RHODES. - Ville - 1988

La 4^e EBA publie, ArchDelt 43 (1988) [1993], B'2, p. 646-660, outre la présentation de l'exposition portant sur « La peinture à Rhodes de l'époque paléochrétienne au XVIII^e s.», organisée dans l'église de la Panaghia tou Kastrou à l'occasion du Sommet Européen en décembre 1988, fait part des résultats de cinq fouilles de sauvetage menées dans la capitale de l'île, dont nous retenons :

— des tronçons du rempart byzantin (larg. 3,65 m) repérés sous deux salles du rez-de-chaussée de l'actuel Palais des Chevaliers : fondé sur le rocher naturel et construit en blocs de poros, le rempart, conservé par endroits sur neuf assises, était pourvu d'un fossé à l'Ouest ; à l'Est, on a dégagé trois murs presque parallèles à la muraille et une canalisation qui bordait sans doute une rue antique : la céramique recueillie entre la canalisation et le mur le plus oriental date des époques tardo-hellénistique et romaine ; des sondages dans d'autres salles ont fourni une cavité circulaire, qui servait probablement à caler le fond d'un pithos (la céramique est du type sgrafitto et date des XII^e-XIII^e s.), ainsi que trois pièces dont on a trouvé le pavement en plaques carrées de terre cuite de la pièce médiane (les tessons récoltés datent de l'époque hellénistique tardive) ; dans tous les sondages, on a trouvé des fragments de sculptures et d'éléments architecturaux retaillés et mutilés, dont on signale une base de périrrhantérion, des colonnettes et des seuils, un chapiteau à rainures et un fragment de l'écusson du grand maître Hélion de Villeneuve (1319-1346), réutilisés pour la pose des pavements au cours des travaux d'anastylose des Italiens en 1937-1940 ;

— des tronçons du rempart intérieur dit Collacio, repérés dans deux terrains (cf. aussi BCH 118 [1994], Chron., p. 806) : on a remarqué qu'il s'agit en fait d'une double muraille dont les murs courent parallèlement ; le mur Nord, construit en blocs de poros et en rares fragments de briques pris dans du mortier, date de l'époque méso-byzantine : on y a localisé trois tours et fouillé une quatrième dans le terrain Sambicha-Kaïmaktsi, à l'extérieur de l'angle Sud-Est de laquelle on a trouvé un chapiteau byzantin portant la représentation des cornes d'Amalthée (fig. 158) ; on mentionne en outre le pilastre Ouest d'une porte construite d'éléments architecturaux réutilisés dans le terrain Marinou : dans les remblais, on a dégagé une inscription fragmentaire (...] και ευνοίας α ων[- -] τελει εις το[... | ...]ταν συστρατευσαμένων κοινον [... | ...] και ευνοίας ανέχων δ [?] θεοις [... | ΑΓ-ΔΑ), ainsi que de la céramique du type sgrafitto des XII^e-XIII^e s., un récipient qui servait à la fabrication du sucre, des assiettes de la fin du XV^e ou du début du XVI^e s. et de la céramique majolique ;

— la probable utilisation artisanale des cavités taillées dans le rocher naturel et remblayées avec une abondante quantité de tessons d'amphores hellénistiques sous l'hôtellerie médiévale de sainte-Catherine (1309-1522) ; parmi les trouvailles, signalons la céramique sgrafitto, datant de la fin du XII^e ou du début du XIII^e s. et dix-huit monnaies corrodées, dont un tessarakontanoummion de l'empereur Héraclius (610-641), un de Romanos IV (1068-1071) et quelques deniers datant de l'occupation des Chevaliers; sur le même site a été érigée la Castellania, tribunal pénal des Chevaliers, dont on a repéré le tronçon d'un mur et un pavement de galets.

Par ailleurs, on trouve dans l'ArchDelt 43 (1988) [1993], B'2, p. 663-672, un rapport détaillé sur les travaux de consolidation et de restauration de divers monuments datant des époques médiévale, de la turcocratie et moderne, selon le contrat entre le ΤΑΠΑ et la Municipalité de Rhodes.

D'autre part, on signale la découverte par des fouilleurs clandestins d'une statue fragmentaire d'Aphrodite datant de l'époque hellénistique. Presse, 21/01.

Dans son nouvel ouvrage, H μεσαιωνική πόλη της Ρόδου και το παλάτι του Μεγάλου Μαγίστρου (1994), Ε. Kollias offre une nouvelle image de la ville médiévale de Rhodes, en tenant compte des nouvelles données archéologiques récoltées les cinq dernières années.