RÉGION DE SITIA. - Programme de recherche sur les routes minoennes - 1991
Eparchia Siteias
Y. Tzédakis, St. Chryssoulaki, M. Avgouli et Y. Véniéri, Κρητική Εστία 4 (1991- 1993), p. 306-319, dressent le bilan des campagnes 1989, 1990 et 1991 du programme de recherche sur les routes minoennes.
En 1989, la fouille du poste de garde de Choiromandrès a pris fin et on a procédé au relevé des vestiges. Le reste de la vallée a fait l'objet d'une prospection de surface dans le but de repérer des routes ou d'autres structures en rapport avec le poste de garde (cf. BCH 113 [1989], p. 43-75). La « zone pilote » choisie par l'équipe a été explorée à Chochlakiès, Lidoryako, Panô Zakro, dans la plaine de Ziros, à Karoumès, Chamaizi et Praisos. On a également tenté une première approche du Lassithi dans la région de Kritsa.
En 1990, une fouille a débuté au poste de Karoumès, mettant au jour un bâtiment de plan rectangulaire, doté d'une grande terrasse. Les recherches de surface se sont portées sur le poste de garde central, à l'Ouest de Karoumès, qui contrôle la côte et le défilé vers l'intérieur de l'île. Deux nouveaux postes de garde ont été identifiés, de même qu'une série de points de surveillance desservis par des routes construites. De plus, on a découvert une carrière de sidéropétra avec sa route d'accès, sur le flanc du mont Traostalos (ibid., p. 306-307).
En 1991, la fouille de Karoumès a été poursuivie et achevée. Le bâtiment couvre une surface de 84 m2 et comprend quatre pièces réparties autour d'une cour ; un corridor reliait cette cour à l'une des pièces. Une terrasse limitée par un mur courbe borde le bâtiment à l'Est. Les murs à double parement, larges de 1,50 m sur les côtés Nord et Ouest, sont fondés sur le rocher, dont les irrégularités ont été égalisées au moyen d'une couche d'argile compacte et de tessons. Le sol des pièces est en terre battue, celui de la cour est dallé. L'entrée, qui se trouvait probablement au Nord-Est, n'a pas été retrouvée. Deux autres terrasses, non fouillées, entouraient le bâtiment à l'Ouest et au Sud-Ouest ; c'est à celle-ci qu'aboutissait la route venant de la mer. La céramique recueillie dans les fondations remonte au MM IIB. L'occupation a continué durant la période néopalatiale.et certaines pièces ont également livré de la céramique du MR III. La terrasse Est semble en outre avoir servi de sanctuaire aux époques archaïque et hellénistique, comme en témoignent deux fragments de statuettes dédaliques et un kernos.
Une seconde fouille a eu lieu dans l'un des postes de garde identifiés en 1990, baptisé « poste de la mer », à environ 330 m au Nord-Ouest de celui de Karoumès. Le bâtiment, installé sur trois terrasses en enfilade, comportait lui aussi une cour dallée au Nord-Est et trois pièces en contrebas, qui ont dû servir de magasins puisqu'on y a découvert de grands récipients de stockage. Les murs étaient faits de blocs mégalithiques posés sur des fondations de 1,30 m de large. Des dalles et des bases de colonne éparses sont à mettre en relation avec le corps principal du bâtiment, mal conservé. Comme à Karoumès, des terrasses entourées de puissants murs de péribole entouraient le poste de garde. La jonction entre ces murs et ceux du bâtiment indique qu'ils faisaient partie du plan initial.
La couche de fondation sur laquelle reposait le bâtiment contenait des tessons du MA II A. Dans les pièces qui ont servi de magasin, des tessons trouvés sous le sol remontaient au MR IA, tandis que la céramique correspondant au sol datait du MR IB. Cette seconde phase a vu la construction de murs de refend dans le bâtiment principal et de structures circulaires ou en arc de cercle dans les magasins, qui ont livré un ensemble d'outils et de poids en pierre, ainsi que des outils en os et en bronze. Dans la seconde phase, la toiture consistait, au moins partiellement, en petites plaques de calcaire. La couche de surface contenait de la céramique du MR III et des périodes historiques. Le bâtiment a connu deux destructions par incendie, la première au MM IIA, la seconde au MR IB. Une période d'abandon semble avoir suivi le second incendie.
À l'extrémité Nord-Ouest du golfe de Karoumès, un sondage a été effectué au point de surveillance de Kastella, permettant de mettre au jour une construction en Π, appuyée au Sud contre le rocher. Les murs ne mesurent que 0,60 m d'épaisseur et sont conservés sur une hauteur de 0,30 m. Le mobilier consiste en céramique d'usage domestique et en meules et molettes. On signale toutefois un fragment de table à offrandes en pierre, découvert lors du nettoyage de surface, qui évoque la possibilité d'activités religieuses à proximité du poste de garde. On pense à la petite grotte explorée au début du siècle par Hogarth et située à faible distance au Nord-Ouest. Cette grotte a livré une abondante céramique non stratifiée, qui va de la période subnéolithique jusqu'à l'époque moderne.
Par ailleurs, la suite de la prospection de surface dans la région de Zakro a conduit à la découverte de neuf nouveaux postes de garde. Les « Bâtiments Seager », repérés par l'archéologue américain au début du siècle à l'extrémité Sud du golfe de Zakro, ont pour la première fois fait l'objet d'un relevé provisoire.
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