THASOS. – Liménaria - 1994

Habitat néolithique. — En 1993-94 le Service archéologique a exploré, aux confins Ouest du bourg moderne, les vestiges du plus ancien habitat thasien, qui remontent au Néolithique Moyen. La fouille s'est étendue sur 160 m² et a atteint le sol vierge, menant au jour, d'une part, de puissants murs de terrasse, qui rappellent le glacis limitant l'habitat de Dikili Tash (v. BCH 116 [1992] Chron., p. 916), d'autre part, des restes de constructions, dont une maison absidale oblongue de 3 m de large. Les habitations, construites en torchis sur clayonnage, parfois aussi en brique crue, ont conservé leurs sols, revêtus d'argile rouge ou jaune et de cailloutis ; elles étaient pourvues de foyers et de fours, ainsi que de nombreux silos creusés dans le sol (fig. 1). La plupart de ces silos sont cylindriques à fond plat, tapissés à l'intérieur d'un enduit argileux qui assurait l'étanchéité des parois. Une découverte inattendue est celle d'une sépulture d'enfant au fond d'un silo ; ce dernier avait été remblayé avec des galets, tandis qu'une pierre était apparemment posée sur la poitrine du défunt ; l'étude anthropologique a montré que l'enfant souffrait d'une sorte de thalassémie.
La céramique de l'habitat forme un ensemble homogène, sans différences marquées d'une phase à l'autre, qu'il s'agisse des formes — fermées (fig. 2-3) ou ouvertes (fig. 4) — comme des décors, qui sont le plus souvent incisés (avec remplissage blanc), plastiques, cannelés ou lissés. Le reste de l'équipement comprend un grand nombre de pesons de fuseau, de poids de métier, d'outils en os ou en pierre. Parmi ces derniers on souligne l'abondance des outils de broyage et de mouture ; la prédominance, pour l'outillage taillé, du silex miel, très répandu à Thasos, mais aussi l'importance du quartz ; enfin la présence de nucleus et d'éclats corticaux de silex, qui suggère un débitage sur place. Deux vases en marbre de Thasos inaugurent la tradition développée plus tard dans l'île ; une riche collection d'éléments de parure (en nacre, en spondyle [fig. 5], en pierre) ainsi que des objets en pierre en forme de 8 (pesons ou figurines schématiques) et des figurines anthropomorphes ou zoomorphes en terre cuite, complètent le matériel archéologique. Une étude préliminaire des restes de flore et de faune recueillis dans les niveaux d'occupation a confirmé que les habitants consommaient de l'orge, du blé, des lentilles et des figues, mais aussi de la viande de capridé, des poissons et des mollusques.
La présence de tessons non stratifiés du Néolithique Récent et du Bronze Ancien fait penser que le site, dont on n'a encore exploré que la lisière Sud-Ouest, continua d'être occupé pendant ces périodes, mais seule une extension de la fouille vers le centre de l'habitat permettra de le confirmer.
ΑΕΜΘ 7 (1993) [1997], p. 559-572 [D. Malamidou, S. Papadopoulos].