KOS. - Ville et ses abords - 1988
Kos
Les dix fouilles effectuées sur l'île en 1988 par la XXIIe ΕΠΚΑ dont les comptes rendus sont publiés dans l'ArchDelt 43 (1988) [1993], B'2, p. 632-644, peuvent être résumées comme suit :
Séraghia. — Dans le quartier Chalvazia, une fouille à l'Ouest de l'église de sainte-Paraskévi (terrain R. Sarikizi) a mis au jour les fondations de murs mal conservés allant de l'époque hellénistique à la période paléochrétienne. Au centre du terrain, une construction souterraine voûtée (2,90 x 1,70 m) servait de lieu de stockage; elle était construite en petites pierres, tandis que la voûte était faite en briques. Plus au Nord et à la hauteur de la voûte, on a dégagé la suite du sol en mosaïque de la maison paléochrétienne fouillée en 1987 (cf. BCH 118 [1994], Chron., p. 794). Une fosse-dépotoir circulaire hellénistique de 1,15 m de diamètre, qui avait perturbé un sol archaïque en cailloutis, a été fouillée dans le terrain Pasanikolaki. La suite de la fouille dans l'angle Nord-Ouest du terrain Mouzaki pour retrouver la tranchée du mur fouillé en 1987 et identifié par le fouilleur comme le rempart d'Alcibiade (cf. BCH 118 [1994], Chron., p. 794) a révélé, sous la couche remplie de céramique hellénistique, une chaussée archaïque orientée Est-Ouest avec collecteur central ; au Nord, elle était limitée par un mur construit en appareil pseudo-isodome et conservé sur 1,10 m de haut; au Sud et sous la chaussée, on a trouvé une couche de cendres volcaniques. La tranchée de la fortification d'Alcibiade se poursuivait plutôt au Sud qu'au Nord. Au Nord du stade et au Nord-Est du terrain précédent, on a fouillé un stylobate ainsi qu'une fontaine monumentale (terrain Pétala). Le stylobate, large de 0,75 m et fouillé sur 5 m de long, était conservé sur deux assises et avait probablement un rapport avec le stade. La fontaine monumentale (fig. 151) comporte une citerne rectangulaire en forme de ciste, conservée sur 2 à 2,67 m de haut ; ses parois étaient construites en blocs de sidéropetra taillés seulement sur le devant et les côtés, ce qui prouve que la fontaine n'était pas faite pour être visible à l'extérieur. Du côté Nord, à l'entrée du monument, on remarque deux phases de construction. Des blocs étroits dressés formaient sans doute un parapet pour le puisage de l'eau, suivis par trois assises de blocs en brèche ; à partir du milieu de la deuxième assise s'élève un pilier carré (0,70 m de large), qui servait apparemment à soutenir le toit de l'entrée. Sur certains blocs, on remarque la marque de maçon Φ. Sur les blocs de l'assise supérieure du mur Nord, entre le pilier et les parois latérales, des encoches servaient sans doute à la pose d'une balustrade. D'après le mode de construction et les trouvailles recueillies, la fontaine a été érigée au IVe s. av. J.-C. et a fonctionné jusqu'à l'époque impériale.
Centre de la ville. — Des fouilles d'urgence à l'angle des rues R. Phéraiou et A. Ypsilantou ont mis au jour, sur 2,70 m de long, un tronçon du rempart de la ville, large de 1,10 m et conservé sur deux assises. Dans le terrain Ch. Kourouni, qui se trouve près de l'angle du rempart avec la jetée Ouest du port, on a découvert un tronçon de rue Nord-Sud, dégagé sur 12,50 m de long, appartenant sans doute à la rue qui longe l'intérieur du rempart, avec seize chaussées successives datant de la fin de l'époque hellénistique. Un mur Nord-Sud, large de 1 m et construit en blocs de poros, a été dégagé au Sud de la rue. Celle-ci avait été perturbée au Nord par une vaste fosse-dépotoir qui contenait un grand nombre de tessons datant surtout du Ier s. av. J.-C. (anses d'amphores rhodiennes, cnidiennes ou locales avec ou sans timbres, plats en sigillée d'ateliers surtout pergaméniens, coupes cnidiennes ou locales, vases communs, réchauds, lampes, unguentaria, askoi de type guttus, cruches) et un grand nombre de petits objets (pesons, figurines de types divers dont Tychè avec couronne, fragments de flûtes en os et morceaux de pigments de couleurs). Signalons la présence de deux lampes à deux mèches provenant du même moule, avec représentation en relief d'une guirlande avec masques de ménades et silènes, rappelant un type pergaménien (« Herzblattlampen ») ; deux autres lampes décorées d'une tête ailée de face indiquent la même influence de Pergame sur la production locale. Citons aussi un tesson avec représentation de cithare à sept cordes. De telles fosses-dépotoirs ont déjà été localisées ailleurs, toujours en rapport avec l'abandon du rempart et le remblaiement de son tracé lors de la récupération des blocs à partir du Ier s. av. J.-C. Dans le terrain Tsocha, on a fouillé la suite de la rue hellénistique dégagée en 1987 (cf. BCH 118 [1994], Chron., p. 795) et, à l'Est de la rue, une partie de bâtiment romain appartenant probablement à la même insula que la maison découverte dans le terrain Kassiôti (ibid). Les murs des 14 pièces dégagées, construits en blocs de poros ou en petites pierres, tuiles et mortier, sont conservés sur 1 m de haut ; les parois d'une pièce étaient recouvertes de peintures murales à décor géométrique (fig. 152). Sous le sol de deux pièces, on a fouillé de petits fours (?). Il est probable que le bâtiment a été détruit par un violent incendie. On a recueilli une abondante céramique ainsi que des statuettes, comme celles de Dionysos et d'Aphrodite. Un autel, trouvé dans une pièce à côté de la base d'un périrrhantérion, porte une dédicace à Zeus Katavatos ou Kataivatos, dont le culte est attesté pour la première fois dans la ville de Kos ; un petit autel semblable, dédié à Zeus Katavatos, avait été trouvé à Kardamaina (cf. BCH 115 [1991], Chron., p. 933).
Secteur Est de la ville. — Dans le terrain Platanista au Nord-Est de la ville, on a fouillé, de 1984 à 1988, une riche maison dont la phase florissante date de la 1re moitié du VIe s. ap. J.-C. À l'Ouest, elle bordait une rue antique orientée Nord-Sud dégagée sur 18 m de long, large de 3,50 m et traversée par un collecteur central ; une monnaie de l'époque impériale, trouvée sur les parois de la conduite, prouve que la rue était en usage déjà au IIe s. ap. J.-C. La maison, mesurant 30,60 m de large sur ca 60-70 m de long, était couverte d'une couche de destruction qui contenait de nombreuses tuiles, des plaques en terre cuite et des éléments d'architecture. En 1984, la fouille de la pièce la plus orientale, probablement lieu de stockage, a livré 70 amphorisques à base pointue et quelques marmites. Des quinze pièces de cet ensemble architectural fouillées, neuf, organisées autour d'un espace central, conservent des sols en mosaïque et un sol en plaques de marbre. La mosaïque de l'espace central (11 x 5,60 m) est décorée d'entrelacs, animaux, motifs végétaux et géométriques, comme celles de la pièce à l'Ouest de l'espace et la cour du côté Est. Le grand espace rectangulaire (20,30 x 5,60 m) au Nord de l'espace central est dallé de plaques de marbre de couleurs et formes diverses. Au Sud de l'espace central, deux grandes aires rectangulaires parallèles, avec sol en mosaïque, pourraient être une cour à colonnade ; dans l'angle Sud-Ouest de l'espace central, une série de petites aires construites sans soin, près desquelles on a mis au jour de grands pithoi, font penser à des installations artisanales. L'existence d'un escalier, construit sans soin, prouve que le bâtiment devait avoir un étage. Signalons, enfin, la découverte de sols en mosaïque de phases antérieures, dont un sol sous la pièce contenant les amphorisques, qui date probablement du Ve s. ap. J.-C. : il représente une tête de Méduse dans un cercle. Toutes les mosaïques montrent un travail peu soigné, compensé par la vivacité et la variété des couleurs. La découverte de cette riche demeure atteste que la vie dans l'île a continué au moins pendant un siècle après le séisme de 554 ap. J.-C.
Au Sud-Est de la ville, on a mis au jour des pièces, sans doute d'une maison paléochrétienne, en mauvais état de conservation, ainsi que des vestiges de constructions de la fin de l'époque hellénistique et du début de l'époque romaine. Dans une citerne paléochrétienne, un petit pithos contenait deux monnaies en argent des Ptolémées, la première de Ptolémée VII Évergète, provenant de Kition de Chypre, et la deuxième de Cléopâtre III et de Ptolémée VIII Sôter, provenant d'Alexandrie (terrain Th. Hadjimichaïl).
Secteur Ouest de la ville. — La fouille d'un terrain au Nord-Ouest de la ville, dans une zone en dehors et à distance de la ville hellénistique, a mis au jour l'angle d'un bâtiment romain, à l'intérieur duquel un puits carré de 1,10 m de côté était rempli de tessons de céramique commune de la Basse-Antiquité. La trouvaille présente surtout un intérêt topographique puisqu'elle indique l'extension de la ville à l'époque romaine.
N. Stambolidis étudie, dans ArchEph 132 (1992) [1993], p. 129-162, la partie inférieure d'un torse cuirassé trouvé à l'Est du temple hellénistique et propose d'y voir une statue d'Eumène II.
Ch. Kantzia, Ελληνιστική κεραμική, p. 323-354, publie un atelier de fabrication d'amphores datant de la 1re moitié du IVe s., fouillé en 1990 au Sud-Est de l'autel de Dionysos (terrain Tsocha) (cf. BCH 118 [1994], Chron., p. 795). On y fabriquait trois types d'amphores différents correspondant aux trois sortes de vin de l'île. Le type I peut être considéré comme produit local, tandis que les deux autres appartiennent à une sorte de koiné, dont les prototypes ne peuvent être identifiés avec certitude.
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