ISTHMIA - 1990
Isthmia
E.R. Gebhard (University of Illinois, Chicago) et T.E. Gregory (Ohio State University) ont dirigé en 1990 respectivement les travaux d'études et de fouilles consacrés au sanctuaire de Poséidon et aux thermes romains.
1) Sanctuaire de Poséidon. — Le rapport de E.R. Gebhard rend compte des activités pluridisciplinaires de l'équipe :
le travail a porté sur l'inventaire des blocs du temple archaïque (F. Hemans et I. Müller), qui ont été en grande partie retaillés pour la construction du temple classique, et sur la reconstitution du plan du temple, périptère à 7 x 18 colonnes, avec arcs-boutants contre le mur de la cella, qui soutenaient les poutres du plafond de la colonnade extérieure, et colonnade centrale avec trous de poteau creusés dans le rocher.
Concernant l'aménagement du sanctuaire aux époques archaïque et classique, on peut tirer les conclusions suivantes :
— les vestiges d'un mur de téménos archaïque ont été découverts au Nord et à l'Est du temple : il bordait la route qui allait de Corinthe à l'Isthme en passant par le bord Nord-Ouest du plateau du sanctuaire, puis longeait à l'Est le Long Autel. Un propylon, identique au propylon Nord, a été ajouté dans la 2e moitié du vie s. av. J.-C. dans le tronçon Est du téménos, dans l'axe du temple archaïque ; il fut remplacé ca 300 av. J.-C. par la porte Est, elle-même reconstruite au Ier s. ap. J.-C. ;
— les nombreuses terres cuites architecturales décorées recueillies dans le secteur Nord-Est du plateau du sanctuaire et appartenant à des petits trésors autorisent à localiser ces bâtiments, dont on n'a retrouvé aucun vestige, dans cette zone. Elles attestent l'existence d'au moins trois trésors du VIe s., d'un trésor du Ve s. et de deux autres de la fin du IVe s. Tous ont probablement été détruits au IIe s. av. J.-C.
L'étude de la céramique hellénistique et romaine recueillie en 1989, menée par J. Hayes, montre que l'activité dans la partie centrale du sanctuaire a décliné au cours du 3e quart du IIIe s. On mentionne enfin les recherches de K. Arafat sur la céramique corinthienne archaïque, C. Morgan sur la céramique mycénienne et M. Mills sur les tuiles estampées.
H. Butzer Fellestein, chargée du catalogue des périrrhantéria, originellement dressés à l'Ouest et au Sud du temple archaïque, a distingué trois qualités d'argile, correspondant à trois grandes catégories chronologiques.
Les études botaniques, menées par J. Hansen, permettent de reconstituer les offrandes rituelles : on offrait à Mélikertès-Palaimôn des figues, pistaches, olives..., et même des dattes ; la couronne du vainqueur des Isthmia à l'époque romaine était en pin. D. Reese a d'autre part étudié les ossements, en particulier ceux des dépôts sacrificiels : la proportion d'os de gros bétail augmente par rapport à celle des os de moutons, chèvres et porcs à la fin du VIe et au début du Ve s. av. J.-C, période de prospérité pour le sanctuaire.
Signalons encore les études stratigraphiques de l'enceinte romaine du Palaimônion, celle des monnaies par L. Houghtalin et celle de la vaisselle métallique par I. Raubitschek.
2) Thermes romains. — Sur le terrain, les travaux ont été consacrés à la dépose provisoire, puis la restauration in situ de la mosaïque monochrome à décor géométrique et scènes marines (20,2 x 7,6 m), découverte en 1976 et en partie effondrée ; elle avait été endommagée en plusieurs endroits dans l'Antiquité, en particulier par des foyers. Cette opération a permis de recueillir de précieuses informations sur la technique de pose de la mosaïque : en particulier, on a reconnu sur le lit de mortier supérieur le dessin préparatoire à la pose des tesselles.
Sous l'extrémité Est de la mosaïque, on a dégagé le sol d'une pièce allongée, avec canalisation et bassins : elle faisait partie d'un bain grec, déjà connu, datant de la 1re moitié du IVe s. av. J.-C. et probablement installé sur les vestiges d'un bain du siècle précédent. À l'Ouest de cette pièce s'étendait une immense piscine (30 m de côté, i.e. 100 pieds, et 1,20 m de profondeur). Ce complexe devait constituer l'un des bâtiments les plus importants du sanctuaire tant à l'époque classique qu'à l'époque impériale.
On a également poursuivi les travaux de consolidation des murs des thermes romains, et réalisé le relevé architectural informatisé du bâtiment.
Selon T.E. Gregory et P.N. Kardulias, « Geophysical and Surface Surveys in the Byzantine Fortress at Isthmia, 1985-1986 », Hesperia 59 (1990), p. 467-511, l'occupation du site date de l'époque archaïque, et s'intensifie, en particulier dans le secteur central de la forteresse, entre le IVe et le VIIe s. ap. J.-C, ainsi qu'à l'époque byzantine tardive.
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