ÉLEUSIS - 1990
Eleusis, Elefsis, Elefsina, Lepsina
Fouilles du Service archéologique.
En 1989-90, dix-sept fouilles d'urgence, dont les résultats sont présentés en détail dans AD 44 (1989) [1995] Β'1, p. 27-39 et AD 45 (1990) [1995] Β'1, p. 48-58 [K. Papangéli, N. Divari-Valakou], ont été effectuées dans l'agglomération moderne, mettant au jour des vestiges de constructions dont la chronologie s'échelonne entre l'Helladique Ancien et le Bas-Empire, ainsi que deux groupes de tombes situés à plusieurs centaines de mètres au Nord de l'acropole.
Habitat de l'Helladique Ancien. — À 1300 m au Nord-Ouest de l'acropole (rue Arkadiou, terrain Kouvidi) on a mis au jour, pour la première fois, des vestiges architecturaux de l'Helladique Ancien qui, malgré leur indigence, font remonter de plusieurs siècles la première occupation du site, jusqu'à présent datée de l'Helladique Moyen. Il s'agit d'un angle de murs de maison associé à un sol — de cour ou de ruelle — empierré, et d'un puissant mur Est-Ouest d'épaisseur variable, conservé par endroit sur 1 m de haut, suivi sur environ 20 m de long, dont rien ne permet de déterminer s'il a fonction de mur d'enceinte ou s'il appartient à un vaste bâtiment. Le matériel recueilli comprend un grand nombre de tessons HA II, des lames et des éclats d'obsidienne ainsi que des coquillages.
Vestiges classiques et hellénistiques. — La route antique d'Eleusis à Thèbes, déjà connue (v. BCH 108 [1984] Chron., p. 751), a été recoupée dans l'ancienne avenue Thivôn — actuelle rue Hérôôn Polytechniou — sur une longueur de 11,20 m. Conservée sur sept strates d'une épaisseur totale de 0,80 m, elle n'a pas été dégagée sur toute sa largeur, mais la présence d'un puits sensiblement contemporain, rempli de céramique domestique, indiquerait que la nécropole qui la bordait ne s'étendait pas jusque là.
Dans un terrain situé à 300 m au Nord du site archéologique (23, rue Dimitros), on a découvert les vestiges très ruinés d'un bâtiment comportant trois pièces en enfilade, dont l'une abritait une fosse-dépotoir bourrée de fragments d'amphores de stockage et d'autres vases domestiques. À l'extérieur du bâtiment, la fouille a mis au jour : une fosse recelant un trésor de trente-cinq monnaies de bronze athéniennes du Ier s. av. J.-C. (une seule est plus ancienne : fin IVe-début IIIe s. av. J.-C.), qui date la construction ; un puits d'époque classique, utilisé au moins jusqu'à l'époque hellénistique et dont les parois étaient faites d'éléments cylindriques en terre cuite superposés ; une puissante canalisation maçonnée d'époque romaine.
Constructions impériales. — À faible distance au Nord de l'acropole, on a poursuivi la fouille de l'établissement thermal d'époque impériale précédemment découvert (v. BCH 117 [1993] Chron., p. 782), dégageant la suite du tepidarium, deux pièces pavées de mosaïques, deux bassins en briques aux parois enduites de mortier hydraulique, une cour rectangulaire et un puits en appareil polygonal construit probablement à l'époque hellénistique et demeuré en usage jusqu'à l'époque byzantine. Dans les couches profondes, la fouille a recoupé des vestiges d'occupation mycéniens et géométriques.
Non loin de là, dans la rue Dimitros, un nouveau segment de l'aqueduc romain, long de 31,50 m, a été dégagé (v. BCH 119 [1995] Chron. p. 861) ; la fondation, orientée Nord-Sud — parallèlement à une rue tardo-classique ou hellénistique — , portait les restes de sept piles des arcades.
Des sondages effectués dans trois terrains situés à l'Est de l'acropole ont mis au jour des vestiges de constructions d'époque romaine (maisons, installations artisanales) ainsi qu'une tombe appartenant au cimetière qui, à basse époque, s'installa dans cette partie du site devenue inhabitée.
Sur le quai du port, des travaux d'aménagement ont amené la découverte de thermes publics, dont a fouillé huit espaces : plusieurs d'entre eux constituaient le frigidarium, tandis que les autres correspondent à l'apodyterium, au caldarium et au tepidarium.
Tombes. — À 700 m au Nord de l'acropole, dans une zone où l'on n'avait jusqu'à présent découvert aucune tombe, les fouilles effectuées dans trois terrains (rues Papagianni, Riga Phéraiou et Pétraki) ont révélé l'existence d'une nécropole archaïque et classique bordant une rue Nord-Sud. Une cinquantaine de tombes ont été fouillées, dont sept seulement datent de l'époque romaine. Les tombes archaïques et classiques sont soit des crémations, soit des sarcophages en pierre ; on relève aussi la présence de quatre cavités à offrandes, d'un péribole en forme de Π et d'un monument funéraire. Un fragment de relief classique et une cuisse de kouros archaïque en marbre sont les seuls témoignages de sculptures funéraires.
Dans un terrain situé un peu plus au Sud (rue Ethnikis Antistaséôs), on a découvert soixante-deux tombes datées entre le VIIe s. av. J.-C. et la fin de l'époque classique, et quatre tombes d'époque romaine tardive. Les tombes les plus anciennes sont toutes des sépultures d'enfant en jarre. Durant l'époque classique, les enfants sont inhumés dans des sarcophages en terre cuite de forme ellipsoïdale, tandis que les adultes sont le plus souvent incinérés sur des bûchers ou enterrés dans des tombes en fosse. De la période classique date un péribole, qui délimite la nécropole au Nord ; ses débris recelaient un lécythe en marbre décoré d'une scène de dexiôsis en relief représentant un jeune chasseur et un vieillard assis.
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