RHODES. - Ville - 1988
Rodos, Rhodes
Secteur Ouest de la ville. — Dans les couches supérieures de la rue Cheimaras (terrain Damianou) qui datent du Bas-Empire et de l'époque paléochrétienne, on a dégagé un pavement de pierres irrégulières de forme rectangulaire allongée. Dans les couches plus profondes, on a fouillé une partie du système d'adduction d'eau de la ville antique, ainsi qu'un grand ensemble d'espaces souterrains en très bon état de conservation, dont l'usage n'a pas encore été identifié, certains probablement en rapport avec les installations hydrauliques et d'autres servant de réserves. Ces constructions, qui datent de l'époque hellénistique, sont taillées dans le rocher naturel et communiquent entre elles par des escaliers et des portes voûtées ; parfois des murs construits en appareil isodome complètent les espaces taillés dans le rocher.
Du système hydraulique, on signale une grande citerne souterraine rectangulaire avec porte à l'Est et entrée voûtée d'une galerie près de son angle Nord-Ouest ; notons une deuxième citerne avec escalier de descente fouillée partiellement et un conduit dirigé vers le Nord avec escalier et entrée de galerie dans sa paroi orientale.
Les restes d'un sol en mosaïque d'époque romaine-paléochrétienne, ainsi qu'un mur épais Nord-Sud qui pourrait correspondre à la limite Ouest de la rue Ρ 27β, ont été trouvés dans la parodos de la rue Pindou.
Dans la rue Diagoridôn (terrain N. Mylôna), on a repris et achevé la fouille de l'installation métallurgique comprenant deux fosses de coulée, commencée en 1974. Dans un premier temps, on avait dégagé la fosse Nord, la plus vaste, tandis que G. Zimmer et Ch. Kanzia ont entrepris la fouille de celle du Sud et publient les résultats de cette fouille étonnante : a) l'atelier était installé dans un vaste sanctuaire hellénistique ; ses produits étaient très probablement destinés à ce dernier ; b) il s'agit du plus grand atelier de fonte de bronze jamais fouillé en Grèce. Les deux fosses de coulée appartenaient à une vaste installation qui continuait en dehors des limites du terrain, et fonctionnaient en parallèle ; celle du Nord était destinée à la coulée des plus grandes parties de la statue, celle du Sud servant pour les plus petites. Les dimensions des fosses indiquent qu'on a coulé dans cet atelier une statue colossale de plus de 10 m de haut ; c) la datation de l'atelier au 1er quart du IIIe s. av. J.-C. coïncide avec l'époque du sculpteur Charis de Lindos. Parmi la céramique recueillie, un ensemble de petits vases ouverts présente un intérêt particulier, car ils appartenaient sans doute aux ouvriers de la fonderie ; sur la base d'un canthare on lit le nom Ευβούλου, sans doute le bronzier Euboulos mentionné par Pline.
Les fosses de coulée, de forme ellipsoïdale, sont soigneusement taillées dans le rocher et équipées de deux escaliers, un de chaque côté, qui assurent l'accès au fond ; la plus grande fosse (fig. 153) est conservée sur 11,45 m de long, 3,25 m de large et 2,50 m de haut (sa hauteur originelle devait dépasser les 3,50 m) ; au milieu du fond est conservée la partie inférieure de la chape du moule, tandis que le sol alentour et les parois de la fosse sont recouverts de briques en terre cuite. La cire fondue s'évacuait dans une cavité circulaire devant l'escalier oriental, à travers un conduit souterrain ; une deuxième cavité pour la cire de la première fonte se trouvait devant l'escalier occidental. D'après les dimensions de la base du moule, on suppose que les parties des statues fondues mesuraient 2 x 1,70 sur 3 m de haut. La plus petite fosse était équipée de la même façon.
Secteur Est de la ville. — Dans un terrain de l'État situé entre les rues Kodrigtônos, Vénétokléôn et Bévine, on a dégagé des tronçons de la rue Ρ 33α. Au croisement des rues Haghiou Géorgiou et Hypsilantou, on a fouillé des restes de murs dont la phase la plus ancienne date de l'époque hellénistique ; on a aussi relevé le tracé d'un mur (Nord-Sud), limite orientale probable de la rue Ρ 34. Dans les rues Haghiou Géorgiou et A. Diakou, où l'on s'attendait à trouver des tronçons des rues Ρ 34 et Ρ 23-21, la recherche n'a rien donné, à part un mur irrégulier (Nord-Sud) et une canalisation de même orientation. Une vaste canalisation d'égout Est-Ouest qui doit appartenir à la rue Ρ 24α a été découverte dans la rue Dendrinou.
Travaux d'égouts. — L'ouverture d'une tranchée pour l'installation du collecteur central a mis au jour divers vestiges dont nous signalons, dans la rue Dimokratias, des murs en pierres sèches et blocs de poros, ainsi que des espaces rectangulaires (fosses-dépotoirs?) contenant de nombreux tessons et vases entiers; près de l'entrée de l'Université, des éléments architecturaux devaient appartenir à un bâtiment public monumental ou un sanctuaire ; dans le même secteur, on a découvert une statuette de Ganymède, ainsi que des fragments d'architecture portant des motifs floraux ; on a aussi localisé le tracé des rues antiques Ρ 14 et Ρ 15. Dans la rue Riga Pheraiou, on a retrouvé les limites, Est et Ouest, de la rue Ρ 38 (9,30 m de large) qui traversait la ville du Nord au Sud ; ces limites, constituées de murs taillés dans le rocher, faisaient peut-être partie de réserves souterraines. Dans la rue Mégalou Kônstantinou, on a découvert des vestiges de rues et du rempart de la ville : a) sur 77 m de long, la limite Ouest de la rue Ρ 30 constituée par un mur construit en blocs de poros, b) une construction en escalier qui pourrait s'identifier avec l'escalier formé sur la largeur de la rue Ρ 18 pour accéder à la terrasse supérieure de la ville, c) deux puisards rectangulaires en poros dans la largeur de la rue Ρ 30, d) des vestiges du rempart sur quatre assises de poros et, 20 m plus au Sud, ceux du proteichisma conservé sur une seule assise.
Rempart antique (Est). — Dans un vaste espace (terrain A.B.E.T.E. K. Kôstaridi) situé entre les rues Kanada et Vyrônos, on a découvert les vestiges d'une canalisation monumentale construite, suite de celle qu'on avait localisée en 1965-1967 dans un terrain voisin. Les vestiges du rempart hellénistique ont été localisés à 13-15 m à l'Est de la conduite ; dans ce même terrain, on a mis au jour les vestiges d'un atelier de potier. Un tronçon de la fondation du rempart a été découvert dans le terrain Pitsiou. Le rocher naturel en poros a été taillé soigneusement pour recevoir les premières assises de la fondation ; les blocs supérieurs, taillés dans le poros, sont posés en parpaings et en boutisses. La démolition d'une vieille maison a livré une statue masculine acéphale (fig. 154), ainsi que la partie inférieure d'une statue féminine en marbre (fig. 155).
D'autre part, on signale la trouvaille fortuite de 7 statuettes féminines (haut. 0.30-0,80 m) dans un terrain près de l'acropole de Rhodes ; elles représentent Athéna, Artémis et Hékate et datent de l'époque hellénistique. Θεσσαλονίκη, 9/04.
Nécropole (Quartier d'Haghia Triada-Parapigmatouchoi). — Une chambre funéraire avec cinq klinès taillées et enduites a été fouillée dans le terrain M. Théodosiou. Le côté de l'entrée a été détruit par un mur postérieur (2e moitié du IIe s. - début du Ier s. av. J.-C.) lié à l'usage de l'espace comme carrière et qui a endommagé en grande partie les tombes de l'enclos. Des klinès sont conservés la partie inférieure et le socle (fig. 156), décorés de frise avec des palmettes. Parmi les trouvailles recueillies dans les tombes, signalons une bague en or avec chaton ovale, des boucles d'oreille en or, des perles, des alabastres en albâtre et en argent, des lampes, des unguentaria et des monnaies, datant du IIIe au Ier s. av. J.-C. Huit tombes à ciste, deux tombes à chambre et cinq réceptacles le long de deux murs-périboles se coupant perpendiculairement ont été fouillés dans le terrain Papantôniou. Les offrandes se limitaient à des unguentaria fusiformes datant probablement du Ier s. av. J.-C. La fouille du terrain A. Kalogéri a mis au jour trois ensembles de tombes : l'ensemble B, au milieu du terrain, comporte deux tombes à chambre construites, dont la première contient quatre squelettes et la seconde dix- huit; d'après les rares offrandes, surtout les unguentaria fusiformes, les tombes datent du IIe s. av. J.-C. L'ensemble Δ, le mieux conservé, est un espace rectangulaire avec entrée au Sud et cinq tombes le long des trois autres côtés, formant un Π ; les tombes, taillées et construites en forme de triclinium, sont couvertes avec des plaques et enduites ; elles étaient pillées, mais, d'après les trouvailles du remblai, elles datent du IVe et Ve s. ap. J.-C. Dans les terrains G. Chartophylli et Vassileiou, on a découvert respectivement cinq tombes taillées sans offrandes et dix inhumations avec peu d'offrandes datant de la fin du IVe- début du IIIe s. av. J.-C. La fouille dans la rue Empônas (terrain M. Paga) a livré vingt tombes (16 à ciste taillées dans le rocher naturel, orientées pour la plupart Est-Ouest, 2 à chambre et 2 construites), pillées. Dans le même terrain, une fosse funéraire, taillée et construite, orientée Est-Ouest, large de 0,54 m et longue de 5,50 m, était prolongée par trois réceptacles taillés vers l'Ouest ; dans la partie Est et centrale de la fosse, on a trouvé quatre squelettes, tandis que la partie Ouest et les réceptacles avaient été utilisés pour le dépôt de vases cinéraires. On note encore deux chambres souterraines, ainsi que quatre tombes à ciste taillées. La fouille a livré plusieurs fragments de stèles funéraires, dont une stèle à fronton portant l'inscription Μιννίων Κυδάρχου | Τλωιος, et une autre où on lit Δαμώ Σιμυλίνου | Τλώια | Μιννίωνος δε γυνά. Dans le terrain de la 16e école primaire, on a fouillé quarante tombes à ciste taillées dans le rocher; certaines contenaient des amphorisques à fond pointu, tandis que la tombe 8 a donné quinze vases, datant tous de la 1re moitié du IIIe s. av. J.-C.
Région d'Analipsi. — Lors de travaux pour l'installation d'un conduit d'adduction d'eau dans la rue Agathonissiou, on a recueilli des éléments de monuments funéraires, dont certains sont inscrits : une base porte l'inscription Χαρμωκλέους | ΒΥΓΑΣ - - -, sur un autel cylindrique en marbre on lit Κάρπου Χρυσογόνου | Αργείου και | Εισιδώρας Κάρπου et sur un autre autel avec des bucrânes et guirlandes Αρπίμης Κώας.
Quartier de Rodini. — Dans le terrain Kountouri, la fouille a livré un ensemble funéraire monumental construit, long de 40 m (Nord-Sud) et large de 17 m (Est-Ouest). L'ensemble est entouré d'un péribole sur trois côtés, limité du côté Nord par le rocher. On y entrait par un escalier, ce qui indique que l'enclos était à moitié souterrain. Les tombes bordent les trois côtés d'une cour; contrairement à celles des côtés Sud et Est, qui s'élevaient probablement au-dessus du niveau du sol, les tombes du côté Ouest étaient souterraines. Le long de la façade des tombes, on a découvert de nombreux éléments architecturaux, comme des tambours de colonnes, des corniches, une grande partie d'entablement ionique et un petit fronton, ainsi qu'une stèle funéraire avec représentation de cavalier. À 1,60 m de l'enclos, un mur Nord-Sud construit de blocs taillés de tuf, large de 0,55 m est conservé sur 15,60 m de long. L'existence du stylobate d'une colonnade dorique qui s'étendait le long du côté Nord-Ouest de la cour est attesté par la découverte de la partie inférieure d'une colonne lisse in situ à l'extrémité d'un mur; deux chapiteaux doriques trouvés dans les limites de l'enclos appartiennent aussi à cette colonnade. Dans l'angle Sud-Ouest de la cour, une citerne carrée (1,65 x 1,65 m) postérieure avait détruit la suite de la colonnade vers le Nord. Taillés dans le rocher qui limite l'enclos du côté Nord, on a découvert six réceptacles ainsi qu'une grande tombe à chambre en forme de grotte ; un escalier mène à cette tombe, dont le toit est soutenu par des piliers construits qui divisent l'intérieur en trois compartiments. Parmi les trouvailles recueillies dans l'enclos, on signale des unguentaria fusiformes, des monnaies en argent, une bague en or et des feuilles de couronne en or, le corps et la tête de deux statues féminines, ainsi que plusieurs petits fragments d'autres statues. Les tombes des côtés Sud et Est, les plus anciennes, datent du IIe s. av. J.-C.
La fouille du terrain I. Kapountanaki, au voisinage du monument en tholos découvert dans le terrain Spanos, a mis au jour au moins trois citernes entourées de bancs, disposées en terrasses, ainsi que des murs de soutènement monumentaux. Les citernes sont en rapport avec d'autres constructions hydrauliques de la région. La longueur totale de l'ensemble de la construction voûtée avec ses annexes postérieures atteint 26,50 m, tandis que sa largeur moyenne est de 5 m. L'entrée dans la construction voûtée se faisait par l'ouverture en arcade de la façade Sud, où il y avait une marche (fig. 157). L'histoire du monument s'échelonne depuis l'époque hellénistique jusqu'à la période byzantine. Dans une première phase, on a dû utiliser l'espace comme carrière, ce qui lui donna sa disposition en terrasses. De la deuxième phase, probablement à la fin de l'époque hellénistique, date l'usage funéraire du secteur et la construction des analemmas monumentaux, des installations hydrauliques et du monument à tholos qui doit être funéraire. À l'époque byzantine, les façades Nord et Sud du monument ont été prolongées vers l'Est; on distingue l'appareillage de cette période avec les briques et les tuiles posées entre les blocs antiques réutilisés. Sur une brique de la façade Sud, on distingue un reste de peinture murale (épaule d'un personnage?). Une pièce à l'extrémité Est de l'ensemble et un foyer circulaire datent de l'époque ottomane.
Quartier Zéphyros. — Des éléments architecturaux et des boulets de poliorcétique en pierre ont été localisés par l'Éphorie des Antiquités sous-marines dans le fond sablonneux de la baie, où l'on situe le port antique Sud de la ville antique (cf. BCH 102 [1978], Chron., p. 750). Le port avait commencé à être comblé par les alluvions du torrent Rhodinios dès l'Antiquité. On a distingué des vestiges des installations portuaires sur terre et des fouilles dans divers terrains ont mis au jour des segments des fondations des cales et des dépôts. Presse, 27-30/07.
Ville médiévale. — Des travaux de restauration de la XXIIe ΕΠΚΑ au rempart des Chevaliers ont mis au jour, à l'Est de la porte d'Haghios Athanasios, un puits hellénistique taillé dans le rocher et fouillé jusqu'à 3,75 m de profondeur ; il contenait un grand nombre de vases et de lampes dont les plus anciens exemplaires datent du IIIe s. av. J.-C. ArchDelt 43 (1988) [1993], B'2, p. 629-630.
La seconde édition de W. Hoepfner et E.-L. Schwandner, Haus und Stadt im klassischen Griechenland (1994), à la lumière des fouilles et recherches récentes, révise le plan de la cité, p. 51-67, avec la collaboration de G. Konstantinopoulos ; une contribution de M. Filimonos est consacrée à l'enceinte.
V. Kontorini, ΦΗΓΟΣ, p. 579-588, réexamine un décret de proxénie d'une cité dorique en l'honneur d'un intendant rhodien. D'après l'étude de l'écriture, la gravure et le support de l'inscription, elle reconstitue le texte, identifie le nom du proxène et date la stèle avec précision de 213-201 av. J.-C.
V. Kontorini et L. Migeotte supra, p. 621-628, rééditent une dédicace de la fin du IIIe ou du début du IIe s. av. J.-C. révélant l'existence d'une commission publique chargée d'une collecte, peut-être suite au grand séisme de ca 227.
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