DIKILI TASH - 1993
Dikili Tash
H. Koukouli-Chryssanthaki rend compte dans l'Ergon (1993) [1994], p. 68-75, des résultats de la campagne de fouilles effectuée par l'équipe grecque dans le secteur VI, déjà partiellement exploré en 1967 : l'étude portait sur la couche de destruction du Néolithique Récent et les vestiges architecturaux de cette phase. L'actuelle extension de la surface fouillée (300 m2) a permis de reconnaître les premiers éléments de l'organisation spatiale de l'habitat de la fin du Néolithique Final et l'on voit désormais se dessiner les plans complets de maisons de cette époque.
1) Dans le sondage VIβ, un bâtiment brûlé était enfoui sous une couche de destruction de la fin du Néolithique. Dans une couche supérieure, des assemblages de pierres disposées en cercle servaient probablement de trous de poteau. Des amas d'argile brûlée pourraient provenir de fours ou foyers (?). Au centre du sondage, une structure semi-circulaire supportait peut-être un foyer. D'après le matériel céramique, ce niveau date de l'Âge du Bronze Ancien.
2) La même couche a été fouillée dans le sondage Vlγ : on y a dégagé deux trous de poteau entourés de pierres et une fosse-dépotoir contenant des cendres et des fruits et graines calcinés, semblable à deux fosses dégagées lors de la précédente campagne. Elles sont à mettre en relation avec la couche d'habitation de l'Âge du Bronze Ancien.
3) Dans le sondage VIδ, une couche de destruction du Néolithique Récent recouvrait le bâtiment à murs en torchis partiellement mis au jour en Vlγ en 1989 (cf. BCH 114 [1990], Chron., p. 799). On a dégagé la suite du foyer, ainsi que des fragments de murs en torchis brûlés. Le bâtiment, orienté NE/SO, était de forme allongée, d'une largeur d'environ 5 m. L'espace à l'Est du bâtiment était à l'air libre (?). Dans l'angle Nord-Est, des masses de murs détruits reposaient sur un sol qui a livré cendres et tessons.
4) La fouille de la couche superficielle du nouveau sondage VIε a mis au jour deux trous de poteau avec pierres. Ce premier niveau reposait sur l'épaisse couche de destruction d'un bâtiment déjà partiellement dégagé par D. Théocharès en 1967. Les fragments de murs de terre gardent les traces d'un violent incendie. Dans la partie Sud du bâtiment, on a recueilli des pépins de raisin calcinés. Il est probable qu'un second bâtiment s'étend dans la partie orientale du sondage.
5) On a réouvert d'autre part le sondage de 1967 (Vlστ) : le bâtiment orienté NE/SO – dont une extrémité a été dégagée cette année en VIε –, mesurant environ 10 x 5 m, abritait deux fours ou foyers (fouillés en 1967). L'un (1 x 1 m), contre le mur Ouest de la maison, a conservé des morceaux de la naissance de sa voûte, et de nombreux fragments de sa superstructure écroulés à l'intérieur. L'autre (2 x 1,50 m) a conservé en partie sa paroi orientale. Au pied d'un banc de torchis, près du premier four, on a trouvé un vase en torchis presque intact, fortement brûlé. Dans l'extension orientale du sondage, une seconde maison de même orientation présentait d'importantes traces de combustion. Le mur occidental, avec poteaux ronds, était épais d'environ 20-30 cm. À proximité du mur, on a mis au jour la voûte d'un four (fig. 80), à côté duquel se trouvait un pithos en argile abondamment mêlée de paille.
Les deux maisons étaient séparées par un long couloir, large de 1,50 m, peut-être une rue (fig. 80). Elles ont été détruites à la fin du Néolithique Récent, comme le prouve le matériel recueilli dans la couche de destruction, traversée en deux endroits par des fosses-dépotoirs plus récentes, contenant des graines carbonisées : l'une des fosses a livré des figues sèches carbonisées.
Les résultats de la campagne 1993 permettent d'affirmer l'existence d'un niveau archéologique postérieur à la couche de destruction du Néolithique Récent, caractérisé architecturalement par des constructions légères en torchis avec trous de poteau renforcés par des pierres, qui date d'une phase avancée du Bronze Ancien. La couche de destruction de la fin du Néolithique Récent a été dégagée sur toute la surface fouillée avec d'importantes traces d'incendie. Tous les bâtiments de la fin du Néolithique Récent, de dimensions comparables, sont orientés NE/SO et séparés par des rues ou des cours. Le matériau employé dans la construction des murs, des toits ainsi que des fours et des bancs est le pisé. Les pépins de raisin calcinés, restes de marc, recueillis dans les vestiges du Néolithique Récent constituent la plus ancienne attestation de production de vin au monde.
Les résultats de la campagne de fouilles de 1987, publiés dans l'ArchDelt 42 (1987) [1992], B'2, p. 452-453, avaient déjà été résumés dans le BCH 112 (1988), Chron., p. 662 (cf. également BCH 115 [1991], Chron., p. 915).
Les résultats des fouilles effectuées en 1993 par l'équipe française, sous la direction de R. Treuil (Université de Paris I), sont publiés supra, p. 437-446. Outre des recherches géomorphologiques et une campagne de détection électrique, on a dégagé dans les secteurs II et V des niveaux correspondant à plusieurs phases, du Néolithique Moyen au Néolithique Récent ; aux niveaux d'habitation sont liés des fours, dont le four en fer à cheval découvert en 1991 (cf. BCH 116 [1992], fig. 2, p. 716), qui a été entièrement dégagé.
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