PÉTRAS. - Complexe palatial et ses abords - 1988
Petras
M. Tsipopoulou présente dans l'ArchDelt 41 (1986) [1991], A', p. 340-400 un rapport détaillé sur les résultats des fouilles menées en 1987-1988 en plusieurs points de la colline sur laquelle s'étend l'habitat minoen de Sitia (cf. déjà BCH 116 [1992], Chron., p. 934).
Le bâtiment rectangulaire partiellement dégagé en 1987 à l'extrémité Nord-Est du plateau du sommet n'a livré que peu de céramique, datant du MM II. Au Nord de ce bâtiment, une excroissance en forme de tour carrée (5 x 5 m) pourrait dater de l'époque néopalatiale. Une rue dallée de pierres irrégulières, large de 2 m, a été mise au jour sur la pente occidentale de la colline ; elle date probablement du MM III. À l'Ouest de la maison d'époque néopalatiale découverte en 1985-1986 (cf. BCH 111 [1987], Chron., p. 574), un mur massif était recouvert d'un remblai où ont été recueillis en abondance des tessons de céramique commune, d'époque néopalatiale ou plus ancienne (MM I-II) ; on y a également recueilli de nombreux outils en pierre et en terre cuite (meules et mortiers, poids, peson). Deux paires de cornes de petites dimensions, en terre cuite et calcaire, rappellent les trouvailles du sanctuaire voisin de Piskoképhalo et suggèrent que la partie occidentale de la maison 1 pouvait avoir une fonction cultuelle.
Entre le mur massif, en appareil presque cyclopéen, dégagé au bas de la pente Ouest de la colline, et un mur parallèle, à 1 m à l'Est, avait été installée une citerne. Le mur massif pourrait être identifié comme une enceinte.
À l'extrémité occidentale du grand plateau sommital de la colline, quatre magasins (2,60 x 4 m) ont été fouillés : l'appareil soigné de leurs murs prouve qu'ils constituaient le rez-de-chaussée d'un édifice important, à l'étage duquel on accédait par un escalier en pierre. Huit pithoi brisés ont été trouvés in situ. Le bâtiment, construit au MM III, a été en usage jusqu'au MR I, date à laquelle il fut abandonné à la suite d'un tremblement de terre. Il pourrait s'agir d'un palais comparable à celui de Gournia.
À 3 m au-dessus du premier plateau, au Sud, un second plateau (25 x 10 m) est soutenu par un mur de soutènement assez bien conservé. La céramique associée aux vestiges date en majorité du MR I ; on signale quelques tessons du MA II (styles de Koumassa et de Vassiliki) et du début du MM. On y a dégagé une (ou deux ?) maisons à étage du MM III-MR I, où se distinguent plusieurs états. Le remplissage des murs a livré des tessons MA III-MM II provenant de la destruction de bâtiments de cette époque implantés sur le plateau. On signale quelques tessons de céramique cycladique. Un mur et un sol attenant datant du MR IIB ont été partiellement mis au jour ; à ce même état sont associées de nombreuses obsidiennes (éclats, outils, lames et nuclei). Les périodes MA II-MM III, attestées par la céramique, ne sont représentées par aucun vestige architectural.
L'étude de la céramique – dont P. Day a effectué les analyses pétrographiques – a progressé : deux types d'argile locale étaient utilisées, l'une jaunâtre et relativement fine (argile de Pétras), l'autre rougeâtre et grossière (argile d'Haghia Photia). On a identifié des importations de Palaikastro, Gournia et de Crète centrale, ainsi que des Cyclades, du Dodécanèse et de Chypre.
L'étude géologique, destinée à définir les limites du port antique, permet d'affirmer que la mer arrivait à l'époque minoenne jusqu'au site de la villa de Klimataria, à 1 500 m au Sud de la côte actuelle. Le port de Pétras était l'un des plus grands de Crète.
Du compte rendu des prospections menées dans les environs, nous retiendrons quatre sites néopalatiaux et un site impérial à Analoukas, un site néopalatial à Stavros, un autre site néopalatial dans le secteur de l'aéroport de Sitia.
L'organisation du territoire à l'époque minoenne peut désormais être décrite comme suit : Pétras était l'établissement central de la baie de Sitia, qui comprenait un établissement secondaire à Analoukas, un sanctuaire de sommet à Piskoképhalo, deux villas à Klimataria et Zou, deux installations à des points stratégiques surveillant l'entrée et la sortie de la baie (aéroport et Stavros), et des fermes isolées, l'une sur un site d'extraction de l'argile utilisée par les ateliers céramiques et une autre sur la route menant à Palaikastro.
M. Tsipopoulou, dans une conférence au musée Goulandris, a mis en valeur les caractéristiques palatiales du bâtiment dégagé au sommet de la colline (cour centrale avec sol stuqué et, dans son second état, avec colonnes et piliers alternés, ensemble de magasins, inscriptions en linéaire A et en écriture hiéroglyphique, formes architecturales complexes, avec polythyra, escaliers doubles ..., marques de maçons). Le bâtiment comptait trois étages au Sud/Sud-Ouest et deux étages dans la partie principale. Si l'on n'y a pas encore découvert d'archives, on y a en revanche constaté des activités religieuses et artisanales. Καθημερινή, 30/01.
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