PATRAS - 1985
Patra, Patras, Patrai, Patrae
La VIe Éphorie des Antiquités préhistoriques et classiques a surveillé en 1985 les travaux menés sur 205 terrains ; trente d'entre eux étaient archéologiquement intéressants, et nous retiendrons des résultats publiés dans l'ArchDelt 40 (1985) [1990], Chron., p. 108-120 les découvertes suivantes :
Constructions hellénistiques et impériales
1) Monuments. — Les fondations d'imposants murs hellénistiques étaient conservées sous les pièces de service d'un bâtiment du Bas-Empire, où l'on signale la découverte d'un dépôt de céramique et figurines (Aphrodite demi-nue) (18 rue Haghiou Dimitriou).
2) Maisons. — Une maison hellénistique a été en partie fouillée à l'angle des rues Archiépiskopou Iérothéou et Thémistokléous ; le sol de l'une des pièces était constitué d'un petit cailloutis.
Dans les grandes pièces d'une riche maison impériale, disposées en escalier, on a dégagé, dans chacun des deux atriums, une mosaïque à motifs géométriques et une citerne plaquée de marbre, ainsi qu'un système complexe d'évacuation des eaux (fig. 1) (10-12 rue Agraphôn). D'une autre maison de la même époque, où se distinguaient trois phases, on a mis au jour l'atrium doté d'une citerne (101-103 rue Londou). Une riche maison romaine, dont les phases les plus récentes dataient du Bas-Empire, mêlait dans l'appareil de ses murs opus mixtum et opus testaceum ; sur l'atrium carré (fig. 2), dont la mosaïque à motifs géométriques avait été recouverte d'un dallage de marbre de couleurs variées, ouvraient trois pièces hypostyles ; l'une d'elles abritait deux baignoires semi-circulaires et une grande citerne ; dans trois autres pièces, des citernes servaient à stocker l'eau chauffée par des hypocaustes (65-67 rue Charalambi). D'une autre maison d'époque impériale (294 rue Korinthou), on n'a pu dégager que quelques murs en opus testaceum et en opus mixtum, et une pièce dallée de plaques de terre cuite.
3) Ateliers. — Un grand four céramique rectangulaire, d'époque impériale, mis au jour 26 rue Ypsilandou, comportait une citerne maçonnée et un réseau de canalisations en terre cuite. Sur la pente orientale de la colline du fort, des installations artisanales d'époque impériale (pressoir, citernes, four céramique en fer à cheval) avaient été partiellement détruites par seize tombes à tuiles et à ciste du Bas-Empire ; sur le même terrain passait un aqueduc maçonné orienté Est-Ouest.
Rues
Une rue en cailloutis d'époque impériale, orientée Nord-Sud, était en usage depuis l'époque hellénistique ; les mêmes phases successives se retrouvaient dans la technique de construction des maisons qui la bordaient, dans l'une desquelles on a des traces de l'existence d'un plancher en bois. On signale une intéressante citerne à abside. À l'époque paléochrétienne, le site a été réutilisé comme nécropole ; la rue fut dotée d'une nouvelle chaussée en cailloutis à l'époque byzantine (31 place Omonoia). Une autre rue d'époque impériale, avec égout central à couverture de tuiles, passait entre deux maisons, l'une avec atrium à citerne, l'autre avec une salle au sol en opus signinum au-dessus d'un hypocauste (angle des rues Phôtila et Nikita).
Une rue dallée d'époque impériale (dont d'autres tronçons avaient été précédemment mis au jour, cf. BCH 110 [1986], Chron., p. 695), en usage jusqu'au Bas-Empire, a été dégagée sur 18 m à l'angle des rues Kanari et Vlachou ; orientée Nord-Sud, large de 5 m, avec ornières de roues de chars, elle fut dotée dans une seconde phase d'un trottoir, puis remblayée d'abord avec un mortier reposant sur un lit de fragments de tuiles et de pierraille, ensuite par du gros gravier. Trois tombes à ciste y furent installées au Bas-Empire. Les édifices bordant le côté Est de la rue comprenaient des hypocaustes appartenant au nymphée déjà signalé BCH 113 (1989), Chron., p. 620 ; l'une des maisons du côté Ouest avait été détruite dans un incendie ; on y signale un petit bain privé. Les constructions romaines avaient recouvert des vestiges de la basse époque hellénistique.
Une importante rue romaine dallée, déjà connue (cf. BCH 109 [1985], Chron., p. 784), longeait le portique d'un édifice public à l'angle des rues Kalamogdarti et Kanakari (fig. 3) : large de 4,20 m, avec un trottoir conservé sur son côté Sud, sa chaussée est creusée d'ornières.
Une autre rue dallée a été mise au jour 38-40 et 42 rue Rouphou : d'orientation Nord-Sud, elle est dallée de plaques de pierre de différentes dimensions, pour la plupart en remploi, et drainée par un grand égout voûté. Le bâtiment à l'Ouest de la rue était doté d'une citerne au sol en opus spicatum.
On signale d'autre part la découverte, rue Papadiamanti, du prolongement des murs du pont romain à deux arches mis au jour en 1981 (cf. BCH 106 [1982], Chron., p. 556).
Installations portuaires
À l'angle des rues Bouboulinas et Othônos Amalias, un dallage composé de grands blocs de calcaire et de blocs architecturaux en poros butait contre un mur épais, d'orientation Est-Ouest, à double parement : il s'agit probablement d'un brise-lames.
Installations rurales
D'une ferme d'époque classique, mise au jour à Anô Sychaina, au lieu-dit Kouphomikéli-Mélitzani, on a dégagé une pièce avec un pressoir-fouloir et trois pithoi in situ, une autre pièce livrant, à côté d'un périrrhantérion en terre cuite, de nombreux pesons de métier à tisser, et un autre pressoir dans une troisième pièce. Le bâtiment fut détruit par un séisme, suivi d'un incendie.
Nécropoles
1) Nécropole Nord-Ouest. — Les vestiges d'un enclos funéraire (?) ont été fouillés sur la route Céphalonie-Thessalonique.
2) Nécropole Sud-Est. — On a poursuivi la fouille du monument partiellement dégagé en 1976 à l'angle des rues Aghias Paraskévis et Tritou Orivatikou (cf. BCH 109 [1985], Chron., p. 788), dont les murs extérieurs sont en opus testaceum et qui était pourvu d'une grande citerne. Au Sud des tombes et des monuments funéraires mis au jour rue Kalavrytôn, une rue funéraire large de 8,50 m longeait la façade d'un édifice monumental à degrés ; on signale également deux installations circulaires appartenant probablement à un atelier plus récent.
3) Autres tombes. — Des tombes à chambre mycéniennes ont été fouillées 136 rue Germanou : elles n'avaient conservé que la partie inférieure de la chambre et du muret de pierres sèches qui en fermait l'entrée ; les offrandes (céramique et petits objets en bronze) datent de l'HR IIIA2/B-IIIC. D'autres tombes découvertes dans des terrains voisins en 1981 permettent de conclure à l'existence d'une nécropole mycénienne dans ce secteur.
I.A. Papapostolou publie, ArchEph 129 (1990) [1992], p. 83-140, des bijoux en or trouvés dans des tombes fouillées en 1977-1978 (cf. BCH 109 [1985], Chron., p. 784-788) dans la nécropole Nord de Patras et dans une tombe familiale fouillée à Katô Achaïa (antique Dymè) dans les années 1920. Ces bijoux funéraires (diadèmes, colliers, bracelets, boucles d'oreille [fig. 4], bagues) faits de plaques martelées dans des moules ou sur d'autres bijoux, avec décor gravé ou au repoussé, datent pour la plupart de l'époque hellénistique ; les plus anciens remontent au IVe s. av. J.-C.
On trouve d'autre part, sous la plume de M. Pétropoulos, Μελετήματα 13 (1991), p. 249-258, une série de notes topographiques concernant le territoire de la cité. A. Moutzali fait, ibid., p. 259-264, une présentation de la ville à la haute époque byzantine. I.A. Papapostolou présente, ibid., p. 305-320, de nouvelles informations sur la topographie et l'urbanisme de la ville à l'époque impériale.
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