LE PIRÉE - 1989

Plus d'une vingtaine de fouilles d'urgence ont été effectuées en 1989. Une dizaine d'entre elles ont livré les traces de carrières antiques, situées pour la plupart dans la région de l'Aktè, mais aussi dans celle de Mounichie, sur le flanc Nord de la colline du Prophète-Élie. Tout aussi nombreuses, mais plus dispersées, sont les citernes, dont on n'a souvent retrouvé que l'embouchure.
Un seul terrain (168, rue Praxitélous) recelait des vestiges d'habitation interprétables : ceux d'une maison hellénistique à cour péristyle, qui fut ultérieurement remaniée et abrita peut-être un atelier où l'on fabriquait de la pourpre.
Dans un autre terrain (14, rue Botzari) on a recoupé l'une des artères principales de la ville classique, rue de 7 m de large bordée par deux murs d'analemma, déjà connue par des fouilles antérieures.
Les deux seules tombes découvertes (rue Thivôn) appartiennent à la nécropole Nord (v. BCH 115 [1991] Chron., p. 846 ; 117 [1993] Chron., p. 776). La première est une ciste en marbre du V^e s. av. J.-C., qui a livré plusieurs vases, dont huit lécythes à fond blanc ; la seconde un sarcophage en pierre renfermant un cercueil en bois, d'où l'on a retiré un lécythe du IV^e s., un strigile et une lame en bronze.
Deux découvertes présentent un intérêt particulier :
— celle du petit côté Nord de la skeuothèque de Philon (170, rue Hypsilandou), avec son entrée caractéristique, confirme l'identification de l'édifice découvert, l'année précédente, sous la rue de la 2^e Mérarchie (fig. 1) (v. BCH 113 (1989) Chron., p. 589) et permet d'en estimer les dimensions : 131 x 18 m ; on n'a retrouvé que les fondations de ce côté, larges de 2 m et d'une hauteur variable — de une à huit assises — suivant la pente du terrain ;
— une autre découverte, près de l'ancien port de Zéa (8-10, rue Machaonos), illustre la réoccupation fréquente d'anciennes carrières par des constructions, en l'occurence un petit temple prostyle, dont il ne reste que les bases de trois colonnes et le stylobate, taillés dans le rocher. La fonction de l'édifice est confirmée par la présence d'un dépôt cendreux contenant des ossements d'animaux et une cinquantaine de vases miniatures. Certains indices suggèrent que ce temple pourrait être celui d'une divinité étrangère, peut-être la déesse thrace Bendis, dont le culte est attesté par deux inscriptions trouvées naguère dans les parages.
AD 44 (1989) [1995] Β'1, p. 50-54 [G. Steinhauer].

Signalons la parution de la 2^e édition de l'ouvrage de Chr. Panagos, Ο Πειραιεύς. Οικονομική και ιστορική έρευνα από των αρχαιοτάτων χρόνων μέχρι του τέλους της ρωμαϊκής αυτοκρατορίας (1995). Cette édition comprend, en annexe, des données nouvelles sur la topographie et la vie économique de la ville, fournies par G. Steinhauer.