ISTHMIA - 1989
Âge du Fer - Fer ancien/Submycénien - Protogéométrique - Géométrique
Antiquité - Archaïque - Classique - Hellénistique - Romaine
Isthmia
E. R. Gebhard (University of Chicago) et son équipe ont concentré leurs recherches, essentiellement stratigraphiques, sur les abords immédiats du temple de Poséidon et sur le site de Rachi, au Sud du sanctuaire ; T. E. Gregory (University of California/Los Angeles) a pour sa part dirigé la première de trois missions d'étude du matériel et d'analyse des ossements humains qui doivent aboutir à la publication des Thermes romains, où il a également entamé des travaux de restauration.
1) Sanctuaire de Poséidon. — On a fouillé les terrasses sacrificielles à l'Est et au Sud de l'autel situé en face du temple. Six terrasses partiellement superposées étendaient vers l'Est la zone réservée aux cérémonies du culte, comme le banquet sacrificiel. Quatre datent des phases les plus anciennes, les deux plus récentes étant postérieures respectivement aux destructions des deux temples (470 et 390 av. J.-C.), sur les débris desquels elles sont établies. L'espace ainsi créé mesure 33 m d'Est en Ouest sur 35 m du Nord au Sud. Les couches de cendres et d'ossements carbonisés recouvrant les terrasses contenaient de nombreuses coupes, quelques bols et cruches, du Protogéométrique à l'époque archaïque. Ces vases ont dû être délibérément cassés après un usage rituel, et dispersés près du lieu du sacrifice. Ces couches ont également livré des figurines de cavalier à cheval en terre cuite. Malgré la présence de céramique HR IIIB, IIIC et submycénienne, aucune trace de culte préhistorique n'a été retrouvée.
Le plan du temple archaïque proposé par Broneer a été précisé grâce à la découverte des tranchées des murs et de sections de sol intactes à l'extrémité Ouest du bâtiment. L'existence d'un péristyle a été confirmée. Le premier sol, et donc la construction, remonteraient au milieu du VIIe s. ; le second sol date de la fin du VIe s. ; le dernier est de peu antérieur à la destruction de 470.
La phase suivante fut la construction du premier stade au 3e quart du VIe s. : d'épaisses couches de terre et de pierres servirent à niveler le terrain au Sud-Est du temple, en recouvrant la partie Sud-Est de l'aire sacrificielle archaïque.
On a d'autre part repéré le tracé probable de la route menant de l'Isthme au sanctuaire, et découvert des tronçons de cette route à l'angle Nord-Ouest du temple et, vers le Nord-Est, en direction du gymnase (?) et du théâtre. Cette route, la seule praticable, doit être très ancienne. Une nouvelle route Est-Ouest fut construite au IVe s. av. J.-C. pour rallier la partie Nord-Est du plateau ; elle tournait ensuite vers la vallée de Rachi au Sud et la vieille route de Kenchréai. Cinq états de route ont été repérés à l'angle Nord-Est du plateau, jusqu'à la destruction du sanctuaire en 146 av. J.-C.
On n'a retrouvé aucune borne qui aurait séparé l'espace sacré du téménos des routes si proches de sa face Nord. Au IIe s. ap. J.-C., des ouvertures avaient été pratiquées dans les portiques entourant le temple pour laisser son tracé normal à la voie Est-Ouest reliant l'Isthme et Kenchréai à Corinthe et la route d'Argos. Le culte du Poséidon de l'Isthme devait avoir une signification particulière pour le voyageur terrestre.
2) Rachi. — Les éléments architecturaux découverts permettent d'affirmer l'existence sur la crête de Rachi de plus d'un bâtiment du Ve s. av. J.-C., dont les fondations n'ont pas encore été localisées. Un lieu de culte, doté d'un atelier de figurines de terre cuite, a existé au sommet de la colline du VIe s. à l'époque hellénistique.
Deux nouveaux complexes artisanaux ont été fouillés. Chacun possédait sa pièce d'entreposage, taillée dans le roc et couverte de tuiles corinthiennes. Ils ont livré de nombreuses pièces architecturales, des amphores, des figurines, une abondante céramique culinaire et céramique fine de qualité : au-dessus de ces ateliers existait peut-être un second étage de pièces d'habitation. Détruits par le feu à la fin du IIIe s. av. J.-C., ils ont ensuite été nettoyés. Les bâtiments étaient orientés au Sud, en direction de la route de Kenchréai, par où passaient leurs éventuels clients. Le matériel devrait permettre d'élargir la typologie et d'assurer la chronologie de la céramique de la fin du IIIe s.
L'étude du matériel des divers secteurs a également progressé : citons entre autres celle des séries spéciales de vaisselle votive romaine utilisée dans le culte de Palaimon.
3) Thermes romains. — L'étude et l'enregistrement informatique du matériel céramique ont été poursuivis. On a commencé l'étude du décor du bâtiment (pilastres corinthiens engagés, chapiteaux ornés d'un dauphin, pavement de marbre et placage quadrichrome). Une étude préliminaire de la céramique slave a été menée à bien : la centaine de fragments retrouvés pourraient être associés aux pauvres vestiges mis au jour au-dessus de la couche de destruction des thermes.
Le programme de restauration a commencé par la mosaïque de la pièce VII, menacée par des fissures et des effondrements. On y a utilisé en particulier un cadre d'aluminium spécialement étudié. La mosaïque de la pièce VI a également été nettoyée et protégée.
L'étude ostéologique des deux cents sépultures de la nécropole Ouest (VIe-Ve s. av. J.-C.) et de la forteresse (à partir du Ve s. ap. J.-C.) fouillées depuis 1967, entamée par M. Giesen, permet déjà d'intéressantes remarques sur la localisation des tombes d'hommes, de femmes et d'enfants.
Sur les résultats des recherches géomorphologiques et archéologiques dans la zone du Palaimônion, cf. Αρχαιολογία 31 (juin 1989), p. 89.
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