ARTA. – Antique Ambracie - 1987
Arta
Sous la direction de la XIIe ΕΠΚΑ, une trentaine de fouilles ont été réalisées en 1986 et 1987. De leurs résultats, exposés dans l'ArchDelt 41 (1986) [1990], Chron., p. 103-113 et 42 (1987) [1992], Β'1, p. 308-315, nous retiendrons, en dehors des fosses-dépotoirs pleines de céramique à glaçure et des fours céramiques datant de l'époque byzantine et post-byzantine mis au jour dans les couches supérieures de la plupart des terrains :
— l'achèvement de la fouille du terrain Charitou-Manara (cf. BCH 107 [1983], Chron., p. 772 ; 113 [1989], Chron., p. 626 ; 116 [1992], Chron., p. 878), où a été dégagé un tronçon de la voie sacrée, large de 11 m, bordé de cinq enclos funéraires monumentaux (fig. 1). La voie sacrée de la nécropole Ouest, dont on a mis au jour l'extrémité Nord, constituait également la route d'accès Sud à la ville (terrain Tachou-Miller). Une partie de la nécropole Sud, fouillée rue Komménou, abritait, à proximité d'un tronçon du rempart, onze pithoi funéraires du VIe s. av. J.-C., ainsi que 82 tombes à ciste — dont quelques-unes entourées d'un enclos en Π — et à tuiles ; datant du Ve s. av. J.-C. au IIe s. ap. J.-C., elles étaient dotées d'un riche mobilier ;
— plusieurs tronçons de rues hellénistiques, souvent bordés de maisons ;
— de nombreuses habitations privées hellénistiques (terrains Christogiorghou, Pappa, Lagou), souvent construites sur les vestiges de maisons classiques.
Signalons en particulier : la maison du terrain Baïkoussi (fig. 2), détruite fin IIIe - début IIe s. av. J.-C., dont les sept pièces entouraient une cour centrale (où fut trouvée la statue acéphale d'Aphrodite illustrée fig. 3) ; les deux maisons séparées par une ruelle du terrain Giorghoulas, comprenant une cuisine à foyer rectangulaire et une petite salle de bains dallée (fig. 4) ; une maison pavée d'une mosaïque en galets blancs et noirs, à décor géométrique (terrain Kondogiorghou). Quatre maisons, construites de part et d'autre du grand égout qui passe au milieu des insulae de la ville antique, datent de l'époque archaïque (terrain Lambraki) (fig. 5) ; elles présentent des traces de remaniements aux époques classique et hellénistique, contemporains de ceux de l'égout. La céramique géométrique recueillie sur le terrain atteste l'extension du comptoir corinthien jusque dans la partie Nord-Ouest d'Ambracie. Du matériel, nous illustrons fig. 6 une statuette féminine en bronze d'époque hellénistique ;
— deux bâtiments de grandes dimensions : l'un, à l'angle d'une rue et d'une place triangulaire, accolé au rempart, avec atrium à colonnade en Π, date de la fin du IVe - début du IIIe s. av. J.-C. ; l'épaisseur des fondations suggère l'existence d'un étage (terrain Founda et Méliou). L'autre, à Aghia Théodôra, était sans doute un édifice public : il comprenait, au Nord, un andrôn, pavé de galets, avec bancs le long des murs, d'où fut retiré un chapiteau ionique en poros du début de l'époque hellénistique ; à l'Ouest s'étendait une seconde pièce identique (fig. 7). Ces pièces s'ouvraient sur une longue cour, limitée à l'Est par un mur, à l'extérieur duquel ont été découverts un dallage et deux petits foyers flanquant une stèle ; dans les foyers, au contact du mur, on a trouvé de nombreux fragments de figurines et de vases miniatures, tous calcinés. Deux bases votives sont à mettre en relation avec une statue féminine hellénistique retrouvée dans des remblais byzantins : les deux bases, où sont conservées les inscriptions votives de la fin du IIIe - début du IIe s. av. J.-C., sont consacrées à Hestia, Zeus et Aphrodite par des stratèges d'Ambracie. Il pourrait s'agir du prytaneion, du début du IIIe s. av. J.-C. Un bâtiment classique a d'autre part été partiellement dégagé sur le terrain Silionga ;
— des niveaux byzantins qui avaient recouvert les phases d'occupation antérieures dans la plupart des terrains, nous retiendrons : des tombes, fours et dépotoirs de potier (terrain Christogiorghou) ; un bâtiment dont la façade était longée par une rue (terrain Tachou-Miller).
Les fouilles des quinze dernières années permettent de reconstituer la trame urbaine de l'Ambracie antique, divisée en insulae oblongues par un réseau de rues parallèles — orientées Nord-Sud, espacées de 30 m les unes des autres, coupées par des ruelles perpendiculaires dotées d'un égout collecteur — et de larges avenues dallées.
Les nouvelles vitrines de la Collection archéologique, installée dans le réfectoire du monastère de la Parigoritissa, abritent depuis 1986, outre le matériel des fouilles de sauvetage effectuées sur divers terrains de la ville, la stèle portant le règlement frontalier entre Ambracie et Charadra publiée dans le BCH 109 (1985), p. 499-544. Un habitant a d'autre part remis à la collection un disque de terre cuite de 13,5 cm de diamètre, orné de symboles religieux en relief, du IIe s. av. J.-C.
ArchDelt 41 (1986) [1990], Chron., p. 100-102 ; 42 (1987) [1992], Β'1, p. 321.
J. Andréou, L'Illyrie méridionale et l'Épire dans l'Anliquité II (1993), p. 91-101, dresse un bilan de nos connaissances actuelles sur la ville antique, à la lumière des fouilles.
Ch. Tzouvara-Souli signe d'autre part un ouvrage de synthèse concernant l'histoire et l'archéologie de la ville, intitulé Αμβρακία (1992).
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