ATHÈNES. – Agora - 1995

Fouilles de l'École américaine. — La campagne menée en 1995 par J. McK. Camp II — qui en rend compte, en même temps que de la précédente, dans Hesperia 65 (1996), p. 231-261 — a porté sur trois points : la Voie des Panathénées, le bâtiment commercial d'époque classique situé au Nord de la Stoa Poikilè et le puits tardo-archaïque découvert à l'Ouest de cette dernière (fig. 4).
1) Voie des Panathénées. — La poursuite de la fouille des niveaux classiques a révélé de grandes différences dans la composition des remblais : graviers tassés au IV^e s. ; matériaux beaucoup plus fins, visiblement tamisés, dans la seconde moitié du V^e s. ; graviers plus grossiers dans les trois ou quatre niveaux sous-jacents ; épais remplissage de sable et de graviers correspondant sans doute à une réfection consécutive au sac de la ville par les Perses en 479 av. J.-C. Il n'a pas été possible de descendre plus bas pour voir si la voie suivait le même tracé à l'époque archaïque. On note qu'aucun des niveaux de rue de l'époque classique ne présentait de traces de roues.
2) Bâtiment commercial classique. — Au Nord de la rue Hadrianou, on a poursuivi la fouille du complexe situé en bordure de la rue qui passait entre la Stoa Poikilè et le sanctuaire d'Aphrodite. Occupé entre le début du IV^e s. av. J.-C. et le I^er s. ap. J.-C., il se compose de plusieurs boutiques, dont chacune a sa propre séquence stratigraphique. Le remplissage de l'une d'elles (pièce 3) a livré plusieurs terre cuites, dont une tête de cheval d'un modelé exceptionnel (fig. 1), rappelant celles de la frise du Parthénon, et un satyre en relief, très proche des personnages du monument de Lysicrate (fig. 2). La présence, au Nord-Est du bâtiment, d'un autre dépôt de terres cuites — plus récent (seconde moitié du I^er-début du ΙI^e s. ap. J.-C.) et comprenant aussi plusieurs moules — renforce l'idée que le bâtiment abritait au moins une boutique-atelier de coroplathe. Cette trouvaille vient éclairer une période encore mal connue de l'histoire de la coroplathie athénienne.
Après l'abandon du bâtiment (I^er s. ap. J.-C.), l'espace ne fut réoccupé que sous le Bas-Empire (IV^e- V^e s.), comme l'attestent quelques lambeaux de sols et de murs, puis de façon plus extensive aux Χ^e-ΧI^e s. Entre temps, on décèle les traces d'un nouvel abandon (VI^e s.), peut-être lié à l'invasion slave des années 580.
3) Puits tardo-archaïque. — On a achevé, à l'Ouest de la Stoa Poikilè, la fouille du puits commencée l'année précédente. Le remplissage a notamment livré un lot de vases décorés de belle qualité, datés des années 510-480 av. J.-C. (fig. 3) : parmi eux, six coupes à figures rouges dont trois, ornées de jeunes gens dans des poses diverses, sont proches par le style des peintres du groupe d'Épéleios et de Skythès ; un grand skyphos à figures noires décoré de banqueteurs, de musiciens et d'oiseaux ; une péliké à figures rouges, peut-être du peintre Nikoxénos, et une œnochoé à figures noires dont le style évoque celui du peintre d'Athéna. On mentionne aussi — trouvaille plus rare — une phiale décorée à l'intérieur de six taureaux tachetés, peints en rehauts blancs ou rouges, sans incision, imitant apparemment un prototype en métal. Ce matériel était enfoui sous une épaisse couche de pierres et de fragments de rocher correspondant à un comblement délibéré du puits, peut-être lié au sac de 479 av. J.-C., le puits lui-même étant scellé par un mur de maison du début de l'époque classique.

Signalons la parution du vol. XXVIII des fouilles de l'Agora, consacré aux tribunaux athéniens et à tous les témoignages dont on dispose à leur sujet : A. L. Boegehold, The Lawcourts at Athens. Sites, Buildings, Equipment, Procedure and Testimonia (1995), avec contributions de J. McK. Camp II, M. Crosby, M. Lang, D. K. Jordan et R. F. Townsend.