les loges. Les sondages antérieurs, qui ont porté sur l’emplacement présumé de la base de la première rangée de piliers, ont été infructueux. Il n’est donc pas certain qu’il y ait eu à cet endroit une ligne complète de sept supports successifs. Par symétrie avec la fermeture du bâtiment du côté Ouest, on en propose six, avec un mur de refend faisant retour vers le Nord.
L’existence d’une septième loge étant désormais établie, on a poursuivi l’exploration vers l’Est. À l’Est de la base 934, un mur d’orientation Est-Ouest, fait de beaux blocs réguliers de grès sableux (locus 947), forme un angle chaîné avec un muret d’orientation Nord-Sud (locus 941). Ce dernier pourrait être une base de pilier, appartenant à une hypothétique ligne bordant à l’Est une huitième loge. Cela paraît toutefois peu probable. Le muret 941 est, en effet, plus long que les bases dégagées. Son appareil est également bien différent : il s’agit d’un massif de blocaille liée au plâtre, dense et épais (la base n’a pas pu en être dégagée en raison de la présence de la nappe phréatique). Par ailleurs, aucune trace de rampe n’a été décelée dans l’espace compris entre la base 934 et le muret 941, qu’occupe le mur 947. Si l’interprétation proposée est la bonne, il faut donc restituer du côté Est un mur discontinu, fait de longs murets supportant des piliers. Il n’y aurait là rien de surprenant : le bâtiment avait besoin d’être bien aéré, et, du côté Est, contrairement au côté Ouest, le mur de fermeture ne servait pas également de mur de soutènement de terrasse.
La fouille des installations portuaires a été complétée par plusieurs sondages qui visaient à préciser l’emprise du bassin à l’époque classique. On rappelle que la fouille de 2016 avait permis de dégager sur une faible longueur la bordure Ouest (Chronique, n. 6169) tandis que les carottages géomorphologiques antérieurs avaient livré d’autres indices ponctuels. Tous les sondages ont été infructueux : les limites Nord du bassin sont à rechercher hors des limites actuelles du site archéologique.
Tous ces résultats sont intégrés à la publication de la fouille du port dans le volume : O. Callot, S. Fourrier, M. Yon (dir.), Kition-Bamboula VIII. Le port de guerre de Kition, Archéologie(s) 7, MOM Éditions, Lyon, 2022.
2) Dans la partie Nord de la Bamboula, on a achevé la fouille de l’habitat du premier âge du Fer, qu’on avait exploré entre 2016 et 2018 (Chronique, n. 6169, 6409, 6780). La campagne s’est concentrée sur la partie Nord de l’établissement daté du XIe s. av. J.-C., sans chercher à atteindre les niveaux antérieurs (Fig. 3). Effectué immédiatement au Nord des sondages précédents, le dégagement a mis au jour des murs très bien conservés, avec plusieurs phases de reprise (blocage d’ouverture, suppression et création de refends), correspondant à une succession de niveaux de sols faits de terre tassée sur un radier de gravillons. Plusieurs aménagements étaient restés en place : un bloc à cupule, calé par de petites pierres, dans la pièce Est ; un foyer délimité par des briques réfractaires et associé à un bloc dressé monolithe dans la pièce Ouest. Le mobilier comprend des fragments résiduels (céramique mycénienne importée, fragments de gypse et d’ivoire…) et un bel assemblage représentatif de la phase de transition entre le Chypriote Récent IIIA et IIIB (XIIe-XIe s. av. J.-C.).
3) Enfin, dans la partie Nord-Ouest du site, on a repris le sondage stratigraphique profond qui avait été interrompu par la découverte et la fouille (en 2017-2018) du puits impérial à roue élévatrice d’eau (désormais publié dans le BCH 144/2, 2020, p. 705-817). On rappelle que le but de ce sondage, complémentaire de celui qui avait été implanté plus à l’Est, dans la pente, est d’établir la stratigraphie d’occupation du site pour les périodes postérieures au XIe s. av. J.-C. (seules les couches documentant les périodes allant du début de l’occupation, à la fin du XIVe s., jusqu’au XIe s. av. J.-C. étant conservées dans le secteur Est, juste sous la surface). Implanté immédiatement au Sud du puits du IVe s. ap. J.-C. (qui a traversé toutes les couches d’occupation antérieures jusqu’à la nappe phréatique), le sondage a dégagé des niveaux très perturbés par des fosses et des débris de construction contemporains. Les couches d’occupation antique conservées ne sont pas postérieures à l’époque hellénistique, comme cela a été généralement constaté lors des fouilles anciennes sur le site (le puits d’époque impériale n’a été conservé que parce qu’il s’agit d’une construction en creux : on n’a pas retrouvé son sol d’utilisation, depuis longtemps arraché). Les vestiges de ces niveaux sont pauvres : lambeaux de sols, restes de murs, matériel roulé et abîmé. Immédiatement au-dessous, on atteint des niveaux classiques, uniquement documentés par du mobilier, sans construction associée. Dans l’angle Sud-Ouest du sondage, une fosse a été partiellement fouillée (elle se poursuit dans la berme). Elle contenait des tessons de céramique commune, quelques importations attiques, et une grande quantité (au vu du volume fouillé) d’ostraca phéniciens. Près d’une quarantaine d’inscriptions, à l’encre noire, ont été recueillies, sur une grande variété de supports : tessons de poterie (de types divers), plaquettes de gypse ou de calcaire, galet. La typologie des ostraca, la disposition et la nature des textes (avec des nombres et des tirets indiquant des listes) confirment le caractère administratif de cet ensemble qu’on peut rapprocher des archives mises au jour lors des fouilles du département des Antiquités au palais d’Idalion. Le lot est de datation homogène, à l’époque classique, sans qu’on puisse apporter davantage de précision pour le moment.
(CNRS/HiSoMA-MOM), a conduit une campagne de terrain sur le site de Bamboula. La fouille avait trois objectifs :1) Dans le secteur du bassin portuaire, on a pu achever l’exploration des installations militaires d’époque classique, jusqu’alors empêchée par la présence de courts de tennis. Le déménagement de ces derniers en un autre lieu de Larnaca, obtenu grâce aux efforts du département des Antiquités, et le soutien financier de la Fondation Honor Frost ont permis d’achever la fouille des hangars à trières d’époque classique (Fig. 1-2).
Une base de pilier (locus 934), très bien conservée, appartient à une ligne de supports de toiture qui prouve l’existence d’une septième rampe, qu’elle bordait à l’Est. Cette base, légèrement trapézoïdale, mesure 0,75 m de large à son extrémité Nord, 1 m de large à son extrémité Sud, sur une longueur de 3,06 m. Elle est constituée d’un bloc de calcaire monolithe, épais de 0,40 m, avec des excroissances du côté Est et qui repose sur un soubassement faisant saillie du côté Nord. Ce dernier est lui-même établi sur un radier de petits blocs, probablement destiné à drainer l’eau. Le mobilier recueilli date de la période classique (IVe s. av. J.-C.). Ce massif, très bien construit, montre qu’on devait se trouver dans une zone humide, nécessitant de solides fondations pour éviter que la base ne s’enfonce dans le substrat. C’est un indice que la ligne de rivage devait être proche. La solidité du support s’explique également si, comme on le suppose, la base constituait un angle interne du bâtiment (Fig. 1). De fait, la base 934 est située à la hauteur de la deuxième rangée de piliers séparant les loges. Les sondages antérieurs, qui ont porté sur l’emplacement présumé de la base de la première rangée de piliers, ont été infructueux. Il n’est donc pas certain qu’il y ait eu à cet endroit une ligne complète de sept supports successifs. Par symétrie avec la fermeture du bâtiment du côté Ouest, on en propose six, avec un mur de refend faisant retour vers le Nord.
L’existence d’une septième loge étant désormais établie, on a poursuivi l’exploration vers l’Est. À l’Est de la base 934, un mur d’orientation Est-Ouest, fait de beaux blocs réguliers de grès sableux (locus 947), forme un angle chaîné avec un muret d’orientation Nord-Sud (locus 941). Ce dernier pourrait être une base de pilier, appartenant à une hypothétique ligne bordant à l’Est une huitième loge. Cela paraît toutefois peu probable. Le muret 941 est, en effet, plus long que les bases dégagées. Son appareil est également bien différent : il s’agit d’un massif de blocaille liée au plâtre, dense et épais (la base n’a pas pu en être dégagée en raison de la présence de la nappe phréatique). Par ailleurs, aucune trace de rampe n’a été décelée dans l’espace compris entre la base 934 et le muret 941, qu’occupe le mur 947. Si l’interprétation proposée est la bonne, il faut donc restituer du côté Est un mur discontinu, fait de longs murets supportant des piliers. Il n’y aurait là rien de surprenant : le bâtiment avait besoin d’être bien aéré, et, du côté Est, contrairement au côté Ouest, le mur de fermeture ne servait pas également de mur de soutènement de terrasse.
La fouille des installations portuaires a été complétée par plusieurs sondages qui visaient à préciser l’emprise du bassin à l’époque classique. On rappelle que la fouille de 2016 avait permis de dégager sur une faible longueur la bordure Ouest (Chronique, n. 6169) tandis que les carottages géomorphologiques antérieurs avaient livré d’autres indices ponctuels. Tous les sondages ont été infructueux : les limites Nord du bassin sont à rechercher hors des limites actuelles du site archéologique.
Tous ces résultats sont intégrés à la publication de la fouille du port dans le volume : O. Callot, S. Fourrier, M. Yon (dir.), Kition-Bamboula VIII. Le port de guerre de Kition, Archéologie(s) 7, MOM Éditions, Lyon, 2022.
2) Dans la partie Nord de la Bamboula, on a achevé la fouille de l’habitat du premier âge du Fer, qu’on avait exploré entre 2016 et 2018 (Chronique, n. 6169, 6409, 6780). La campagne s’est concentrée sur la partie Nord de l’établissement daté du XIe s. av. J.-C., sans chercher à atteindre les niveaux antérieurs (Fig. 3). Effectué immédiatement au Nord des sondages précédents, le dégagement a mis au jour des murs très bien conservés, avec plusieurs phases de reprise (blocage d’ouverture, suppression et création de refends), correspondant à une succession de niveaux de sols faits de terre tassée sur un radier de gravillons. Plusieurs aménagements étaient restés en place : un bloc à cupule, calé par de petites pierres, dans la pièce Est ; un foyer délimité par des briques réfractaires et associé à un bloc dressé monolithe dans la pièce Ouest. Le mobilier comprend des fragments résiduels (céramique mycénienne importée, fragments de gypse et d’ivoire…) et un bel assemblage représentatif de la phase de transition entre le Chypriote Récent IIIA et IIIB (XIIe-XIe s. av. J.-C.).
3) Enfin, dans la partie Nord-Ouest du site, on a repris le sondage stratigraphique profond qui avait été interrompu par la découverte et la fouille (en 2017-2018) du puits impérial à roue élévatrice d’eau (désormais publié dans le BCH 144/2, 2020, p. 705-817). On rappelle que le but de ce sondage, complémentaire de celui qui avait été implanté plus à l’Est, dans la pente, est d’établir la stratigraphie d’occupation du site pour les périodes postérieures au XIe s. av. J.-C. (seules les couches documentant les périodes allant du début de l’occupation, à la fin du XIVe s., jusqu’au XIe s. av. J.-C. étant conservées dans le secteur Est, juste sous la surface). Implanté immédiatement au Sud du puits du IVe s. ap. J.-C. (qui a traversé toutes les couches d’occupation antérieures jusqu’à la nappe phréatique), le sondage a dégagé des niveaux très perturbés par des fosses et des débris de construction contemporains. Les couches d’occupation antique conservées ne sont pas postérieures à l’époque hellénistique, comme cela a été généralement constaté lors des fouilles anciennes sur le site (le puits d’époque impériale n’a été conservé que parce qu’il s’agit d’une construction en creux : on n’a pas retrouvé son sol d’utilisation, depuis longtemps arraché). Les vestiges de ces niveaux sont pauvres : lambeaux de sols, restes de murs, matériel roulé et abîmé. Immédiatement au-dessous, on atteint des niveaux classiques, uniquement documentés par du mobilier, sans construction associée. Dans l’angle Sud-Ouest du sondage, une fosse a été partiellement fouillée (elle se poursuit dans la berme). Elle contenait des tessons de céramique commune, quelques importations attiques, et une grande quantité (au vu du volume fouillé) d’ostraca phéniciens. Près d’une quarantaine d’inscriptions, à l’encre noire, ont été recueillies, sur une grande variété de supports : tessons de poterie (de types divers), plaquettes de gypse ou de calcaire, galet. La typologie des ostraca, la disposition et la nature des textes (avec des nombres et des tirets indiquant des listes) confirment le caractère administratif de cet ensemble qu’on peut rapprocher des archives mises au jour lors des fouilles du département des Antiquités au palais d’Idalion. Le lot est de datation homogène, à l’époque classique, sans qu’on puisse apporter davantage de précision pour le moment.
Auteur de la notice
Sabine FOURRIER
Références bibliographiques
Sabine Fourrier, Rapport de mission à Chypre en 2021.
Légende graphique :
localisation de la fouille/de l'opération
localisation du toponyme
polygone du toponyme Chronique
Fonctionnalités de la carte :
sélectionner un autre fond de plan
se rapprocher ou s'éloigner de la zone
afficher la carte en plein écran
Date de création
2022-02-21 10:11:52
Dernière modification
2022-02-21 15:12:01
Figure(s)
Fig. 1/ Plan simplifié des vestiges et restitution probable de l’emprise des hangars à trières (A. Rabot).
Fig. 2/ L’extrémité orientale des hangars dégagée en 2021. D’ouest en est : base de pilier 934, mur 947 et massif 941 (A. Rabot).