PYLOS. – « Palais de Nestor » - 1992

La troisième campagne du « Minnesota Pylos Project », sous la direction de F. A. Cooper et M. C. Nelson (Université du Minnesota), a porté sur le nettoyage des pièces 89 et 90, fouillées par C. Blegen dans la partie occidentale du Palais, et du secteur 103, dégagé par M. Rawson à l'Est et au Sud du Magasin à Vin. On a redégagé les murs et les sols mis au jour dans les anciennes fouilles, afin d'en établir le relevé. Des photographies aériennes de chaque sondage ont été réalisées grâce à l'emploi d'un bipode. Le tamisage des remblais de C. Blegen a fourni de nombreux fragments de tablettes en linéaire Β et des centaines de petits fragments de peintures murales.
Le nettoyage des remblais du secteur 103 a permis de dégager des sols enduits dont Blegen n'avait pas noté l'existence, ainsi qu'une succession de murs et de sols datant d'entre l'époque pré- et l'époque postpalatiale, dont la chronologie relative pourrait être établie comme suit :
— un imposant mur mésohelladique, passant sous le vestibule du Magasin à Vin, voisinait avec un escalier en spirale, mi-maçonné mi-taillé dans le rocher;
— une paire de bases de colonnes et un sol enduit avec décor peint, formant un angle de 45° par rapport à l'axe du Palais, appartenaient à une vaste salle à piliers prépalatiale, large d'au moins 7 m;
— ce sol est coupé par six murs zigzaguant à angle droit, qui forment une sorte de mégaron, orienté selon un axe différent de la salle prépalatiale ; la tranchée de fondation du Magasin à Vin a détruit des murs flanquant le côté Nord-Ouest du bâtiment ;
— la Maison Sud-Ouest était orientée en oblique par rapport au « mégaron en zigzag »;
— un sol en mosaïque d'éclats d'enduit était accolé aux murs du « mégaron » et de la Maison Sud-Ouest; les peintures murales (avec décor géométrique et quelques motifs floraux) dont proviennent les fragments pourraient appartenir au portique prépalatial ;
— le Magasin à Vin est daté de l'HR IIIB;
— les murs du Bâtiment 103a-d et ceux dégagés immédiatement au Nord-Est du Magasin à Vin attestent une occupation postpalatiale du site : les fondations de ces murs sont établies sur une couche de terre de 0,10-0,20 m d'épaisseur, reposant sur le sommet des murs démolis de la phase antérieure. Plusieurs objets en fer suggèrent que ces structures datent au plus tôt de l'Âge du Fer.

C. Blegen n'avait prêté que peu d'attention au labyrinthe des murs prépalatiaux du secteur 103, et datait l'abandon de l'acropole de l'HR IIIB. Certains savants doutant désormais de cette affirmation, l'équipe a repris la fouille des pièces 89 et 90, où Blegen avait reconnu deux états et découvert des objets de fer, de la céramique géométrique et des murs bâtis en blocs de remploi. La pièce 89, réutilisant le mur du Palais pour son côté Sud-Ouest, constituait le premier état du bâtiment, une maison carrée de 5 m de côté, avec entrée à l'angle Nord ; la construction de la pièce 90 en doubla la surface. La maison fut par la suite remaniée, le mur de refend démoli, un dallage de pierre installé dans la pièce 90 et une porte ouverte dans l'angle Sud-Est. On a redégagé sous la pièce 89 des vestiges (sol enduit et mur d'ante) d'époque palatiale.
Les résultats des analyses géochimiques, utilisant une technique qui permet de définir les quantités et les pourcentages de 20 éléments différents, en particulier les métaux lourds, sont prometteurs : des échantillons de mortier de murs prélevés en 1991 ont révélé la présence d'importants pourcentages de carbonate de calcium, qui en accroissait la solidité. Les pourcentages des divers éléments varient entre les différents édifices et permettront peut-être d'établir une chronologie relative des phases de construction de l'époque mycénienne.

C. Shelmerdine et J. Bennet ont étudié deux trouvailles fortuites du Palais, conservées au musée de Chôra : le fragment de tablette de la fig. 1 et le nodule de la fig. 2, tous deux inscrits en linéaire B.

C. Griebel et M. C. Nelson concluent de l'étude du matériel et des vestiges post-mycéniens à une phase géométrique d'occupation du site, qui réutilisait en partie les vestiges de l'Âge du Bronze (AJA 97 [1993], p. 331).

On signale d'autre part, à 500 m du Palais de Nestor, la découverte fortuite d'une tombe protogéométrique.
Ελευθεροτυπία, 12/06/1992.