MOCHLOS - 1993

Les recherches menées par l'équipe de K. Davaras (XXIV^e ΕΠΚΑ) et J.S. Soles (Université de Caroline du Nord) ont porté en 1993 sur l'île de Mochlos et la poursuite de l'exploration des sites côtiers de Plakalona et Chalinomouri.

1) Sur l'île, le tracé de la fortification, bien connue depuis les travaux de Seager en 1909 – qui la date de l'invasion sarrasine au IX^e s. — avait été relevé sur les flancs Nord et Est de l'île en 1976 ; on en a identifié en 1993 la portion Sud, composée d'une série de pièces alignées, constituant soit une garnison soit un corps de logis lié au rempart, qui avaient été partiellement fouillées par Seager. On y a repéré deux niveaux de construction, ainsi que dans une autre pièce construite au sommet de l'île : le niveau supérieur date de la haute époque byzantine, comme Seager l'avait supposé, le niveau inférieur livrant pour sa part de la céramique sigillée A orientale du I^er s. av. - I^er s. ap. J.-C. ; dans l'une des pièces, un fragment de petite tête en terre cuite représentant probablement Zeus Sarapis accompagnait la céramique de ce niveau ancien.

2) Sur la colline à l'arrière du village moderne, sept nouvelles tombes à chambre MR III viennent s'ajouter aux neuf autres, fouillées par N. Papadakis en 1986 (BCH 111 [1987], Chron., p. 574 ; 117 [1993], Chron., p. 884). Les unes étaient alignées sur celles qui ont été mises au jour en 1986, les autres suivaient une ligne inférieure. Taillées dans la roche, la plupart pourvues d'un dromos et datant du MR IIIA1-B, elles abritaient une ou deux sépultures et doivent être associées à l'établissement MR III localisé sur l'île, un peu plus loin : la céramique y est cependant légèrement plus récente (MR IIIA2-B). Les analyses anthropologiques ont révélé que les tombes étaient utilisées pour des couples, l'inhumation des conjoints n'étant pas simultanée. Dans l'une des tombes, les os du premier individu inhumé ont été brisés et déposés dans une pyxis cylindrique, du type utilisé pour les crémations au MR IIIC. Parfois, les conjoints ont été ensevelis dans des tombes adjacentes reliées par un petit tunnel. Les corps étaient déposés dans des pithoi ou dans des larnakes : l'une d'elles est décorée d'une frise de métopes et triglyphes, une autre ornée sur son bord de deux petits personnages, dont l'un portant un masque animal, qui semblent exécuter une danse funéraire. Une tombe contenait en général 20 à 40 vases, surtout des coupes semi-globulaires et des cruches à étrier, ainsi que des rhytons. Dans l'une des tombes, un rhyton en forme de grenade orné d'un poulpe accompagnait le second ensevelissement ; un rhyton identique avait été écrasé à l'extérieur du mur fermant l'entrée de la tombe. Un bol de bronze, fermé par un miroir de bronze, placé dans une autre tombe, contenait un ensemble de bijoux (collier à perles de faïence en forme de feuilles de lierre, anneau en or et épingle de bronze). On signale également, outre deux sceaux avec représentation animale, une collection de petites lampes coniques, dont l'une avait conservé sa mèche. Une sépulture sans squelette pourrait être un cénotaphe (ou la tombe d'un enfant dont les os fragiles auraient disparu).

3) On a poursuivi par ailleurs l'exploration des vestiges d'occupation MR IB en trois endroits : sur l'île, à Chalinomouri et à l'arrière du village moderne de Mochlos, le long de la route de Liménaria. Deux bâtiments de caractère industriel ont été localisés, où sont attestés le travail de la céramique, du bronze, et la production de vases en pierre, avec les vestiges d'un petit sanctuaire au centre de chaque édifice. Divers instruments et matériaux ont été recueillis dans le bâtiment Β : tours de potiers, fragments de pigment rouge ocre, petites boules d'argile et de faïence, ainsi qu'un four à double conduit.
Sur l'île, on a continué la fouille de deux maisons du quartier C, tout en concentrant les efforts sur l'étude du bâtiment monumental B2, dont l'angle Nord-Est, désormais localisé, complète l'aile orientale, consacrée aux cérémonies. On a mis au jour par ailleurs une partie de sa façade occidentale, longée par la rue qui sépare les quartiers A et B, ainsi qu'une petite cour et une seconde entrée du bâtiment. La partie de l'aile occidentale dégagée abritait les magasins : l'un d'eux a livré six grands bols de bronze, semblables à ceux qui avaient été trouvés en 1909 ; une vaste pièce pavée, avec banquette, menait à une cage d'escalier et une pièce en sous-sol, où l'on a découvert le crâne d'un jeune homme.
Sous les vestiges MR I, sur l'île, une occupation antérieure comprenait une maison MM III, sous la Maison C7 et partiellement incorporée en elle, un vaste bâtiment MA III, utilisé dans une phase MM IA, ainsi que des pièces appartenant à une maison du MA II enfouie sous le Bâtiment B2.

A. Sarpakis et D. Reese ont poursuivi l'étude de la faune et de la flore. On a entrepris par ailleurs l'analyse des restes de graisses et des autres dépôts conservés au fond des récipients et des lampes (R. Evershed, S. Vaughan et A. Blasingham). Les analyses de cendres ont été menées par R. Taylor et Ch. Vitaliano, celles des métaux par J. Muhly.