TSAKONA (près d'APHYSSOU) - 1989
Afissio
Le site, découvert lors de la prospection de l'École britannique en Laconie en 1984, est situé au sommet d'une colline, à 5 km à l'EΝΕ de Sparte, sur les derniers contreforts Ouest du Parnon. On y a mis au jour les vestiges mal conservés de deux bâtiments appartenant à un petit sanctuaire extra muros, probablement dédié à Zeus Messapeus, florissant au VIe et au Ve s. av. J.-C. et qui connut une nouvelle activité au IIIe et au IVe s. ap. J.-C.
Le bâtiment I, probablement celui du sanctuaire lui-même, mesurait 20 m d'Est en Ouest et 5 m du Nord au Sud. Ses murs, préservés sur 0,45 m de haut, étaient construits en blocs de schiste. Le toit était composé de tuiles laconiennes en terre cuite, et orné d'acrotères et d'antéfixes. Le sol intérieur a complètement disparu. L'entrée principale était située à l'Est. Une fosse de 0,50 m de profondeur était remplie d'un matériel qui date la fin de l'utilisation du bâtiment du IIIe ou du IVe s. av. J.-C.
À une dizaine de m à l'Ouest, on dégagea les restes d'un second bâtiment, constitué d'une pièce de 5 m d'Est en Ouest sur 3 m du Nord au Sud. Un tas de plaques de schiste — peut-être inutilisées dans la construction du bâtiment I — était recouvert d'une couche contenant un matériel très proche de celui du sanctuaire ; c'est sur cette couche que reposait le mur Est du bâtiment II, d'une construction peu soignée. Le toit était couvert de tuiles laconiennes (fig. 1). La destination de cet édifice reste inconnue.
L'ensemble du site était exceptionnellement riche en figurines de terre cuite modelées, en majorité masculines, généralement ithyphalliques, souvent grotesques. Parmi les quelques figurines féminines, deux sont enceintes, une en train d'accoucher, d'autres ont les organes génitaux proéminents. Il y a très peu de représentations d'animaux. La poterie (aryballes et coupes sans pied à vernis noir, quelques fragments de grands vases dans le bâtiment II) est relativement rare, de même que les offrandes de valeur (une pointe de lance et cinq pointes de flèches en bronze, deux fragments de bouclier) ; deux jets de coulée de bronze suggèrent l'existence d'un atelier sur le site ou à proximité. La trouvaille la plus remarquable est une intaille en cornaline représentant un archer (il s'agirait d'une gemme gréco-perse et de la version hellénisée de l'archer perse, du IVe s. av. J.-C. [fig. 2]). Deux inscriptions, de la fin du VIe ou du début du Ve s., ont été retrouvées : l'une, sur une haltère en pierre, est le début d'un nom en Κυνοσ[...], rétrograde ; l'autre, de cinq lignes mal conservées, pourrait être liée à la dédidace d'une statue. Les trouvailles de l'époque impériale (céramique, figurines et fragments de lampes moulées) étaient concentrées dans la fosse du bâtiment I.
Associée à un fragment de coupe laconienne de ca 575 av. J.-C., découvert en 1987 à 300 m du site, et portant une dédicace à Zeus Messapeus (publiée, avec d'autres exemples, dans le BSA 84 [1989], p. 187-200), la découverte d'une tuile timbrée où l'on lit Δαμόσιο[ν] Mεσσ ... (fig. 3) prend toute sa signification : le sanctuaire doit avoir été dédié à Zeus Messapeus.
Les débuts du culte peuvent dater du début du VIIe s. ; le bâtiment I a dû être utilisé au Ve et peut-être au IVe s. av. J.-C. Rien ne prouve une activité à l'époque hellénistique. La dernière occupation du site, postérieure à la fosse romaine, est la tombe d'une femme coupant le mur Sud du bâtiment I.
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