RÉGION DE NIKOPOLIS - 1992

La campagne 1992 du «Boston University Nikopolis Project», menée en collaboration par l'Université de Boston (J. R. Wiseman), la XII^e ΕΠΚΑ (K. Zachos) et la 8^e EBA (Ph. Képhallonitou), a permis d'effectuer une prospection intensive portant sur 71 secteurs de huit zones différentes et de localiser 34 nouveaux sites :
— quatre dans la région de Kastro Rogon, aux alentours duquel étaient installés plusieurs fermes ou petits habitats aux époques médiévale et turque ;
— à Stronghyli, sur la crête au Nord de Koryphi, deux pressoirs et trois moulins à huile sont encore visibles ; on a également repéré un bâtiment à pièces voûtées (église ou thermes ?), un édifice à mosaïques au sommet et une nécropole plus à l'Est. La plupart des vestiges, appartenant probablement à une villa rustica ou à un petit habitat, datent de l'époque impériale. À l'Est du sommet, une tour, en appareil trapézoïdal et polygonal, pourrait dater de la fin du IV^e ou du III^e s. av. J.-C. ;
— autour de l'église d'Aghia Aikaterini, au Sud-Ouest de Stronghyli, de nombreux restes de pithoi de stockage et d'amphores semblent dater du Bas-Empire. Au Sud-Est du sommet, le matériel couvre le Bas-Empire et le début de l'époque byzantine ;
— à l'Est d'Archangélos, dans un secteur incluant la plaine de Gramméno, la plupart des vestiges sont d'époque romaine, avec quelques traces d'occupation hellénistique et turque. On signale sur les collines au Nord de la plaine les ruines de l'église d'Aghia Odighitria et le monastère de Kozyli ;
— à Kastrosykia, on a trouvé un abondant outillage lithique ;
— dans le secteur de Bizovouni et Romia, le matériel inclut des trouvailles de l'époque classique ou hellénistique, ainsi que des époques byzantine et turque ;
— au Sud de Stéphani, un petit établissement d'époque turque occupait l'un des trois sommets de l'Éli, autrefois îles du golfe d'Ambracie ;
— dans la vallée de l'Achéron, on a localisé un important site du Bronze Ancien ; on signale près d'Éphyra du matériel néolithique et de l'Âge du Bronze.

Une étude du matériel paléolithique a permis d'identifier quatorze sites de cette époque, dont deux du Paléolithique Récent ou du Mésolithique. Les dépôts stratifiés de Rhodaki et les trouvailles de surface d'Alonaki datent du Paléolithique Inférieur. Sur plusieurs des sites repérés en 1992, le matériel date du Paléolithique Moyen : les sites sont alors situés sur une ligne Est-Ouest menant des montagnes de l'intérieur, autour de la vallée de Thesprotiko, à la côte.

Une campagne de prospection géophysique, menée avec la collaboration d'un navire du Service hydrographique grec doté d'un sonar et d'un profileur Klein, ainsi que d'un détecteur bathymétrique, a par ailleurs cherché à déterminer la ligne de rivage sur la côte ionienne et la côte Nord du golfe d'Ambracie, sur 300 km entre Mytikas et Kastrosykia, et entre la péninsule d'Aghios Thomas et Salaora. On a ainsi détecté la présence de sources sous-marines près de Kastrosykia, de nombreux cours d'anciennes rivières et de failles encore actives dans le golfe d'Ambracie.
Sur le continent, l'équipe a mené une prospection électro-magnétique au Nord de Kastro Rogon et à l'Est d'Archangélos.
On a prélevé 21 carottes géologiques atteignant une profondeur de 8,45 m, dont une étude préliminaire permet de reconnaître des mouvements de progression et de régression marines et d'affirmer que des dépôts marins immédiatement au Nord de Nikopolis étaient séparés par des couches alluviales, ainsi qu'au Nord de Koryphi ; des niveaux marins sont enterrés sous la plaine inondable de l'Achéron.
On a d'autre part exploité les résultats des mesures de télédétection et les images satellitaires et enrichi le matériel de l'équipe d'un laboratoire informatisé de traitement d'image et d'un GIS (système d'information géographique), constitué d'une station Sun IPX et d'une tablette à digitaliser Altek. On a également réalisé avec un ballon captif des photographies aériennes des sites de Kastro Rogon, Kastro Rizovouni, Voulista Panaghia et de l'aqueduc d'Aghios Georghios. Le «Nikopolis Project» utilise pour ses recherches pluridisciplinaires la banque de données relationnelles Foxbase.