LA CANÉE - 1991
Âge du Bronze - Bronze Ancien - Bronze Moyen - Bronze Récent
Antiquité - Archaïque - Classique - Hellénistique - Romaine
On trouve en outre dans Κρητική Εστία 4 (1991-1993), p. 202-212, plusieurs rapports, signés par M. Andréadaki-Vlazaki, V. Niniou-Kindéli et S. Markoulaki, concernant des fouilles effectuées en 1988-1991, dont nous retiendrons les découvertes suivantes :
— dans la tranchée de la rue Katré, on a dégagé des vestiges d'habitat, murs et sols, correspondant à neuf phases de construction, datant de l'époque moderne, de l'époque hellénistique, de l'époque classique, du début de l'époque classique ou de la fin de l'époque archaïque, du début de l'époque archaïque et du MR IIIC. Un sol de terre avec foyer rectangulaire, réparé à quatre reprises, datait de la fin de l'époque géométrique-début de l'époque archaïque. C'est la première occurrence d'une telle séquence chronologique à La Canée : elle atteste que la ville historique de Kydonia a été édifiée à la fin de l'époque géométrique.
— À Splantzia, sur le terrain Papadopoulos, les vestiges mis au jour datent d'entre le Protominoen et le MR IIIB. La seule structure postérieure est un puits très profond, d'époque géométrique, qui avait servi de dépotoir et a livré une remarquable céramique. De l'époque protominoenne datent deux murs de briques fondés sur le rocher, qui ont été en partie recouverts par le bâtiment postérieur.
La découverte la plus importante, à l'Est du terrain, date du MM III-MR IA : il s'agit d'une salle lustrale assez bien conservée, de 1,95 x 2,06 m. Une ouverture dans le mur Nord mène à un escalier, qui permettait de communiquer avec le reste du bâtiment, dont on a mis au jour au niveau supérieur des pièces dallées, sans doute un polythyron ; il en subsiste trois marches dallées avec des joints colmatés au mortier rouge.
Les murs, ainsi qu'un pilier monolithe, étaient couverts de fresques, dont certains fragments sont encore conservés in situ : on en signale les couleurs vives (rouge, bleu, blanc ou ocre) ; il s'agit essentiellement d'imitation de placage de marbre, surmonté d'un large bandeau de spirales continues. Les fresques ont été décollées pour être restaurées, à l'exception de celles du pilier, qui ont été restaurées sur place. Une couverture de protection est prévue pour cette salle lustrale, unique en Crète occidentale.
Du MR IB date le bâtiment le plus étendu, détruit en 1450 par un incendie et un tremblement de terre. On en a dégagé six pièces, dont les entrées particulièrement soignées étaient flanquées de piliers en pierre. Les sols de terre ont été réparés à plusieurs reprises. Parmi le matériel céramique, dont on note l'abondance et la qualité, on a identifié des vases produits dans un atelier local.
Le MR IIIA est marqué par des remaniements du même bâtiment, dont on respecte les grands axes. Le mobilier et la céramique sont d'une qualité remarquable.
— Sur le terrain du parking municipal, entre les rues Péridou, Ypsilandou, Karaïskaki et la caserne des Pompiers, au centre de la ville, on a dégagé dans un premier niveau de nombreuses sépultures turques appartenant au vaste cimetière musulman dont on connaissait l'existence sur le site.
Le second niveau recouvrait deux ensembles de vestiges gréco-romains : ceux d'un établissement thermal public, probablement du Ier s. ap. J.-C, et ceux d'un vaste bâtiment à plusieurs pièces, dont deux avec citerne et deux portiques très allongés comprenant un escalier. Parmi les pièces, on signale l'hypocauste de petits thermes. Ce bâtiment, du IIe-IIIe s. ap. J.-C, faisait vraisemblablement partie de l'agora romaine.
Ces bâtiments romains étaient en partie fondés sur des ateliers du IVe s. av. J.-C. – ce qui suggère une destruction de la ville hellénistique par les conquérants romains. Un petit atelier, complètement dégagé, produisait des figurines, des bouchons d'amphores et peut-être aussi des amphores. L'atelier se composait d'un four, d'un puits et d'un bassin de décantation. On a trouvé dans un secteur des fragments de pithoi avec réparations antiques en plomb. L'argile employée par les potiers provenait du site de l'atelier lui-même.
— On signale la découverte, sur un terrain de la rue Sphakiôn, d'une fosse remplie de fragments architecturaux, qui a livré également une grande base rectangulaire de statue portant l'inscription votive Αισχύλος | Πεταλίδα | Ήρακλει, du Ve s. av. J.-C.
— Dans la nécropole minoenne, au cours de travaux effectués dans la partie Sud du terrain de l'église des Apôtres Pierre et Paul, à l'arrière du Palais de Justice, on a mis au jour en 1990-1991 trois tombes à chambre MR III taillées dans le rocher. La première, dont le dromos avait une pente considérable, comprenait deux banquettes basses. Deux sépultures du MR IIIA2-B1 y étaient abritées. Le creusement de la chambre de la seconde semble avoir été abandonné à cause des fissures de la roche. La chambre de la troisième, précédée d'une rampe, ouvrait par une entrée en arc, soigneusement taillée ; elle avait été creusée au MR IIIA, puis réutilisée à l'époque classique. Elle servit au IVe s. av. J.-C. de fosse-dépotoir, après que son plafond eut été percé : elle a livré en particulier deux stèles funéraires aniconiques en marbre, des éléments de pressoir à huile en poros, deux auges et deux pièces de plomb de taille considérable. Près de la paroi gauche de la chambre, on a trouvé deux figurines de pleureuses, un morceau rectangulaire de bois brûlé et la moitié d'un noyau d'olive calciné, qui semblent avoir été déposés là intentionnellement.
— À l'occasion de travaux publics, on a poursuivi en 1990 le dégagement de la nécropole de l'antique Kydonia (cf. BCH 116 [1992], Chron., p. 944, et BCH 111 [1987], Chron., p. 579). Dans la rue Dimokratias, au Nord du parc municipal, dix-huit tombes (huit à tuiles, trois à ciste maçonnée, de construction soignée, cinq sépultures d'enfant en amphore, une à fosse, du IIIe s. av. J.-C, ainsi qu'une cavité livrant des tessons hellénistiques et romains) ont été fouillées. Deux d'entre elles dataient de la haute époque hellénistique, les autres du Ier-IIe s. ap. J.-C. Pendant l'époque hellénistique, ce secteur de la nécropole était organisé en groupes de tombes orientées Nord- Sud, quel que soit le type de sépulture utilisé. Pendant l'époque romaine, il semble que l'on manque de place ou que l'occupation des secteurs encore libres se faisait au hasard, sans orientation ou regroupement.
Dans la rue Giamboudaki, en 1991, des travaux de drainage ont mis au jour cinq tombes à fosse proches de la grande tombe hellénistique fouillée en 1981 (cf. BCH 105 [1981], Chron., p. 881 et 115 [1991], Chron., p. 946). Toutes ont été taillées dans le calcaire et étaient couvertes de tuiles ou de tessons d'amphores. Elles ont été en partie pillées. Le matériel recueilli date du IVe s. av. J.-C.
On a par ailleurs mis au jour en 1989, rue Zimvrakakidôn, dans la partie Nord-Ouest de la ville, une tombe à tuiles abritant le squelette d'un enfant, accompagné de deux unguentaria de la haute époque hellénistique et qui avait conservé dans la bouche l'obole de Charon.
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