ÉLEFTHERNA ANTIQUE - 1991
Âge du Fer - Protogéométrique - Géométrique
Antiquité - Archaïque - Classique - Hellénistique - Romaine
On trouve dans Κρητική Εστία 4 (1991-1993), p. 247-263, les comptes rendus concernant les fouilles menées dans les différents secteurs du site pendant les campagnes 1989-1991.
SECTEUR I
1) P. Thémélis, Κρητική Εστία 4 (1991-1993), p. 247-252, expose les résultats des fouilles de la Maison romaine et de ses abords orientaux, à l'Est de la colline de Prinès (cf. BCH 112 [1988], Chron., p. 690). On en a dégagé totalement l'impluvium et l'atrium, ainsi qu'une autre pièce qui pouvait être le tablinum. Deux phases de construction ont été identifiées, la première du Ier-IIe s. ap. J.-C, la seconde du IIIe-IVe s. ap. J.-C. La maison a été détruite par un séisme, en 360 ap. J.-C. environ.
Le mur Est du tablinum a été réparé pendant l'époque paléochrétienne ; son second état est contemporain de la Basilique dont l'abside se trouve à 40 m à l'Est. On a mis au jour deux murs appartenant à deux édifices différents, l'un de l'époque hellénistique et l'autre de la fin de l'époque géométrique et des débuts de l'époque archaïque. La majeure partie du matériel de construction de la Maison romaine provient des édifices hellénistiques. À l'Est du mur hellénistique, un complexe architectural, dont la première phase date du Géométrique Récent-début de l'époque archaïque, a livré une abondante céramique utilitaire ; on en a reconnu d'autres états, datant de la fin de l'époque classique, puis des époques hellénistique et romaine.
La présence d'un édifice cultuel aux abords Est de la Maison romaine est maintenant confirmée par la découverte d'un autel inscrit et de nombreux fragments architecturaux peints remployés dans le complexe architectural. Cet édifice doit avoir été en service jusqu'au règne de Tibère, auquel fait probablement référence la dédicace inscrite sur l'autel : Καίσαρι | Θεωι | Θεου | υιωι Σε|βαστωι, qui ressemble à la dédicace à César figurant sur un petit pilier, trouvée à Éleftherna et publiée par M. Guarducci. Dans la tranchée de fondation on a trouvé un peson plat et une statuette en bas-relief d'Aphrodite, en plomb.
2) P. Thémélis publie par ailleurs, Κρητική Εστία 4 (1991-1993), p. 252-257, un rapport concernant la basilique paléochrétienne, où la fouille s'est poursuivie en 1990 : il s'agit d'une église à trois nefs et à arcades sur piliers, dont la nef centrale était dallée de plaques de calcaire local et les nefs latérales pavées de mosaïques à décor géométrique et floral ; le chœur était pavé d'opus sectile, dont un fragment est conservé dans l'angle Nord-Ouest. On a dégagé le stylobate du chancel, en forme de Π renversé, avec prostôon central, ainsi que les petits piliers et les six plaques correspondantes. Un ambon octogonal avec escalier à l'Ouest a été localisé près du stylobate de l'arcade Nord ; un chapiteau ionique qui y est encastré soutenait son socle. On a mis au jour des fragments du placage en pierre blanche et noire (marbre, schiste et calcaire) qui appartiennent au décor en opus sectile des murs et des arcs. Trois tombes ont partiellement détruit la mosaïque de la nef Sud et celle de la nef Nord. Une pièce annexe a été explorée au Sud-Ouest, ouvrant par deux portes dans les murs Sud et Est : elle contenait deux tombes à ciste qui abritaient des ensevelissements multiples, dont le mobilier (amphorisque, petite œnochoé, unguentarium en verre ...) daterait du VIIe s. ap. J.-C. L'atrium a été exploré à l'extérieur du mur Nord de la basilique : il était dallé de plaques, sous lesquelles avaient été creusées des tombes. L'atrium communiquait avec le narthex par un large escalier de trois degrés ; sur l'escalier a été trouvé un bloc inscrit, où l'on lit : [Υπερ αρ]ίστου τύχ[ης ...]ινείκης και αιωνίου μ[νήμης].
Après la destruction de la basilique, à la suite d'une catastrophe naturelle ou d'une attaque ennemie vers le milieu du VIIe s. ap. J.-C. – comme l'indique une monnaie de Constance II (644/45) recueillie sur le sol de la nef Nord –, on a partiellement muré les entrecolonnements et construit un petit sanctuaire (?) dans la partie Sud-Est de la nef centrale. La couche de destruction a livré de nombreux fragments de sculptures d'époque hellénistique et impériale, dont un fragment de buste cuirassé d'empereur romain (avec sphinx de face), un fragment de doigt tenant les plis d'un himation appartenant à une statue colossale et un fragment du cou d'une statue féminine vêtue d'un himation et portant un collier de perles. Parmi les inscriptions découvertes, signalons l'inscription paléochrétienne gravée sur l'angle droit d'une plaque de la balustrade de l'ambon : Κύ(ρι)ε μνή<ζ>σθιτι του δούλου σου Λαγχιβίου αμήν.
À 50 m environ au Nord-Est de la basilique, dans un champ voisin, on a par ailleurs trouvé le torse d'une statue d'homme mûr, vêtu d'un himation, datant du IIIe-IVe s. ap. J.-C.
SECTEUR II
Th. Kalpaxis, Κρητική Εστία 4 (1991-1993), p. 257-260, rend pour sa part compte des deux fouilles suivantes :
1) L'ensemble architectural du Bas-Empire et de l'époque paléochrétienne découvert au lieu-dit Pyrghi, sur la colline de Prinès (cf. déjà BCH 112 [1988], Chron., p. 688 ; 113 [1989], Chron., p. 692). Dans la partie Sud du site ont été découverts des vestiges architecturaux et des tessons de l'époque géométrique et du début de l'époque archaïque.
En 1991, on a effectué des travaux de restauration des murs. Le nettoyage de l'abside Est de la salle centrale a montré que le mur à côté duquel avait été trouvée l'inscription archaïque Ε 125 (cf. BCH 117 [1993], Chron., p. 896) appartient à un édifice archaïque rectangulaire avec salle de banquet ; parmi le mobilier, on compte quelques objets protogéométriques et géométriques. Le nettoyage de l'angle Nord-Ouest a montré que les murs des pièces à l'époque impériale étaient recouverts d'un enduit coloré, et que le sol lui-même était revêtu d'une fine couche d'enduit.
2) Au lieu-dit Nissi, où avait été repérée l'enceinte classique, l'exploration des murs de pierres sèches modernes a permis d'identifier des éléments architecturaux permettant de restituer le propylon, à l'exception des colonnes.
La fouille de la maison hellénistique, commencée en 1988, s'est achevée en 1990. Sept pièces en ont été dégagées, couvrant une superficie d'environ 200 m2. Dans la partie Est, la pièce la plus vaste a probablement abrité un atelier de potier : on y a reconnu la fosse destinée à l'installation du tour et trouvé des mottes d'argile. Il semble qu'un autre atelier de potier ait été installé dans la pièce Nord-Est. Dans la pièce Sud, la toiture s'est effondrée avant les murs : le bâtiment a donc été abandonné au début du Ier s. av. J.-C. avant d'être ruiné. On a recueilli des tessons appartenant à plus de 300 vases, parmi lesquels des bols mégariens, ainsi que des supports de pithoi et de la matière organique, qui suggèrent qu'il s'agit d'un magasin.
En explorant la partie occidentale du bâtiment, on a conclu que la première phase de construction date du IIIe s. av. J.-C. ; elle a été suivie par une période d'abandon, jusqu'à la fin du IIe-début du Ier s. av. J.-C, époque à laquelle commence une nouvelle et brève période d'occupation.
Dans la partie Ν on a mis au jour la cuisine, composée de trois pièces.
Parmi le matériel, il faut mentionner une importante quantité de pesons et de petites boules en argile à décor incisé, quelques monnaies en bronze (d'Éleftherna et d'Axos), une monnaie en argent d'Histiée, ainsi qu'un instrument médical en bronze, deux bagues, des pointes de flèche et quelques outils. La trouvaille la plus remarquable est un relief en calcaire local, en forme de naiskos, avec représentation d'une femme vêtue d'une longue tunique et tenant posé sur sa tête un objet discoïde.
On a par ailleurs commencé en 1991 l'établissement de la carte topographique du site au 1:200 et son intégration dans le plan général de la colline. Ces travaux ont permis de localiser au moins 35 citernes.
SECTEUR III
N. Stambolidis enfin, Κρητική Εστία 4 (1991-1993), p. 261-263, publie un compte rendu des fouilles menées dans la nécropole géométrico-archaïque d'Orthi Pétra en 1989-1991. L'essentiel des informations a déjà été donné dans les BCH 115 (1991), Chron., p. 944 et 116 (1992), Chron., p. 942. Précisons cependant que l'auteur établit désormais une distinction entre les divers bâtiments : le bâtiment 4A est un hérôon, auquel il attribue les petites statuettes de guerriers qui servaient d'acrotères. À l'Est du bâtiment funéraire 4K a été découvert un enclos. Au-dessous de ces deux édifices, on a repéré l'enclos Nord de l'hérôon.
Le Musée archéologique de Réthymno a présenté une exposition consacrée à la nécropole d'Orthi Pétra, avec des maquettes des monuments funéraires, des crémations et du bûcher du guerrier. Presse, 7/07-28/08.
Pour accompagner cette exposition, N. Stambolidis a publié un catalogue richement illustré, Ελεύθερνα. Από τη γεωμετρική και αρχαϊκή νεκρόπολη. Ταφικές πυρές και ομηρικά έπη (1994), dans lequel il présente, après une description de la partie de la nécropole dégagée par les fouilles récentes, un catalogue des objets exposés et un aperçu historique : la ville de l'époque géométrique, et surtout protoarchaïque et archaïque, aurait joué un rôle prédominant.
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