ANTIQUE MESSÈNE - 1995
Messini (ancient), Messène antique
Fouilles de la Société archéologique. — La campagne de 1995, dirigée par P. Thémélis, a porté sur quatre secteurs :
1) Fontaine d'Arsinoé. — Le monument a été entièrement dégagé et la fouille étendue aux constructions paléochrétiennes, entièrement faites de remplois, qui s'étendent au Sud. La présence d'une base portant une inscription du Ier s. ap. J.-C. en l'honneur de deux synèdres messéniens ayant versé 3800 deniers pour la réparation de la fontaine et des statues des Augustes, confirme l'identification du monument, permet d'en dater la seconde réfection (v. BCH 119 [1995] Chron., p. 879), et atteste que le groupe de statues en bronze ornant l'exèdre était celui de la famille impériale.
2) Asklépieion. — Au Sud du temple, on a découvert un puits, une construction absidale et une imposante base d'offrande antérieurs au sanctuaire. Parmi les trouvailles, on relève des vases miniatures ainsi que des petites plaques et figurines votives en terre cuite. La fouille de l'établissement paléochrétien qui s'étend à l'Est du sanctuaire a produit de nombreux fragments d'architecture et de sculpture, dont deux torses de statues féminines en poros du ΙIe s. av. J.-C., ainsi que des inscriptions.
3) Gymnase. — À l'extrémité Nord de la stoa Ouest du gymnase, on a mis au jour un propylon dorique tétrastyle monumental, dont les colonnes sont en place sur le stylobate et les éléments de l'élévation épars aux alentours (fig. 1-2). Sur l'architrave, l'inscription dédicatoire dit : Χαρικλῆς Φίλωνος γυμνασιάρχης │ τὸ πρόπυλον θεοῖς πᾶσι καὶ τᾶι πόλει ; en-dessous est évoquée la réparation du gymnase : Διονύσιος Δημήτρου γυμνασιαρχῶν, τὸ γυμνάσιον ἐπεσκεύασεν θεοῖς καὶ τᾶι πόλει. Sur les trois métopes centrales non décorées, une troisième inscription mentionne le don de dix mille deniers fait à la cité par un riche Messénien « pour l'approvisionnement en huile des deux gymnases » (42 ap. J.-C.).
Du propylon, on descendait par un escalier dans une vaste salle, dans laquelle on a retrouvé, tombé au pied d'un socle, un torse masculin en marbre appartenant à une très belle copie du Doryphore de Polydète (fig. 6). La salle contiguë au Sud abritait deux autres socles de groupes statuaires en bronze ; une inscription dédicatoire d'époque romaine, gravée sur le linteau de sa porte d'entrée, nous apprend que deux Messéniens « ont construit le temple en l'honneur d'Hermès, d'Héraklès et de la cité » ; à l'intérieur de la salle, on a retrouvé des centaines de fragments appartenant à au moins deux statues en marbre, dont une de dimensions colossales (Héraklès) et une autre de grandeur naturelle (Hermès ?). Ces statues cultuelles des deux divinités protectrices du gymnase furent mises en pièces par les premiers habitants chrétiens de Messène.
À l'Ouest de la salle, on a découvert l'autel d'Héraklès, en forme de Π, dont la krépis et plusieurs orthostates sont encore en place (fig. 5) ; l'assise de couronnement portait un relief à thème animalier (biches courant, félins, griffons) et les deux extrémités en saillie portaient un groupe en marbre représentant un lion dévorant une biche. L'intérieur de l'autel était occupé par une pièce ouvrant à l'Ouest par une porte décentrée.
La découverte, à 50 m au Nord du gymnase, d'une statue en marbre de Cybèle assise, qui était remployée dans un mur de clôture récent, avec des fragments de lions et de reliefs votifs représentant la déesse, témoigne de la présence d'un sanctuaire de Cybèle dans ce secteur.
4) Monuments funéraires. — En face du Bouleutérion, sur le côté Est de la rue, la fouille a mis au jour un péribole funéraire rectangulaire, dont les blocs d'architrave, épars autour du monument ou remployés dans des constructions paléochrétiennes, portaient inscrits les noms de vingt-quatre défunts, enterrés entre le IIe s. av. et le ΙIe s. ap. J.-C. Il semble que le monument fut érigé par la cité au IIe s. av. J.-C., en l'honneur de dix morts célèbres — six hommes et quatre femmes — dont les noms sont gravés avec soin sur une ligne (Νέων, Θρασύλοχος, Ἀντισθένης, Πολύστρατος, Πολύανδρος, Πολυκράτης, Θήβα, Ἑλξίππα, Γοργώι, Λυσώι), et qui périrent peut-être lors de l'occupation de la cité par Nabis de Sparte, en 201 av. J.-C., ou lors de l'attaque de Démétrios de Pharos, en 214. L'intérieur du monument était occupé par une rangée de tombes à ciste dont l'une, datée du Ier s. av. J.-C. et abritant un squelette de femme ainsi que trois urnes cinéraires en plomb, a notamment livré des vases en verre, de nombreuses épingles en os, dont plusieurs à tête ouvragée (fig. 3), et un pendentif en or (fig. 4).
Ergon 42 (1995), p. 27-36.
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