MESSÈNE - 1992
Antiquité - Archaïque - Classique - Hellénistique - Romaine
Messini (ancient), Messène antique
Les fouilles de 1992, sous la direction de P. Thémélis, ont porté sur les cinq bâtiments suivants :
1) Gymnase. — On a dégagé une grande partie des stoas Nord et Ouest du vaste bâtiment en Π qui encadre la sphendonè du stade et longe vers le Sud les talus de la piste (fig. 1) : les colonnes doriques en calcaire étaient debout in situ et les fragments de l'entablement gisaient alentour. La stoa Ouest, large de 7 m, était constituée de colonnes monolithes ou composées de deux à trois tambours, hautes de 3,20 m ; dans la stoa Nord, double, large de 10,80 m, les colonnes de la rangée intérieure, d'une hauteur d'au moins 5 m, reposaient sur des bases cylindriques à vingt-quatre cannelures. Trois bases de statues ont été retrouvées in situ entre les colonnes de la stoa Ouest, dont l'une (fig. 2) portant la signature du sculpteur athénien du IIe s. av. J.-C. Δημήτριος Φίλωνος (fig. 3). Un fragment d'architrave portait une dédicace du IIe-Ier s. av. J.-C. Ἡ]ρακλεῖ καὶ τᾶι πόλει. Un propylon, ouvert dans le mur de fond, menait au téménos d'Héraklès et à son temple, dont quelques membres architecturaux colossaux ont déjà été découverts. Entre les colonnes, une longue base basse avait supporté trois stèles hermaïques, dont l'une, représentant Héraklès, a été découverte à proximité. Une inscription de l'époque d'Auguste trouvée autrefois par Orlandos (SEG XXIII 207) permet d'identifier la stoa occidentale comme l'Όλυμπιακή στοά, qui a servi de xyste. Cette même inscription promet la restauration du temple τοῦ Ἡρακλέους καὶ Ἑρμοῦ ἐν γυμνασίῳ : le temple d'Hermès se trouve probablement à l'intérieur du téménos d'Héraklès.
Provenant des remblais de la stoa Ouest, on signale trois autres stèles inscrites, datées précisément de 4, 9, et 11 ap. J.-C., qui portent les noms de gymnasiarques et des catalogues d'éphèbes, classés par tribus ; parmi les nombreux fragments d'au moins deux grands monuments, certains appartenaient à une base circulaire en marbre, portant des plaques sculptées — dont celle de la chasse au lion conservée au Louvre depuis 1828. À faible distance au Sud-Ouest de la stoa Ouest, on a dégagé une partie d'un péristyle rectangulaire de 40 m de long, identifié comme la palestre.
2) Sanctuaire de Démêter. — Immédiatement à l'Ouest du téménos d'Orthia, à l'intérieur du bâtiment carré (24 x 24 m), mal conservé, que l'on avait proposé d'identifier comme sanctuaire d'Athéna Kyparissia, on a découvert les fondations d'un édifice cultuel du IVe-IIIe s. av. J.-C. Sous le sol, on a recueilli une énorme quantité de plaquettes votives et de figurines en terre cuite, jetées avec des fragments de vases et des ossements animaux dans les cavités du rocher naturel. Les thèmes iconographiques sont très variés : banquets funéraires, cavaliers (fig. 4), personnages masculins et féminins assis ou debout, guerriers (fig. 5) ; la représentation la plus remarquable est le groupe, modelé, d'époque archaïque, de la fig. 6 : deux femmes encapuchonnées assises sur un trône commun, de part et d'autre d'une pleureuse. L'éventail chronologique couvre du VIIe au IIe s. av. J.-C. au moins, et fait de ce lieu de culte l'un des plus anciens de Messène. Le sanctuaire, dédié de toute évidence à une divinité chthonienne féminine, ou à un couple de divinités et ses parèdres, pourrait être celui de Déméter et Korè. Le groupe de la fig. 6 représente peut-être Déméter et Korè accompagnées de la divinité des sources Agnè.
Contre le côté Nord du sanctuaire, une longue base en Γ, sur laquelle se dressait une rangée de statues en bronze, avec une base carrée pour un groupe en marbre, pourrait avoir supporté le groupe de l'enlèvement des Leucippides par les Dioscures, dont parle Pausanias (IV 31, 9).
Ergon (1992) [1993], p. 27-41.
P. Thémélis publie dans les PraktArchEt (1989) [1992], p. 63-122, un rapport détaillé sur les résultats de la campagne de 1989, déjà résumés dans le BCH 114 (1990), Chron., p. 740-742. De l'abondante illustration, nous retiendrons les lettres de pose du stylobate de la fontaine de l'agora, du début de l'époque hellénistique et une tête d'Hermès en marbre du IVe s. ap. J.-C., de la même main qu'une statue d'empereur, trouvées toutes deux dans la salle dallée dégagée à 100 m à l'Est de l'Asklépieion.
F. A. Cooper et D. Fortenberry, AJA 97 (1993), p. 337, exposent brièvement les premiers résultats de l'étude de l'hérôon : il s'agissait probablement d'un bâtiment amphiprostyle tétrastyle, de 9 x 14 m, construit au IIIe ou IIe s. av. J.-C. sur un podium à degrés. C'est vraisemblablement en l'honneur du personnage auquel il était consacré que se déroulaient les jeux de Messène.
Concernant la stèle portant le texte d'une convention entre Lysimaque et les Messéniens (cf. BCH 115 [1991], Chron., p. 864), A. Matthaiou propose, Ηόρος 8-9 (1990-1991), p. 269-270, une datation dans les années immédiatement antérieures à 295-294 av. J.-C., au moment du siège de Messène par Démétrios Poliorcète. Il s'agit de la première preuve de l'implication de Lysimaque dans les événements du Péloponnèse. L'inscription est vraisemblablement de la même main que IG V 1, 1426.
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