ÉLEUSIS - 1992
Âge du Fer - Protogéométrique - Géométrique
Antiquité - Archaïque - Classique - Hellénistique - Romaine
Eleusis, Elefsis, Elefsina, Lepsina
En 1991-1992, dix-huit fouilles d'urgence, dont les résultats sont présentés en détail dans AD 46 (1991) [1996] Β'1, p. 34-46 et AD 47 (1992) [1997] Β'1, p. 32-42 [K. Papangéli], ont été effectuées dans l'agglomération moderne, mettant au jour des constructions et des tombes dont la chronologie s'échelonne entre l'Helladique Récent et l'époque romaine.
Vestiges mycéniens. — À 300 m au Nord de l'acropole (rue Hatzidaki) de maigres vestiges de la fin de l'époque mycénienne témoignent de l'usage domestique de cet espace : lambeaux de sol, masses de terre à bâtir effondrées, céramique commune mais aussi fragments de coupes et de bols, ossements d'animaux, coquillages marins. Deux tombes d'enfants, quoique dépourvues de mobilier, datent probablement de la même époque.
Vestiges géométriques. — Une fosse-dépotoir, contenant des fragments de charbon et d'argile rouge brûlée ainsi que de la céramique du Géométrique Récent, a été fouillée à 300 m au Nord du site (angle des rues Perséphonis et Hadzidaki). Un peu plus à l'Est (rue Hérôôn Polytechniou), on a mis au jour des vestiges d'habitation, notamment des dalles servant sans doute de bases à des orthostates en bois, un foyer et trois fosses-dépotoirs. Dans la rue Hatzidaki, outre les restes de constructions HR (v. supra), on a constaté la présence de vestiges s' échelonnant sur tout l'Âge du Fer, du Protogéométrique (mur, restes de faune) à la fin du Géométrique (deux tombes, dont une sépulture d'enfant dotée de 22 vases et d'une grenade). Dans le même terrain on a dégagé une construction triangulaire d'usage non domestique datant de la fin du VIIIe s. ou de la 1re moitié du VIIe s. av. J.-C., ainsi que des vestiges archaïques et classiques.
Vestiges archaïques, classiques et hellénistiques
1) Voirie. — Un nouveau segment de la voie antique menant d'Eleusis à Thèbes (v. BCH 120 [1996] Chron., p. 1138) a été mis au jour dans l'ancienne rue Thivôn (actuelle rue Herôôn Polytechniou), à 500 m au Nord-Ouest du site (terrain Chakali). De même orientation (Est-Ouest) que la rue moderne, la route antique, dégagée sur 14 m de long, avec ses deux murs d'analemma et quatre strates superposées, mesurait entre 3 m et 3,40 m de large. Au Nord de celle-ci on a fouillé un vaste bâtiment absidal du début de l'époque archaïque ; au Nord-Ouest, des tombes en mauvais état qui montrent que la route était bordée par une nécropole ; au Sud, une chambre souterraine carrée d'époque hellénistique qui avait conservé son escalier, et que certaines trouvailles semblent désigner comme un local artisanal : cavité avec cendres, coquilles de murex, amphore avec restes de substance rouge, masses de plomb. Parmi le matériel on signale un cratérisque avec palmettes imprimées à l'intérieur et l'inscription Φιλοτησίας sous la lèvre, ainsi qu'un moule en terre cuite (taureau).
Un autre segment de la même route a été dégagé un peu plus au Nord, dans le terrain du 3e lycée d'Éleusis (angle des rues Pindou et Kolokotroni).
Une rue d'époque classique orientée Nord-Sud (larg. 2,80 m), qui menait apparemment vers la mer, a été recoupée dans la rue Pangalou. Elle comportait six strates, dont les plus anciennes recelaient de la céramique archaïque. La présence de céramique de bonne qualité pourrait confirmer l'existence, supposée par Travlos, d'un sanctuaire de Triptolème dans les parages.
Un nouveau tronçon d'une canalisation déjà connue, qui date sans doute de l'époque hellénistique (v. BCH 119 [1995] Chron., p. 861), a été découvert rue Papayanni, à 600 m au Nord de l'acropole. À 200 m plus au Nord (angle des rues Vyronos et Pindou) sont apparus, dans une couche alluviale, les restes d'un puissant mur qui pourrait être la suite du mur de retenue des eaux précédemment repéré (v. BCH 117 [1993] Chron., p. 782).
2) Maisons. — Sept pièces appartenant très probablement à une maison hellénistique ont été dégagées à environ 300 m au Nord-Est de l'acropole (4, rue Hérôôn Polytechniou) ; la même fouille a livré la partie supérieure d'une colonnette funéraire inscrite (Κλεοπάτρα), un fragment de tambour de colonne dorique et des fragments de statue drapée. Dans la même rue, une autre fouille (terrain Karadza) a révélé les fondations de quatre puissants murs sans doute hellénistiques délimitant deux espaces rectangulaires de fonction indéterminée ; à ce bâtiment étaient associés un puits et une canalisation en terre cuite. Dans le même terrain, la démolition d'une vieille construction a donné un relief fragmentaire en marbre du IVe s. av. J.-C. représentant une figure féminine drapée du type de Déméter.
Constructions impériales. — Trois découvertes sont à signaler :
1) une rue Est-Ouest bordée au Sud par des constructions appartenant à plusieurs phases, au Nord par des tombes ; parmi les constructions, quatre citernes ; dans les couches supérieures, une abondante céramique tardo-romaine et un trésor de cent trente monnaies en bronze (angle des rues Perséphonis et Hatzidaki) ;
2) un mur en poros conservé sur une assise, appartenant à l'aile Nord de la grande cour péristyle des thermes romains jadis partiellement fouillés aux abords de l'église Saint-Georges et rue Pisistratou (angle des rues Pangalou et Kimonos) ;
3) un nouveau segment de l'aqueduc romain (v. BCH 120 [1996] Chron., p. 1138), qui a permis de constater que l'une des deux canalisations passait à 2,50 m de la base des piles et l'autre à 3,35 m (rue Dimitros).
Un autre tronçon de l'aqueduc, comportant six arcades conservées sur 4 m de haut, a été mis au jour dans la même rue en 1997. Presse du 25 au 27.1 1.97.
Tombes et nécropoles. — À 500 m au Nord de l'acropole (85, rue Ethnikis Antistaséôs), on a fouillé quinze nouvelles tombes appartenant à la nécropole qui fonctionna entre le VIIe s. av. J.-C. et la fin de l'époque classique (v. BCH 120 [1996] Chron., p. 1139), ainsi que la suite d'un puissant mur de soutènement postérieur. Les tombes étaient regroupées en deux ensembles, entre lesquels passait probablement une rue, large de 3,50 m, orientée Sud-Est/Nord-Ouest. Parmi leur mobilier, on retiendra surtout les éléments finement travaillées d'un fuseau en os.
On a aussi fouillé dix-huit tombes de la nécropole précédemment reconnue rue Kouyoumtzoglou (v. BCH 119 [1995] Chron., p. 861), au Nord de l'acropole. Leur chronologie s'échelonne entre la fin de l'époque archaïque et le début de l'époque hellénistique, des différences importantes existant entre les plus anciennes et les plus récentes : a) les sarcophages du Ve s. av. J.-C. sont en poros, recouverts de dalles plates, tandis que ceux du IVe s. sont en marbre avec des couvercles à fronton ; b) les fosses à incinération les plus anciennes sont de dimensions plus réduites que les plus récentes ; c) le mobilier des tombes archaïco-classiques se compose surtout de lécythes à figures noires, celui des tombes hellénistiques d'alabastres en pierre et d'objets métalliques, dont un casque, un strigile en fer, une louche et un canthare en bronze.
Une nécropole romaine et tardo-romaine a été découverte rue Souliou, au dessus de restes de tombes hellénistiques. L'une des dix-sept tombes fouillées est un monument funéraire constitué de deux cistes jumelles.
Les fouilles menées en 1994 et 1995 par la Société Archéologique et l'Université de Manitoba sur le flanc Sud-Ouest de l'acropole (v. BCH 119 [1995] Chron. p. 860 ; 120 [1996] Chron. p. 1139) font l'objet de deux rapports, signés par M. Kosmopoulos, dans EMC 39 (1995), p. 75-94 et 40 (1996), p. 1-26.
avec la contribution de
Béatrice Detournay
Anna Philippa-Touchais
Yannis Varalis
BCH 122.2 (1998), p. 738-741
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