KOMMOS - 1995

Pour la cinquième année consécutive depuis la reprise des fouilles en 1991, J. W. Shaw et ses collaborateurs ont poursuivi l'exploration du site, limitant la fouille proprement dite pour donner une plus large place à l'étude et à la conservation des vestiges.

1) Fouille. — Un sondage ouvert dans la stoa Sud du bâtiment Τ (fig. 1) a révélé que son mur Sud reposait sur un mur antérieur plus épais, daté du MM IIB ; ce dernier appartient à un bâtiment protopalatial (AA), dont d'autres murs avaient déjà été repérés ailleurs, et qui était fondé sur une énorme plate-forme constituée par un remplissage d'argile, de moellons et de pierres retenu par de hauts murs. Les sols de ce bâtiment se trouvaient à un niveau assez élevé, de sorte que la plupart d'entre eux furent arasés lors de la construction du bâtiment T. Dans une cage d'escalier, on a découvert des vases de la fin du MM IIB et des tessons MM III, ainsi que des fragments de tables en plâtre, dont il est difficile de dire s'ils datent de la dernière phase d'utilisation du bâtiment AA ou de la première phase du bâtiment T. Quand ce dernier fut hors d'usage, au MR IA, un grand four de potier fut construit dans la stoa Sud. À l'intérieur de ce four on a retrouvé de la céramique et, à côté, un dépotoir contenant des rebuts de cuisson, découverte d'autant plus intéressante qu'on avait rarement pu, jusqu'alors, mettre une céramique en relation avec un four précis. Aussi ce four fera-t-il l'objet d'une étude particulière, portant à la fois sur la structure elle-même (J. W. Shaw) et sur sa production céramique (A. Van de Moortel), dont on s'efforcera de préciser les caractères pétrographiques et chimiques ainsi que la température de cuisson (P. Day, V. Kilikoglou).
Un nettoyage sous le sol primitif du bâtiment P, à l'extrémité Est de la galerie 2, a confirmé que, dans cette zone, plusieurs murs correspondant à des périodes différentes sont presque au même niveau ; cela s'explique par le fait que certains sols ont été perturbés, voire entièrement détruits, par des sols postérieurs.

2) Étude. — Le manuscrit du volume IV de la publication, consacré au sanctuaire d'époque historique, est presque prêt. Le volume V, sur les constructions civiles minoennes, est en préparation, et l'étude de la Maison X commencée. J. Rutter a isolé des groupes de céramique MM et MR, et examiné la céramique non-crétoise (Anatolie, Chypre, Egypte et Syrie-Palestine). A. Johnston a commencé l'étude de la céramique protogéométrique du bâtiment Ζ et examiné les importations attiques, corinthiennes, ioniennes et phéniciennes trouvées dans le sanctuaire d'époque historique. On envisage d'interrompre les fouilles jusqu'à la publication des études en cours, probablement en 1999.
Les travaux de la campagne ont été complétés par des consolidations de murs, surtout dans la zone Sud, où les problèmes dus à l'érosion sont particulièrement aigus.

Signalons le rapport de J. W. Shaw sur la campagne de 1991, dont les résultats ont déjà été résumés dans BCH 116 (1992) Chron., p. 940-942 (Actes du 7^e Congrès Crétologique, p. 875-880) et surtout la publication, par J. W. et M. C. Shaw, du volume Kommos I. The Kommos Région and Houses of the Minoan Town. Part 2 : The Minoan Hilltop and Hillside Houses (1996).