THÉRA. - Kamari (Nécropole d'Oia antique) - 1988

La XXI^e ΕΠΚΑ a continué en 1988 la fouille de la nécropole archaïque à Kamari, site de l'antique Oia (cf. BCH 115 [1991], Chron., p. 930). Les travaux (terrains P. Anapliôti - Z. Maïna - E. Phôti) ont mis au jour une petite basilique à trois nefs et narthex (fig. 148), dont les fondations, larges de 0,60 m, sont conservées sur 0,40 m. Un muret, sans doute un banc, longe l'intérieur de la nef centrale. Les murs sont construits en gros blocs en calcaire. Le sol du narthex est pavé de pierres et décoré de rosaces constituées de pierres volcaniques noires et rouges. Une construction rectangulaire est accolée aux absides septentrionale et centrale ; sur son sol on a ramassé des os humains provenant de réensevelissements. Les quelques tessons n'aident pas à la datation exacte du bâtiment, qui doit être byzantin.

Sur le reste des terrains, on a mis au jour une vaste nécropole archaïque, dont les sépultures les plus anciennes datent du VIII^e s. av. J.-C. et la plupart du VI^e s. ; les tombes géométriques et archaïques sont des incinérations d'adultes (175) et des sépultures en jarres (203) pour les enfants ; on compte aussi 25 tombes à ciste du II^e et du III^e s. ap. J.-C. Les sépultures d'enfants, dans des amphores et plus rarement dans des pithoi, sont dispersées dans toute la nécropole ; signalons une amphore du VII^e s. décorée de bandes en relief et mesurant 2,10 de haut, qui contenait une lance en fer ; parmi les vases à incinération, on note aussi deux amphores peintes avec des motifs orientalisants, beaux exemples de la production d'un atelier local (fig. 149). Les incinérations géométriques sont peu profondes, entourées de murets et recouvertes de pierres, et renfermaient une urne, en général un lébès. Les incinérations archaïques sont des vases funéraires placés dans des fosses creusées dans le rocher naturel ; la sépulture, recouverte de terre, était souvent surmontée d'un sèma, portant parfois le nom du défunt inscrit, ou d'une krépis orthogonale en calcaire ou pierres volcaniques, sur une à trois assises. Dans la partie orientale de la fouille, les tombes sont presque toujours orientées Nord-Sud, suivant une rue antique en terre battue, large de 3 m, dégagée sur 33 m de long ; la rue desservait non seulement la nécropole, mais peut-être aussi l'habitat qui se trouve sur les pentes de Messa Vouno.

On a fouillé quatre tombes à krépis des deux côtés de la rue, véritables monuments funéraires avec des socles souvent couronnés d'une corniche (fig. 150) ; la corniche de la tombe Κ 66 porte un épigramme avec le nom de la défunte, Παρθενίκα. Devant la paroi orientale de la tombe 67, qui porte le nom de son propriétaire, Εστιαιος, on a trouvé en place un oikiskos en terre cuite (long. 0,46 m, larg. et haut. 0,40 m) sur une plaque de schiste : il représente un bâtiment rectangulaire bipartite à toiture curviligne ; au milieu du sol, un trou circulaire indique peut-être le foyer ; le toit au-dessus du foyer n'a pas été conservé ; une fenêtre est placée au milieu des deux longs côtés, et une autre au centre du mur de fond. ArchDelt 43 (1988) [1993], B'2, p. 504-510.

Depuis 1992, une équipe de l'université de Monash (Australie), dirigée par P. Bicknell, J. Monaghan et R. Cas, étudie les effets des tsunamis engendrés par l'éruption du volcan de Santorin au Bronze Récent sur les sites de la côte Nord de la Crète centrale et orientale, MedArch 5-6 (1992-1993), p. 183-184.

B. Forsén publie, OAth 20 (1994), p. 44-49, quatorze poids en marbre découverts au début du siècle à Théra, souvent interprétés à tort comme des ex-voto anatomiques. Le problème de la date de ce type de poids est discuté.