ÉRÉTRIE - 1992
Antiquité - Archaïque - Classique - Hellénistique - Romaine
Les fouilles menées en 1991 et 1992 ont porté sur trois secteurs de la ville antique.
1) Quartier Ouest. — K. Reber a mené une quatrième campagne au sein du quartier d'habitation qui longe le mur de fortification Ouest de la ville. Le nouvel ensemble découvert au Nord de l'Édifice II appartient à l'Édifice IV (fig. 1). La nature des activités artisanales mises en évidence dans ce bâtiment n'a pas pu être précisée ; elles nécessitaient en tout cas de nombreuses conduites d'adduction et d'évacuation d'eau. Tous les niveaux classiques et hellénistiques sont maintenant dégagés. Au VIIIe siècle, des fosses qui ont dû servir à l'extraction d'argile ont été remblayées ; on y a recueilli une abondante céramique géométrique de très belle qualité. Le secteur a ensuite été abandonné jusqu'à la fin du IVe siècle, époque à laquelle une maison quadrangulaire fut construite, alignée sur la rue qui mène de la Porte Ouest vers le Sud de la ville. Quelques décennies plus tard, on y a ajouté les ateliers mentionnés plus haut. Tout le quartier s'est appauvri à l'époque hellénistique et la dernière phase d'occupation témoigne d'aménagements rudimentaires à l'intérieur des murs.
Parmi les trouvailles, mentionnons une tête en verre biface de 2 cm de hauteur (fig. 2), ainsi que quelques fragments de stuc peint et de mosaïques. À l'intérieur de l'Édifice IV, un puits fouillé jusqu'à la nappe phréatique, à une profondeur de 10 m, a livré, outre une quantité de céramique — comprenant de nombreux tessons du VIIIe s. av. J.-C. — , des fragments de poupées en terre cuite et des scories de bronze, un abondant matériel en bois bien conservé, dont une colonne dorique miniature intacte. Quelques autres sondages en profondeur ont livré du matériel géométrique ; on signale en particulier une tombe de jeune fille portant un collier d'ambre, dont la céramique datait du VIIIe s. av. J.-C.
2) À l'Est et au Nord-Est du temple d'Apollon. — Dans ce secteur très perturbé, S. Huber a mis en évidence des niveaux correspondant à la construction du temple du VIe s. On attend de l'étude de la céramique des précisions sur la date exacte de construction du monument. Quelques fragments de murs d'époque géométrique ont été mis au jour, en particulier un tronçon de muret qui pourrait appartenir à un bâtiment ovale de même type que l'Atelier de bronzier voisin. Dans le même secteur, cinq fosses profondes, comblées de grosses pierres, ont livré de la céramique des VIIIe et VIIe s. ; leur fonction reste inexpliquée. Un puits de la fin de l'époque hellénistique a livré d'autre part une quantité impressionnante de céramique et de tuiles.
Dans la partie Sud, la fouille a révélé une succession de couches de sable et d'argile finement stratifiées sur une hauteur de 1,50 m, le long du mur Est du temple d'Apollon : il pourrait s'agir du lit d'un ancien cours d'eau. On note aussi à proximité l'existence de nombreux foyers, témoignant de la fréquentation intense de cette zone à l'époque géométrique.
La partie Nord du secteur n'a pu être explorée en profondeur, en raison de la découverte de nombreux vestiges de l'Antiquité tardive et de l'époque paléochrétienne, dont quatre tombes à tuiles et une tombe scellée par trois dalles de pierre, qui abritait un squelette d'enfant. Un sondage profond a permis de dégager un mur ovale datant de l'époque géométrique.
3) Flanc Est de l'acropole. — P. Friedemann et J. Bernal ont fouillé une construction située à 62 m d'altitude partiellement dégagée au début du siècle ; il s'agit d'un vaste complexe comprenant une citerne et un ensemble de structures annexes bien conservées. La citerne, de 8,50 x 7 m, en appareil isodome lié par un mortier à tuileau, soigneusement enduite de ciment hydraulique, recueillait probablement l'eau de pluie, puisque aucune source n'a été localisée sur l'acropole. Les constructions annexes, toutes postérieures à la citerne, étaient situées en contrebas : elles comprenaient un petit bassin (ca 3 x 1 m) au sol revêtu d'une mosaïque de tuileau, entièrement recouvert d'une chape de ciment hydraulique. Un tuyau en plomb, dans une première phase d'utilisation, puis une canalisation en terre cuite dans une seconde phase, amenaient l'eau préalablement décantée à l'intérieur du bassin vers une cuvette à peu près semi-circulaire, qui servait manifestement de bassin de puisage. Au Nord de ce complexe, une petite pièce dallée contenait une baignoire de terre cuite (fig. 3).
Sur les travaux de l'École suisse en 1991 (résumés supra), cf. également le rapport de P. Ducrey, AntKunst 35 (1992), p. 118-119 ; figurent ibid., p. 120-122 et 123-128, les rapports de S. Huber et K. Reber concernant leurs fouilles respectives.
R. W. V. Catling publie, Ανθρωπολογικά και Αρχαιολογικά Χρονικά 3 (1988-1989), p. 106-110, trois stèles funéraires : les deux premières, découvertes fortuitement à Érétrie en 1989, datent du ΙΙΙe s. av. J.-C. et sont celles d'Ἀριστώ et Σωκλέα ; la troisième, encastrée dans un mur de l'église des Taxiarques à Daphni (Béotie), date de la 2e moitié du ΙΙΙe s. av. J.-C. ; elle porte le nom d'Ἀνδρωφελίδας, dont c'est la première occurrence en Grèce.
Signalons également la parution de l'ouvrage de P. Ducrey, I. R. Metzger et K. Reber, Eretria Fouilles et recherches VIII. Le Quartier de la Maison aux mosaïques (1993), ainsi que de celui de K. Gex, Eretria Ausgrabungen und Forschungen IX. Rotfigurige und weissgrundige Keramik (1993).
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