ATHÈNES. – Agora - 1992
Agora antique, Athenian Agora
Sous la direction de T. Leslie Shear Jr., les fouilles ont porté en 1992 sur deux secteurs : en bordure Sud de la rue Hastings, soit au Nord de l'agora le long de la rue Nord-Ouest, et en bordure Nord de la rue Hadrianou, soit à l'angle Nord-Ouest de la place.
Dans le premier secteur, les niveaux byzantins recelaient un ensemble de deux pièces bordées au Nord-Est et au Nord-Ouest par des rues à chaussée de gravier. Une grande pièce rectangulaire ouvrait au Sud-Ouest sur une cour par deux larges ouvertures à arcade. La cour avait conservé deux sols de galets superposés. La seconde pièce, qui renfermait trois pithoi, constituait la réserve au rez-de-chaussée d'un bâtiment dont l'étage occupé par les pièces de séjour était accessible par un escalier de bois partant de la cour. Après un premier abandon au début du XIIe s., le bâtiment fut à nouveau occupé puis abandonné à la fin du XIIIe s.
Au bord de la rue longeant le mur Nord-Est du bâtiment, un puits aux parois de terre cuite avec margelle de marbre du IIIe s. ap. J.-C. fut nettoyé et réutilisé à l'époque byzantine. Au fond du puits, sous une couche de comblement d'époque romaine — qui a livré entre autres un couteau en fer à manche en bois en forme de tête d'aigle —, on a recueilli une tête d'Hermès en marbre, du début de l'époque classique, en parfait état de conservation. Les remblais byzantins, épais de 6 m, contenaient pour leur part des douzaines de cruches intactes, de diverses formes, dont l'étude typologique permettra d'établir une séquence chronologique précise, grâce aux monnaies trouvées avec elles : il s'agit de folleis anonymes, datant de la période 976-1030 à 1042-1055. Les 4 m supérieurs contenaient des débris jetés intentionnellement pour combler le puits, provenant de la destruction de bâtiments voisins. Le puits fut abandonné au cours de la 1re moitié du XIIe s. Au Sud-Est, bordant la rue, un petit bâtiment du Byzantin Moyen comprenait deux pièces larges de 3,30 m. Sous le pavement de brique de la pièce occidentale, trois tombes à ciste suggèrent qu'il s'agissait d'une petite chapelle, dont cette pièce était le narthex. Deux des tombes abritaient de nombreux squelettes. La pièce orientale abritait elle aussi une tombe à ciste, et l'on signale les traces d'une tombe à ciste voûtée entre le narthex et la pièce Est. On a recueilli de très nombreux ossements humains, très fragmentaires. L'extrémité Est de la chapelle était formée d'une abside polygonale.
La fouille de l'église de St-Nicolas a révélé de nombreuses phases architecturales : construite au Byzantin Moyen sur des vestiges d'habitations du IXe-Xe s., l'église abritait une tombe à ciste qui fournit pour le premier état un terminus ante quem de la 1re moitié du XIIe s. Dans un troisième état, datant de la fin du XIIIe s. ou du début du XIVe s., les murs étaient exactement orientés à l'Est.
On a d'autre part poursuivi le dégagement du double canal de l'Éridanos : l'appareil du mur Nord du canal, en blocs de poros, était plus soigné encore que celui des deux autres murs. Le pavement, intact, se trouvait à 2,08 m de profondeur ; 0,44 m plus haut, un second sol de plaques de poros, installé probablement au dernier quart du Ve s. av. J.-C., a été partiellement dégagé.
Le canal Sud a conservé seulement quelques plaques de son pavement, situé 0,28 m plus haut que le second sol du canal Nord. Le mur Nord et le sol inférieur datent donc du premier état du canal, l'élargissement du canal, avec installation du mur médian et des sols supérieurs, datant de la fin du Ve s.
À l'extrémité Est du canal Sud, on a mis au jour une succession de fûts de colonnes en poros, réutilisés dans le mur Nord, que L. Ross avait déjà vus en 1832 sous les maisons à l'Ouest de l'église St-Philippe, et qui pourraient provenir de la Stoa Poikilè. L'équipe propose de détourner l'eau coulant encore actuellement dans l'Éridanos vers le réseau hydraulique de la ville, afin d'arroser le site archéologique de l'Agora, de diminuer les inondations qui s'y produisent périodiquement et de régler les problèmes de sécheresse sur le site du Céramique.
Une étude préliminaire réalisée par la Ire ΕΚΠΑ met en lumière l'urgence d'une restauration des statues des Géants.
Έθνος, 21/05/1992.
R. S. Stroud propose de reconnaître dans le large enclos archaïque de l'angle Sud-Ouest de l'Agora, d'ordinaire identifié avec l'Héliaia, les vestiges de l'Aiakeion (AJA 97 [1993], p. 309).
Signalons la parution de l'ouvrage de S. I. Rotroff et J. H. Oakley, Débris from a Public Dining Place in the Athenian Agora, Hesperia Suppl. XXV (1992), où les auteurs publient le matériel d'un dépôt de céramique découvert en 1972 (cf. BCH 97 [1973], Chron., p. 260) : datant d'entre 475 et 425, la vaisselle servait dans une salle de banquets des archontes.
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