THÈBES - 1983
Âge du Bronze - Bronze Ancien - Bronze Moyen - Bronze Récent
Âge du Fer - Fer ancien/Submycénien
Les résultats des dix-huit fouilles d'urgence exécutées par le Service archéologique à Thèbes en 1982-1983 sont exposés dans l'ArchDelt 37 (1982) [1989], Chron., p. 77, 165-170 ; 38 (1983) [1989], Chron., p. 129-134.
1) La fouille la plus intéressante a mis au jour, sur les flancs Est de la Cadmée, dans le terrain D. Liangas (1 rue Oedipodos), sous des vestiges d'époque impériale et un remblai de 5-6 m d'épaisseur, deux bâtiments mycéniens (I et II) de deux pièces, orientés Est-Ouest, séparés par un couloir dallé. Les murs sont construits en pierres calcaires de petites et moyennes dimensions. Une importante couche d'incendie de la fin de l'HR IIIΒ2 a livré de la céramique mycénienne (coupes de forme anguleuse de l'HR IIIB, amphores, cratère) et divers objets (boutons de stéatite, pilons, double hache et poignard en bronze ...). Sous deux des pièces, un sol HM a livré de la céramique minyenne grise ; une tombe en fosse HM a également été découverte dans une pièce.
Au Nord, on a fouillé deux tombes et une couche de destruction, au-dessus de murs HM orientés Est-Ouest, et dégagé plusieurs pièces d'un troisième bâtiment (III) d'époque mycénienne (fig. 1) ; mesurant 11,80 m x 3,70 m, il est constitué de trois pièces (Z1 [2,80 x 3,70 m], Ζ2 [2,25 x 3,70 m], et H1 + H2 [3,70 x 4 m]), dont l'une a été ultérieurement divisée en deux. Une baignoire était incorporée dans le sol de la pièce Ζ1. La céramique y date de l'HR III B2. De nombreux vases (coupes, skyphoi [fig. 2], amphores à étrier, stamnoi ...) ont été retrouvés dans la pièce Ζ2, avec un grand nombre de boutons de stéatite, outils en os, fragments de plaquettes en ivoire, figurines, coquillages, obsidiennes et fragments de plomb fondu. Cette pièce a surtout livré un ensemble exceptionnel de soixante nodules, retrouvés le long des côtés Ouest et Sud, dans la couche de destruction : il s'agit de nodules à trois faces, portant une empreinte de sceau ou de bague. Les représentations constituent vingt-trois empreintes différentes ; 55 (ou 56 ?) nodules portent des idéogrammes d'animaux et des signes en linéaire Β ; sur ces inscriptions, cf. le commentaire épigraphique, paléographique et philologique, et les tentatives d'interprétation, dans l'article de Chr. Pitéros, J.-L. Melena et J.-P. Olivier, BCH 114 (1990), p. 103-184. Dans la pièce Ζ1 se trouvait le seuil en pierre constituant l'entrée du bâtiment. Dans la pièce H1 + H2, on a trouvé des pilons, des obsidiennes, des fragments de fresques ... Le bâtiment III devait être un atelier. La première phase de la construction remonte à l'HR IIIΒ1 ; détruit par un violent incendie, il a rapidement été reconstruit et utilisé jusqu'à la fin de l'HR IIIB, où il subit un second incendie. II est longé, au Sud, par un second couloir dallé.
De l'époque HM datent un mur et de la céramique minyenne, retrouvés sous la pièce Ζ1, une tombe à ciste, sous le second couloir dallé, dans un sondage qui a livré aussi des tessons HA II-III. À l'Est du bâtiment, partiellement détruit par une canalisation romaine, on a découvert un mur du Bas-Empire, orienté Nord-Sud, à l'Est duquel on a retrouvé les deux couches d'incendie mycéniennes, ainsi que des remblais HM.
Cette fouille très importante a donc permis de montrer que les bâtiments mycéniens du terrain Liangas constituent un ensemble organisé, datant de l'HR IIIΒ1 à l'HR IIIB2 — début de l'HR IIIC, et qu'ils furent utilisés comme ateliers avant d'être détruits à deux reprises par des incendies. On peut également affirmer que l'acropole de la Cadmée a été occupée dès le HM, jusqu'à son extrémité, et que sa destruction définitive a eu lieu à la fin de l'HR IIIB2 — début de l'HR IIIC, et non à la fin de l'HR IIIΒ1 (cf. résultats de la fouille suivante). Les Portes Homolôïdes doivent se trouver immédiatement au Nord-Est du terrain Liangas, au début de la rue Oedipodos*.
Au Nord de la rue Oedipodos, sur les flancs de la Cadmée, on a mis au jour le côté Est d'un rempart ou d'une tour, du Bas-Empire ou de l'époque franque (?).
2) La suite des bâtiments du terrain D. Liangas a été dégagée dans un terrain voisin, à l'Ouest de celui-ci (angle des rues Oedipodos et P. Oikonomou). Les deux phases de construction datent de l'HR IIIΒ ; mais le premier incendie daterait ici de la fin de l'HR IIIΒ1 ; immédiatement reconstruit, le bâtiment fut à nouveau détruit dans un incendie à la fin de l'HR IIIΒ2. Le site semble avoir été réoccupé à l'HR IIIC, puis abandonné et utilisé seulement pour des tombes submycéniennes, sans offrandes. Les vestiges HR IIIΒ dégagés pourraient être liés au palais.
Ils recouvraient cinq tombes en fosse et deux tombes à ciste HM, ainsi que des bâtiments HM ; l'un était composé de deux pièces aux murs intérieurs enduits d'argile. Sur le rocher, on a recueilli de la céramique HA II-III.
Signalons parmi les trouvailles un superbe sceau avec représentation de lions héraldiques, oiseaux, bucrane et palmiers, une plaque en ivoire en forme de tête de chat sauvage et un poignard en bronze à manche d'ivoire remarquablement conservé.
3) Sur la Cadmée, malgré les nombreux dégâts causés aux couches plus anciennes par les constructions byzantines et post-byzantines, on a également mis au jour :
— les vestiges d'une occupation préhistorique continue, depuis la phase de transition HA II-III (« Lefkandi I »), dont datent des habitations et des tranchées et trous de poteaux creusés dans le rocher. Une occupation HA III a livré de la céramique protominyenne et d'« Aghia Marina » caractéristique. Deux phases HM ont été reconnues. Trois tombes, une à ciste (avec quatre sépultures) et deux en fosse, datent du début de l'époque mycénienne ; un riche dépôt de céramique HR IIA a également été découvert, ainsi que des vestiges architecturaux (sol de terre cuite) HR IIIA2 et IIIB, et des fragments de fresque (procession de femmes). Enfin, on a dégagé des vestiges de la fin de l'époque byzantine, dont un tronçon du réseau hydraulique du XIIe s. (angle des rues Dirkis et Evrydikis) ;
— des vestiges pré-mycéniens de première importance (angle des rues Pélopidou et Oedipodos) : les fondations d'un bâtiment orthogonal, conservé sur 17 x 7,20 m, avec de nombreuses pièces, couloir latéral, cours dallées et puissante fortification à l'Est (fig. 3). Ce « Bâtiment fortifié » devait avoir un étage; il faisait vraisemblablement fonction de centre administratif, comme les bâtiments similaires du Péloponnèse et d'Égine. On y a retrouvé des éclats d'obsidienne, de petits outils en os et quelques objets en argile. Il fut abandonné pour une raison inconnue. Des fragments de phiales cycladiques en marbre ont été recueillis. Une occupation HA III y est également attestée (pièces à murs enduits d'argile, sols de terre cuite, livrant une céramique du style d'« Aghia Marina »). La couche de destruction est surmontée par des bâtiments à murs épais datant de l'ΗΜ ;
— des couches allant de l'ΗΑ II-III au mycénien et une épaisse couche d'incendie au contact du rocher, restes de la destruction de l'habitat HA, dans laquelle on a trouvé un vase à une anse vernissé, du type des « Trojan cups » (fig. 4). On y signale aussi la découverte de blé calciné (27 rue Pélopidou) ;
— les fondations de bâtiments byzantins, pour la plupart avec pièces souterraines, détruits dans un incendie (4 rue Zenghini) ;
— un vaste bâtiment, avec mosaïque polychrome à motifs végétaux et géométriques, et décor animal, d'époque protobyzantine, qui a perturbé les vestiges d'occupation mycénienne et mésohelladique. Signalons cependant un bothros rempli de cendres et d'ossements animaux datant de l'ΗΜ (30 rue Oedipodos).
La fouille effectuée 9 rue Polyneikous, à 30 m au Sud des Portes d'Electre, n'ayant pas atteint le rocher à 6 m de profondeur, on doit se trouver là au bas de la pente abrupte Sud-Est de la ville. On a d'autre part recueilli, à l'angle des parodoi Kadmos et Pafsaniou, de la céramique fine de type Minyen jaune, rare à Thèbes.
Signalons enfin, rue Oedipodos, le narthex d'une église mésobyzantine, avec dallage de poros, ainsi que de nombreuses tombes à couverture de tuiles à double pente, dont une tombe d'enfant qui a livré un follis de Nicéphore III Votaniate (1078-1081).
ArchDelt 37 (1982) [1989], Chron., Β'1, p. 77.
Parmi les fragments inscrits retrouvés à Thèbes, signalons un bloc de calcaire gris, orné d'un listel et d'un kymation aux parties supérieure et inférieure, portant l'inscription ἐπὶ Ἐπαφρίωνι ἥρωι, qui a été trouvé près de la Panaghia.
Une étude de l'église d'Aghios Dimitrios, construite en 1867, a d'autre part permis de repérer de nombreux blocs antiques et byzantins (stèles funéraires, chapiteaux, fragments d'architrave ...) remployés dans les murs extérieurs.
ArchDelt 37 (1982) [1989], Chron., Β'1, p. 72-73.
(*) On ne trouve pas trace, dans le rapport de l'ArchDelt, de la tombe de guerrier avec panoplie dont parlait la presse (cf. BCH 104 [1983], Chron., p. 781).
Légende graphique :
localisation de la fouille/de l'opération
localisation du toponyme
polygone du toponyme Chronique
Fonctionnalités de la carte :
sélectionner un autre fond de plan
se rapprocher ou s'éloigner de la zone
afficher la carte en plein écran