DISPILIO - 1993
Dispilion, Dupiakoi, Dispilio
L'équipe de l'Université de Thessalonique dirigée par G. Hourmouziadis a fouillé, en 1993, pour la deuxième année consécutive, l'habitat lacustre néolithique (v. BCH 118 [1994] Chron., p. 740), dont l'exploration se poursuit régulièrement depuis lors, tandis que N. Moutsopoulos précisait, par une série de nettoyages et de sondages, le tracé et la chronologie du rempart de la ville antique.
Habitat lacustre. — Procédant par décapages horizontaux, la fouille a mis au jour, sur une superficie de 146 m2, des vestiges de construction très denses : fragments de toits ou de murs en terre à bâtir, trous de poteaux (très nombreux) et même poteaux en bois conservés grâce à la nature hydromorphe du terrain. Bien que l'on ne dispose pas encore d'informations précises sur l'organisation spatiale de l'habitat, les données stratigraphiques suggèrent que, dans les phases anciennes, les constructions reposaient sur des plates-formes surélevées soutenues par des poteaux en contact avec l'eau lac, tandis que, dans les phases récentes, elles étaient établies sur des remblais artificiels.
Si l'on en juge d'après la céramique, les niveaux d'habitat s'échelonnent entre le début et la fin du Néolithique Récent. Plus précisément, les niveaux les plus profonds atteints en 1993 ont livré de la céramique grise lissée de type Tsangli, noire lissée de type Larissa, « black topped », brune lissée, ainsi que de la céramique peinte à décor polychrome (notamment des « coupes à fruits »), brun sur fond crème ou rouge-orange sur fond crème (comme à Maliq I et Servia). Le répertoire des formes comprend, outre les jattes, les vases à col et les « coupes à fruits », des pieds de table et de vases de type Danilo. On citera aussi une figurine anthropomorphe qui appartenait sans doute à une embouchure de vase. Les niveaux supérieurs, qui correspondent à Maliq II et aux dernières phases du Néolithique Récent de Thessalie, sont caractérisés par la présence de céramique noire lissée, « black topped » et rouge lissée, ainsi que par celle de plusieurs figurines et d'une amulette (?). Soulignons le fait qu'à Dispilio certaines classes céramiques demeurent en usage pendant plusieurs phases de l'habitat : cela invite à reconsidérer les classements chrono-typologiques traditionnels, qui ont tendance à assigner chaque classe à une phase précise. Si la céramique témoigne de contacts avec les régions voisines (Thessalie, Albanie, Pélagonie), la présence d'outils en obsidienne et d'objets en spondyle implique l'existence de relations avec des contrées plus lointaines.
ΑΕΜΘ 7 (1993), p. 13-17 [I. Anagnostou, S. Thomaïdou, G. Stratouli, M. Sofronidou, K. Touloumis].
La presse a relaté, en 1995, deux importantes trouvailles faites cette année-là et datées toutes deux du Néolithique Moyen : une flûte en os de chèvre ou de mouton mesurant 10 cm de longueur, percée de quatre trous sur une face et d'un trou sur l'autre ; une figurine masculine de 12 cm de hauteur dont les jambes sont coupées au niveau des genoux : le personnage couvre son sexe de sa main droite tandis que, de sa main gauche, il touche le bas de son dos ; des trous transperçant le corps indiqueraient que cette figurine pouvait être suspendue. On mentionne aussi la découverte d'un morceau de paille tressée et celle d'enduits muraux peints en rouge et en bleu. Quant à la tablette en bois (BCH 118 [1994] Chron., p. 740), dont les gravures sont considérées par le fouilleur comme une sorte d'écriture, sa datation 14C a été établie par le laboratoire du centre Dimokritos aux alentours de 5260 av. J.-C.
Αττογευματινή, 2.3.95 ; Presse des 26-27.7.95 et du 7 au 9.9.95 ; Ελευθεροτυπία, 15.10.95.
Rempart antique. — Des fouilles ont été entreprises en 1993, dans le secteur Sud-Est de l'enceinte, afin de préciser le plan de la porte de l'habitat fortifié. Après un nettoyage préliminaire, qui a produit du matériel néolithique et médiéval mélangé, on a dégagé le côté Sud-Est de la porte. La fouille a montré que l'unique assise conservée de la porte et du rempart était fondée sur un enrochement reposant sur la boue grise pétrifiée du fond du lac (fig. 1) ; que la porte formait un saillant de 5,45 m à l'extérieur du rempart Sud (fig. 2) ; que l'angle entre ce dernier et le rempart Sud-Ouest était renforcé par une tour semi-circulaire (diam. 6,20 m). Ces deux derniers éléments inviteraient, sous toutes réserves, à dater les murailles de Dispilio du début du IVe s. av. J.-C.
ΑΕΜΘ 7 (1993) [1997], p. 1-8 [N. Moutsopoulos].
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