SAMOTHRACE. – Sanctuaire des Grands Dieux - 1995
Antiquité - Archaïque - Classique - Hellénistique - Romaine
Fouilles de l'École américaine. — En 1995, l'équipe de l'Université de New York dirigée par J. R. McCredie a poursuivi ses recherches dans le sanctuaire des Grands Dieux, explorant les fondations et les abords immédiats de la salle des Danseuses — ce que l'on appelait jusqu'alors le « téménos » — et pratiquant une série de sondages sur le versant occidental de la colline Est, à l'Est du sanctuaire.
1) Salle des Danseuses. — Une étude plus poussée des fondations Sud et Est a montré que les anomalies observées étaient moins liées à l'existence de constructions antérieures qu'à la technique architecturale mise en œuvre : des assises de blocs de grès, de conglomérat et de calcaire remployés, reposant sur un soubassement de gros moellons polygonaux. Ce soubassement, établi directement sur le rocher, formait, au Nord, un puissant mur de terrasse destiné à retenir le remblai qui comblait les anfractuosités du rocher. L'extrémité Nord était renforcée, et sans doute couronnée, par des blocs taillés (grès poreux à l'extérieur, remplois divers à l'intérieur), de même que le soubassement Ouest. L'assise inférieure de ce dernier est du même grès poreux brun que l'édifice antérieur d'où proviennent les blocs ; ceux-ci ont été retaillés pour recevoir l'assise supérieure — qui supportait l'euthyntéria — , assise dont il ne subsiste que quelques blocs, assemblés par des crampons, dans l'angle Sud-Ouest. La fondation Est est, pour l'essentiel, construite de la même façon. À l'angle Sud-Est, où le rocher s'élève, nul soubassement n'était nécessaire, et l'on a dû, au contraire, entamer le rocher pour asseoir la fondation ; à cet endroit, la variété des matériaux et la fréquence des remplois sont encore plus grandes.
Le plan de l'édifice, constitué de deux longues salles précédées par une aile saillante du porche, est désormais clair. La salle Ouest, plus basse que la salle Est, abritait une eschara et plusieurs bothroi hérités d'installations cultuelles plus anciennes, tandis que, dans la partie conservée de la salle Est, on n'a relevé aucune trace d'activité antérieure. Le blocage de pierres et de terre qui sert de fondation au porche contenait de la céramique des VIe-Ve s. av. J.-C. et des débris sacrificiels, qui sont aussi l'indice d'une activité cultuelle antérieure, mais rien ne permet de préciser si celle-ci se déroulait à l'emplacement du porche ou ailleurs.
Au Sud de l'édifice, on a déblayé des tronçons effondrés du mur de soutènement et fouillé le remplissage de terre accumulé derrière eux, ce qui a permis de retrouver d'autres éléments de la superstructure en marbre du bâtiment (acrotère floral, antéfixes, fragments de la frise sculptée). Une monnaie de l'empereur Gallien date la destruction du IIIe s. ap. J.-C. Un alignement de grandes pierres derrière le mur de soutènement romain semble appartenir à son prédécesseur classique ou hellénistique, mais aucune couche en place ne peut lui être associée.
2) Versant occidental de la colline Est. — Les résultats préliminaires des six sondages ouverts à l'Est du sanctuaire sont les suivants :
Le mur de terrasse Sud du sanctuaire se poursuit sur plus de 13 m à l'Est de celui-ci, ce qui implique l'existence d'une vaste esplanade de ce côté, mais on ne sait si elle était occupée par une construction. Cet espace fut comblé à l'aide de fragments de marbre dont on ignore la provenance exacte, et un mur de moellons fut construit, qui appartient peut-être à une construction relativement éphémère.
Une terrasse d'environ 4 m de haut fut construite au début de l'époque impériale, recouvrant la partie orientale de la terrasse Sud du sanctuaire ainsi que l'esplanade Nord. À l'Ouest, elle était probablement délimitée par un mur de soutènement passant à 5 m à l'Est du sanctuaire, et qui n'est plus attesté que par les traces que sa construction a laissées dans le mur de soutènement Sud.
La présence d'une fondation établie sur le rocher, à environ 10 m au Nord de l'angle Sud-Est du sanctuaire, témoigne de la présence d'un grand bâtiment, dont il est cependant difficile de dire s'il date de l'époque romaine, comme le suggèrent les débris qui l'entourent, ou s'il est plus ancien.
Signalons d'autre part la publication, par K. Welch, de la tête en marbre rapportée qui avait été découverte en 1988 dans les fouilles du Neorion (v. BCH 113 [1989] Chron., p. 664). L'auteur attribue cette tête à une statue votive de la « Grande Mère » et la date de l'époque hellénistique (IIIe-Ier s. av. J.-C.).
Hesperia 65 (1996), p. 467-473.
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