CHOIROMANDRES. - Programme de recherche sur les routes minoennes - 2006
Informations Générales
Numéro de la notice
173
Année de l'opération
2006
Chronologie
Mots-clés
Nature de l'opération
Institution(s)
Localisation
Toponyme
Zakros Akra
Zakros Akra
Notices et opérations liées
Description
Sous la direction de S. Chryssoulaki, la prospection systématique de la plaine de Choiromandrès a été mise en œuvre en 2005 et 2006, afin d’établir une typologie des murs et des structures construites, dont les mieux conservées ont fait l’objet de fouilles limitées. Parallèlement, on a poursuivi les recherches aux abords du poste fortifié et les opérations de restauration des vestiges et du matériel.
Travaux de terrain. — Dans la zone du poste fortifié, la fouille du mur mégalithique T1, long de 79 m, a été poursuivie et son relevé achevé (fig. 1). Le mur, de construction très soignée, ne se prolongeait pas jusqu’au poste fortifié mais opérait un retour au Nord, formé par une structure curviligne. Les deux tronçons orientaux du mur ont servi de soutènement et le dernier, au Sud-Ouest, oblique pour rejoindre la « tour ». La céramique permet de lui attribuer une date de construction au MM IIB/MM IIIB-MR IA. Le mur T2, à double parements et d’une longueur de 52 m, part en revanche du poste fortifié mais est de construction hétérogène, et a fait l’objet de remploi dans des périodes plus récentes (époque byzantine). La céramique MM-MR découverte dans une cavité naturelle à l’extrémité Nord du mur contribuera à la compréhension des relations entre ce mur et le bâtiment du poste dans sa phase initiale. Les ressauts du rocher naturel, fréquents sur la partie Nord du plateau, ont souvent été utilisés pour fonder ces murs, ainsi que ceux des bâtiments. Un escalier avait été creusé et construit, au moyen de dalles, sur la pente abrupte à l’Ouest du poste fortifié, couronnée par le mur T1. Il aurait pu constituer l’unique voie d’accès au plateau.
Des fouilles complémentaires ont été conduites sur la terrasse Nord-Est du poste fortifié, aménagée au MR IA au-dessus de niveaux MM IIB. Sur la terrasse Sud, on a mis en évidence la construction de murs (A et B) formant une cour précédant l’entrée du fort au MM IIB. Au MR IA, après une phase de destruction puis d’abandon, l’entrée Nord-Est vers l’espace 5 fut bouchée et, avec la construction du mur E, l’accès au fort fut limité à l’Est, la porte principale (la seule pourvue d’un seuil) étant transposée au Sud-Ouest. Au MR IIIA, un bâtiment de plan irrégulier (6,50 x 4 m), intégrant les murs curvilignes plus anciens A et B, fut construit au-dessus des ruines du MR IB-II sur la terrasse Sud-Est.
Une demande d’expropriation a été déposée afin de protéger le site de la construction d’un complexe hôtelier.
— Dans la partie Sud de la vallée, limitée à l’Ouest par le mur T2 et à l’Est par les « carrières Sud », un sondage a été réalisé le long du mur T21, dont la construction, à deux parements, est soignée. Il date du début de la période néopalatiale. Le mur T21 rejoint le tronçon sud du mur T2, de construction plus ancienne. Il semble délimiter la vallée, qu’il ferme vers le Sud avec le mur mégalithique T14. Ce dernier, qui a fait l’objet d’un nettoyage en 2006, coupe transversalement le vallon. Bien qu’aucun matériel n’y soit associé, il est probablement minoen et fut réutilisé à l’époque moderne.
Cinq autres murs ont été explorés dans la partie Nord de la vallée. Le mur T20, qui en marque la limite septentrionale selon un tracé irrégulier rejoignant la terrasse T8 au pied du poste fortifié, est le plus long (140 m env., largeur conservée de 0,60 à 1,30 m). Au cours de sondages dans le tronçon Sud du mur, la découverte de murets associés à des outils en pierre et à de la céramique témoigne d’un usage antérieur de ce secteur (du NF-MA I au MR IA) et suggère que ce mur bordait peut-être une route.
Afin de vérifier la correspondance entre l’image actuelle de la vallée et son aspect à l’époque minoenne, une partie du mur T22 a été fouillée, montrant qu’il s’agit d’une construction moderne, mais qu’il surmontait un épais mur minoen (T22a). Si ce dernier forme, comme il le paraît, une paroi continue avec le mur T8, la plaine aurait été fermée et inaccessible du côté Ouest.
— Lors de la prospection dans l’Ouest de la vallée, un petit site protopalatial a été repéré, avec une céramique MM IIB comparable à celle du poste fortifié. Un petit bâtiment, permettant de surveiller la route menant vers Pano Zakros y surmontait une terrasse construite. Deux puits modernes ont aussi été repérés à proximité du poste fortifié.
En 2005, l’architecte G. Plath a réalisé les relevés de murs susceptibles d’avoir été érigé comme viaducs ou murs de barrage, au lieu-dit Mavro Auvlaki à Zakros et à l’extrémité orientale de la vallée de Choiromandrès (T31). En 2006, le mur mégalithique T31, formant un demi-cercle situé à l’extrémité supérieure du ravin, a été partiellement dégagé à la pelle mécanique, car il était recouvert par les remblais de la route moderne. La céramique protopalatiale qu’on y a mise au jour indique que le premier programme d’aménagement de Choiromandrès intégrait l’extrémité orientale de la plaine.
Étude du matériel. — Le matériel de la moitié Nord du poste fortifié a été étudié en 2005. Il s’agit probablement d’espaces résidentiels, ce qui expliquerait la rareté du mobilier. Au Sud, la grande pièce dallée apparaît comme la salle centrale de l’habitat, comme le montrent les vases domestiques et la vaisselle à boire. La même séquence stratigraphique a été observée dans l’ensemble du bâtiment (fig. 2) : la première occupation du site remonte au MM IB-IIA. Les figurines mises au jour sur la terrasse occidentale du bâtiment doivent probablement être associées à un sanctuaire à cet endroit (une nouvelle tête de figurine féminine provient des sondages de 2006), avant que le site ne change de fonctions. Les premières constructions dateraient du MM IIB (gobelets coniques, tasses tripodes, hémisphériques, carénées ou droites (fig. 3). Ce premier bâtiment est détruit au MM IIIB, avant d’être rebâti au début du MR IA (tasses galbées, coupelles tronconiques). La dernière phase d’occupation date du MR IB, avant une destruction à la fin du MR IB, avec un matériel comparable à celui de Kato Zakros, du « Fort » de Karoumès et de Palaikastro et Mochlos. (fig. 4) Le matériel MR IIIA est peu abondant et provient principalement du Sud (petit bâtiment) et de la pièce VI, où un petit sanctuaire aurait été aménagé. Le site est définitivement abandonné à la fin du MR IIIA1 ou au début du MR IIIA2, comme plusieurs autres établissements ruraux.
L’analyse pétrographique de la céramique conduite en 2005 a permis d’identifier 12 pâtes différentes, variant en fonction des catégories de vases ou de la chronologie. Plusieurs ateliers céramiques fonctionnaient dans la région de Zakros dès la période protopalatiale. Les résultats préliminaires de l’étude malacologique montrent que les Murex trunculus prédominent parmi les coquillages, mais leur faible nombre ne suggère pas d’usage artisanal. Enfin, des analyses de résidus ont été réalisées en 2006 sur 18 tessons issus de vases de stockage, dont cinq portaient les traces de cire d’abeille, une matière qui enduisait peut-être les parois des vases, pour les étanchéifier, ou qui doit être associé à la production de miel.
Auteur de la notice
Maia POMADERE
Références bibliographiques
Rapport d'activités du programme de recherche sur les routes minoennes, fourni par S. Chryssoulaki.
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Date de création
2009-11-30 00:00:00
Dernière modification
2024-02-15 09:11:35