ATHÈNES. – Bibliothèque d'Hadrien - 1990
En 1989-90, la Ire Éphorie des Antiquités préhistoriques et classiques a poursuivi les fouilles systématiques et les travaux de restauration qu'elle mène, depuis 1980, dans la zone de la façade Ouest du bâtiment. Les recherches, dont les résultats sont exposés en détails dans AD 44 (1989) [1995] Β'1, p. 10-17 et AD 45 (1990) [1995] Β'1, p. 14, 16, 24-25, ont essentiellement porté sur le péristyle occidental et la partie Nord du propylon ; leur objectif était triple : l'étude des vestiges d'époque post-byzantine et ottomane ; le dégagement de l'état romain de la partie Sud de la façade ; l'étude du soubassement du propylon, du mur Ouest et du péristyle.
Vestiges d'époque ottomane. — Le démontage des constructions turques et othoniennes entrepris en 1986 (v. BCH 117 [1993] Chron., p. 768), a été poursuivi 1) à l'extérieur de la façade Ouest du monument, où l'on a démonté des murs du Voïvodaliki et du bain turc, des canalisations, une fontaine publique, etc. ; 2) à l'intérieur de la façade Ouest, où l'on a pu reconstituer l'aspect originel du Voïvodaliki et effectuer des restaurations ; c) à l'Oikos du péribole Nord, où l'on a effectué des travaux de consolodation et de restauration.
Propylon. — À l'emplacement du narthex de l'église des Saint-Asomates « sta Skalia », on a mis au jour quatre tombes, dont trois voûtées et une à ciste servant d'ossuaire. L'étude de leur mobilier — qui comprend notamment des cruches, des vases à parfum en verre (fig. 2-3) et des bijoux — indique qu'elles furent utilisées entre le ΧΙΙIe et le XVIIe s. ap. J.-C. ; celle des ossements, qu'elles abritent les restes d'au moins cinquante individus (hommes, femmes, enfants), appartenant probablement à la famille Chalcocondyli, qui était propriétaire de l'église.
Péristyle. — À l'Est de l'euthyntéria du péristyle, entre la onzième et la quatorzième colonne en partant du Nord, on a découvert des restes d'habitation d'époque byzantine (pithoi, silo) et un puits d'époque ottomane. La fouille à l'emplacement du sondage Laurenzi a permis de constater que la fondation du mur occidental du péristyle avait été renforcée par des contreforts en brique de 2 m de haut ; que les intervalles entre ceux-ci furent comblés, à une époque ultérieure, par des fragments de blocs architecturaux, de sculptures et d'inscriptions ; et que ce remplissage servit de fondation au mur d'enceinte érigé après la destruction du péristyle.
La découverte la plus importante a été celle d'une maison de la fin de l'époque hellénistique ou du début d'époque romaine, en partie détruite par la fondation du péristyle occidental, qui s'y superposa. On en a dégagé deux vastes pièces et une partie de la cour. Il s'agit d'une riche demeure, comme le prouvent les nombreux fragments de fresques décorant ses murs ; ces peintures, qui datent de la phase romaine de la maison (Ier s. ap. J.-C.), sont de couleurs vives (rouge pompéien, jaune, vert, noir, gris), à motifs géométriques, floraux ou imitant le marbre, un seul fragment présentant un décor figuré : une tête, d'acteur probablement (v. BCH 116 [1992] Chron., p. 836). L'extension des fouilles au Nord de la maison a révélé l'existence d'une rue antique (larg. 2,20 m) menant à l'Agora. Au Nord de cette rue, une deuxième maison d'époque romaine (fin Ier-début IIe s.) a été découverte ; devant la parastade gauche de l'entrée, enfoncée dans la chaussée, se trouvait une stèle honorifique dédiée à un empereur, sans doute Néron, dont le nom est effacé : [Νέρωνος] | Καίσαρος | νέου | Ἀπόλλωνος.
Ce texte est publié par A. Spetsiéri-Chorémi, « Library of Hadrian at Athens. Récent Finds », Ostraka 4 [1995], p. 137-147 (v. Bull. ép. [1996] 191 [S. Follet]).
Parmi le matériel recueilli lors du démontage des structures médiévales et modernes, on retiendra surtout la statue acéphale de Nikè ailée (v. BCH 113 [1989] Chron., p. 584 ; 114 [1990] Chron., p. 841 ; 117 [1993] Chron., p. 768), qui était remployée dans le mur Ouest de la grande citerne byzantine (fig. 1). Il s'agit d'une statue colossale en marbre du type Victoria Romana, connue par une série de monnaies frappée par Auguste en 29-27 av. J.-C. pour commémorer la victoire d'Actium ; lors des travaux de restauration de la statue, on a relevé des traces de couleur foncée sur la jambe. D'autres remplois sont à signaler, notamment un buste de figure féminine provenant d'une frise classique, un buste de prêtresse d'Isis (ΙIe-Ier s. av. J.-C.) et une statuette d'Aphrodite du type de Fréjus.
[P. Kalligas, A. Chorémi, G. Knithakis, G. Tinginaga, V. Papadimitriou].
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