ANTIQUE ÉLEFTHERNA - 1994
Âge du Bronze - Bronze Ancien - Bronze Récent
Antiquité - Archaïque - Classique - Hellénistique - Romaine
Les campagnes de 1992 à 1994, dont les résultats sont exposés dans Κρητική Εστία 5 (1994-96), p. 267-290, ont porté, comme les précédentes (v. BCH 118 [1994] Chron., p. 831-833), sur les secteurs I, II et ΙII, sous la conduite respective de P. Thémélis, Th. Kalpaxis et N. Stambolidis.
SECTEUR I (ORIENTAL)
Quartier de la Maison romaine. — En bordure de la rue dallée Nord-Sud qui forme la limite orientale de ce quartier, on a fouillé deux pièces de la maison, dont les murs sont conservés jusqu'au sol du premier étage. Le linteau de la porte de communication entre ces deux pièces portait l'inscription Νείκην τῶι Κυρείωι. Dans l'une d'elles, la couche de destruction recelait un trésor de cinquante-huit monnaies de bronze du IIIe s. ap. J.-C. Cette destruction pourrait correspondre à une période de persécutions des chrétiens sous Trajan Decius (249-251 ap. J.-C.) et l'inscription être interprétée comme un vœu des habitants contre les violences des persécuteurs.
La rue transversale qui borde la façade Nord de la maison a été dégagée sur une trentaine de mètres. Elle est munie d'un égout central, qui cessa de fonctionner vers la fin du ΙΙIe s. ap. J.-C. ; le matériel qu'on y a recueilli prouve que la rue et l'égout existaient au Ier s. av. J.-C. Au Ve-VIe s. ap. J.-C., de petites maisons faites de remplois furent construites sur la chaussée.
Thermes. — Immédiatement au Nord de cette rue, on a commencé d'explorer un complexe architectural construit sur une terrasse dont les murs de soutènement, dans leur état initial, remontent à l'époque hellénistique. Il comprend des pièces de service, un bassin semi-circulaire et une abside. Deux statues féminines du type de la petite et de la grande Herculanaise trouvées naguère, ainsi que le torse de statue masculine découvert en 1990 (ibid., p. 832) devaient faire partie du décor sculpté de cet établissement, que divers indices architecturaux font interpréter comme des thermes publics. Une partie du complexe fut réoccupée comme maison à l'époque paléochrétienne et abandonnée à la hâte par ses habitants au VIIe s. ap. J.-C.
Basilique paléochrétienne. — On a complètement dégagé les trois nefs et le narthex de la basilique, dont une inscription nous apprend qu'elle était dédiée à l'archange Michel et qu'elle fut fondée par l'évêque d'Éleutherne Euphratas, ce qui place sa construction entre 430 et 450 ap. J.-C. et en fait l'une des plus anciennes basiliques de Crète. On note le remploi en linteaux de trois pièces rares : des stèles hermaïques à deux visages du Ier s. av. J.-C., mutilées pour la circonstance.
Accolée au mur Sud du narthex et communiquant avec celui-ci, une salle oblongue (16,30 x 4,50 m) divisée en trois compartiments a été fouillée. Dans le compartiment Nord, dont on ignore la destination primitive, cinq tombes à ciste furent creusées au VIe-VIIe s., tandis que le compartiment Sud était réutilisé comme habitation. Au Sud de la basilique, sous l'atrium, des tombes à ciste des VIe-VIIe s. ont été découvertes, portant à quarante-deux le nombre des tombes de cette époque. Parmi les trouvailles on citera une bulle en plomb.
Sanctuaire hellénistique. — La poursuite de la fouille de l'atrium Sud de la basilique a permis de dégager entièrement le sanctuaire hellénistique, dont le premier état semble remonter au ΙIe-Ier s. av. J.-C. Dans son troisième état (après 67 av. J.-C.) c'était, semble-t-il, un temple rectangulaire (larg. 9,50 m ; long. cons. 17 m) avec façade et entrée au Nord. Parmi les trouvailles, on relève un nombre inhabituel de pesons, de fusaïoles et de billes en terre cuite, qui devaient avoir un usage à la fois pratique et votif. Certains indices suggèrent que. ce temple pourrait être consacré à Hermès et Aphrodite.
SECTEUR II (CENTRAL)
Pyrghi. — Au Nord du complexe architectural du Bas-Empire découvert les années précédentes, on a mis au jour des vestiges de constructions byzantines : plusieurs maisons d'aspect modeste et un bâtiment rectangulaire d'une seule pièce avec banquette le long de la paroi Est. Ces constructions se superposent à une épaisse couche d'abandon, qui recouvre elle-même un niveau de débris architecturaux datant apparemment de l'époque hellénistique et correspondant peut-être à la destruction de l'acropole par les Romains. Parmi les trouvailles, un chapiteau composite remployé, une petite tête féminine en calcaire d'époque classique et plusieurs inscriptions dont un décret de proxénie.
À l'intérieur du bâtiment du Bas-Empire, la fouille effectuée sous l'abside orientale a montré que les murs qu'on y avait découverts n'étaient pas archaïques, comme on l'avait cru, mais paléochrétiens, à l'exception de quelques uns, à l'extrême Ouest. Dans les couches sous-jacentes, on a recueilli de la céramique MR et MA, mais on n'a pu isoler aucun niveau géométrique ou archaïque, à cause des perturbations causées par les constructions romaines.
Nissi. — Étendant la fouille au Nord de la maison hellénistique, on a constaté que tout l'espace était occupé par les vestiges de maisons et de citernes de la basse époque hellénistique. Les maisons ont apparemment peu de pièces et une cour intérieure de dimensions très réduites ; l'une des cours abritait un four céramique. Mais la découverte la plus importante est une large rue dallée, qui doit remonter au IVe s. av. J.-C. et dont le tracé fait supposer l'existence d'un plan urbain, du moins au centre de l'habitat. Sur la colline située à l'Ouest, on a repéré une trentaine de tombes à ciste, toutes pillées, qui devaient appartenir à la nécropole hellénistique de Nissi.
La maison hellénistique fouillée de 1988 à 1990 dans le secteur II (v. BCH 118 [1994] Chron. p. 832) a fait l'objet d'une publication multilingue (grec, français, allemand) signée par Th. Kalpaxis, A. Furtwängler, A. Schnapp et leurs collaborateurs, sous le titre Ελεύθερνα, τομέας II. 2. Ένα ελληνιστικό σπίτι ("Σπίτι Α") στη θέση Νησί (1994).
Th. Kalpaxis présente, d'autre part, dans Κεραμικά εργαστήρια, p. 41-45, le four de potier découvert à l'intérieur de cette maison.
SECTEUR III (OCCIDENTAL)
Pénstéré. — Une prospection a été menée dans la carrière antique, où l'on a relevé les bancs d'extraction, les traces d'outils et les blocs laissés sur place. Les rares tessons recueillis datent du MR et de l'époque géométrique.
Xéniana. — La fouille a révélé des constructions du Géométrique Récent et du début de l'époque archaïque, coupées par la construction d'un grand mur en appareil isodome, probablement d'époque hellénistique, qui faisait peut-être partie du rempart.
Orthi Pétra. — Dans la nécropole géométrico-archaïque, de nouvelles tombes à crémation ont été fouillées. Au Nord de l'hérôon 4A, on a repéré les fondations de monuments funéraires avec leurs soubassements à degrés (fin VIIe-début du VIe s.), qui doivent recouvrir des crémations antérieures. Une énorme base monolithe pourvue d'une mortaise devait supporter un pilier funéraire du début de l'époque archaïque signalant une série de bûchers, qui ont été fouillés aux alentours. À l'Ouest du monument A1/K1, la fouille a mis au jour des urnes et des vases cinéraires.
Des informations complémentaires sur les fouilles de 1985 à 1990 dans le secteur III sont fournies par N. Stambolidis, dans Αριάδνη 6 (1993), p. 35-59. Outre la nécropole géométrico-archaïque (v. BCH 113 [1989] Chron., p. 692 ; 115 [1991] Chron., p. 944 ; 117 [1993] Chron., p. 895-896 ; 118 [1994] Chron., p. 833), ces fouilles ont mis au jour :
— à Orthi Pétra, dans le terrain Pangalos, un dépôt de sanctuaire dont le matériel s'échelonne entre la fin de l'archaïsme et l'époque hellénistique ; des vestiges de constructions hellénistico-romaines ; des tombes à ciste de la seconde moitié du IVe s. ap. J.-C. ;
— à Potamidia, près du torrent Chalopotas, des murs de soutènement dont les plus puissants doivent être en rapport avec la fortification de la ville ; l'un d'eux, fouillé près du lit du torrent, daterait de l'époque hellénistique ou romaine.
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