MESSÈNE - 1988
Messini (ancient), Messène antique
La campagne de 1988, dirigée par P. Thémélis, a porté sur sept monuments.
1) Fontaine Clepsydre. — Une fouille d'extension limitée a permis de conclure que la fontaine monumentale, dont les éléments architecturaux ont été incorporés aux constructions modernes, comportait un portique de 6 x 12 m environ, dont on a retrouvé une partie du stylobate et l'essentiel du dallage en poros. L'eau était amenée par un aqueduc construit (larg. 0,30 m, haut. 1,70 m env.) avec rigole taillée dans le rocher, que l'on peut suivre sur une longueur de 30 m et qui bifurque à 20 m de l'arrivée. Près du bassin, la fouille a recoupé un dépôt de sanctuaire (figurines féminines, astragales, tessons géométriques et hellénistiques) qu'une inscription — Ἀχελώιωι τιμεον — permet de mettre en rapport avec le culte d'Achélôos, divinité chthonienne de l'eau.
2) Théâtre. — La rue Nord/Sud qui longe l'analemma Ouest du koilon a été dégagée sur 9 m de long, avec son égout axial à couverture dallée (fig. 1). Elle est bordée à l'Ouest par une maison de la fin de l'époque hellénistique, dont l'une des pièces abritait un four à pain. Immédiatement au Sud de la parodos, la fouille a mis au jour une partie du bâtiment de scène et trois marches d'un grand escalier Nord/Sud qui permettait d'accéder à la parodos depuis une terrasse inférieure. Tout le secteur de la parodos a été perturbé par des constructions et une tombe tardo-romaines.
3) « Sébastéion » ou « Césaréion ». — À l'extrémité Est de ce complexe, formé par les deux grandes salles rectangulaires qui bordent la cour de l'Asklépiéion au Nord, on a mis au jour un escalier courbe de 0,90 m de large qui mène au diazoma supérieur de l'odéon. Deux fragments jointifs d'une inscription ont été trouvés dans l'angle Nord-Ouest de la salle Est du Sébastéion : il s'agit des dix dernières lignes d'un décret de l'époque de Tibère, qui mentionne l'organisation de concours gymniques à l'occasion de l'anniversaire de l'empereur et l'envoi d'une délégation à Rome pour le féliciter mais aussi pour protester περὶ τῶν κατεσχηκότων τὴν πόλιν ἀτόπων : et le supplier d'avoir pitié de la ville.
4) « Maison des prêtres ». — Dans le bâtiment à péristyle intérieur situé immédiatement au Sud de l'Asklépiéion, et dont l'identification demeure problématique, la fouille a confirmé l'existence de deux états architecturaux (fig. 3) : un état tardo-romain, représenté par le péristyle carré et les deux pièces adjacentes à l'Ouest ; un état hellénistique comprenant un hypocauste circulaire et une salle rectangulaire avec dallage en calcaire jointoyé au mortier hydraulique. Ces derniers vestiges appartiennent, semble-t-il, à un établissement thermal qui, comme celui de Gortys d'Arcadie, était en relation directe avec l'Asklépiéion. La fouille de ce secteur a produit trois inscriptions hellénistiques : 29 lignes d'un catalogue de dignitaires religieux (κιστιόκοσμοι καί προστάται) du sanctuaire d'Athéna Kyparissia (fig. 2), 17 lignes d'un décret d'Érétrie en l'honneur de juges messéniens qui s'étaient rendus dans cette ville pour arbitrer des différends (fig. 5) et une dédicace de l'agonothète Saithidas, membre d'une illustre famille de Messène.
5) Stade. — On a poursuivi la fouille de la partie Nord du monument, en forme de fer à cheval (long. 61 m, larg. 65 m, ouverture de l'hémicycle 35 m), constituée de 15 travées, dont 7 ont été complètement dégagées du côté Ouest (fig. 4). Celles-ci comportent 19 gradins, pour la plupart monolithiques (larg. 8,40 m), et sont séparées par des escaliers de 19 marches (larg. 0,45 m). L'hémicycle est entouré de portiques doriques sur les trois côtés : le portique Nord est double (larg. 10 m), les portiques Est et Ouest simples (larg. 7 m). Ces deux derniers se prolongent vers le Sud sur toute la longueur de la piste (181 m). Un sondage profond mené jusqu'au sol de la piste, en bas de la quatrième travée Ouest, a montré que le stade — construit, comme les autres édifices, vers la fin de l'époque hellénistique — fut abandonné à la fin du IVe ou au début du Ve siècle de notre ère. Les inscriptions en grandes lettres qui se trouvent sur la face supérieure des gradins furent sans doute gravées entre le moment où le stade fut abandonné et celui où il fut enfoui. Parmi les trouvailles, une dédicace romaine (Διὸς Κούθου) et un fragment de relief votif hellénistique (Artémis chasseresse) avec dédicace.
6) Hérôon. — Parmi les blocs de ce monument, qui se dressait sur un podium à l'extrémité Sud du stade, dans la nécropole extra muros, on a retrouvé de nombreux fragments appartenant, les uns à la statue colossale allongée découverte l'an dernier (v. BCH 112 [1988] Chron., p. 631 , fig. 30), d'autres à une imago clipeata dont il subsiste un torse cuirassé (fig. 7), d'autres à des monuments funéraires. On mentionne aussi une assez médiocre tête d'homme barbu en calcaire (fig. 6).
7) Sanctuaire d'Artémis Limnatis. — Les fondations du petit temple ionique à deux colonnes in antis découvert par Le Bas sur les flancs de l'Ithômé, au lieu-dit Spélouza, ont été nettoyées et relevées, de même que l'autel, un tronçon du péribole et diverses constructions annexes.
Ergon 1988 (1989), p. 27-46.
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