SKALA OROPOU - 1996
Skala Oropou
Fouilles de la Société archéologique. — La fouille d'un important établissement géométrico-archaïque commencée dans les années 80 par A. Dragona†, sur un terrain de l'Organisme des Bâtiments Scolaires (Ο.Σ.Κ.), à l'Ouest de la ville classique et hellénistique, a été reprise en 1996 par A. Mazarakis-Ainian. Les premières fouilles avaient mis au jour, dans le secteur I : une maison du début de l'époque archaïque dont il restait trois pièces donnant sur un vestibule ; à l'Est de celle-ci, une rue Nord-Sud de la même époque ; un mur long de 35 m (péribole, mur de soutènement ou hécatompédon ?) se terminant en abside et datant probablement du Géométrique Récent ; enfin, à la limite Ouest de la fouille, un mur de 59 m de long de la fin de l'époque archaïque qui servait sans doute de péribole. Dans le secteur II, situé immédiatement à l'Est du précédent, on avait fouillé un ensemble d'ateliers métallurgiques en usage du milieu du VIIIe s. à la fin du VIIe s. av. J.-C. et comprenant des constructions, des fours métallurgiques, des foyers (à l'intérieur ou à l'extérieur des constructions), des couches de cendres et des déchets de fonderie. Les constructions — de plan ellipsoïdal, circulaire, absidal ou rectangulaire — étaient bien conservées : murs en brique crue sur soubassement de pierre, sols enduits d'une épaisse couche d'argile, seuils surhaussés, apparemment pour empêcher les eaux du torrent voisin d'inonder les habitations.
Le nouveau programme de fouille et d'étude a été centré sur le secteur II (fig. 2), où, à l'intérieur d'un péribole rectangulaire (fig. 1), domine le bâtiment absidal Θ, auquel divers éléments, outre son mobilier (lampes, bijoux, vases intacts), confèrent une importance particulière : ses grandes dimensions, la présence d'une banquette dans la pièce du fond et celle d'un grand foyer central. Il pourrait s'agir d'un édifice cultuel lié au culte de la nymphe Halia ou Leukothéa, sœur des Telchines, ou de la demeure d'un personnage important. Au Nord-Ouest de cet édifice, le petit bâtiment circulaire ΙΓ est peut-être à mettre en rapport avec le culte des ancêtres ; on y a notamment trouvé un modèle de navire en terre cuite. Dans la partie Ouest du péribole, les bâtiments I et IA, dont le second se substitua au premier à la fin du VIIIe s. av. J.-C., étaient apparemment des ateliers. Au Nord de ceux-ci, on a dégagé un four de potier circulaire (ΙΔ). Dans la partie Sud du péribole, le bâtiment circulaire ΣΤ, qui date du Géométrique Récent, a livré un scarabée égyptien et des figurines d'animaux ; la présence d'une banquette y est interprétée comme l'indice d'une fonction cultuelle. Le bâtiment circulaire H, daté du milieu du VIIe s., renfermait les restes d'un four ainsi qu'une grande quantité de noyaux d'olives utilisés comme combustible.
À l'extérieur du péribole, le réexamen des édifices A et Β-Γ a révélé qu'ils étaient entourés d'un péristyle, ce qui suggère, selon le fouilleur, que le temple périptère a ses origines dans l'architecture domestique du début de l'époque historique. La présence de fours, d'outils en métal et de scories indique que ces deux édifices, comme d'ailleurs l'édifice Ε situé plus à l'Est, avaient servi d'ateliers. Dispersées autour des bâtiments, une trentaine de tombes, souvent recouvertes de tumuli de pierres avec sèmata, abritaient pour la plupart des sépultures d'enfants ; les plus récentes étaient trois incinérations du VIe s. av. J.-C.
La céramique recueillie au cours de la fouille atteste des liens avec Érétrie (fig. 3) mais aussi avec l'Attique. Trouvaille exceptionnelle, dans un contexte daté de la 2e moitié du VIIIe s. av J.-C. : un poids de filet en pierre sur lequel on lit, écrit très probablement en alphabet eubéen, le nom Πειθάλιμος (fig. 4) ; ce serait la plus ancienne inscription d'Oropos.
Les fouilles menées naguère par A. Dragona à Néa Palatia, à l'Est d'Oropos, ayant exhumé des vases du Xe et IXe s. av. J.-C., on en conclut qu'à l'époque géométrique il y avait deux habitats dans la région, le plus ancien à l'Est de l'Oropos classique, le plus récent à l'Ouest. Le fouilleur propose d'identifier ce site avec la Graia homérique.
Ergon 43 (1996), p. 27-38 ; 44 (1997), p. 24-34 ; Καθημερινή 6.12.97.
A. Mazarakis-Ainian donne, dans Euboica, p. 179-215, un rapport détaillé sur la campagne de 1996, ainsi que sur les fouilles menées en 1985-1987 par A. Dragona† sur le terrain de l'Office des Télécommunications (OTE).
Une note sur la topographie d'Oropos est publiée par A. Dragona†, dans AE 133 (1994) [1996], p. 43-45.
M. Pologiorghi publie de son côté une série d'inscriptions funéraires provenant de la nécropole occidentale de la ville antique.
Ηόρος 10-12 (1992-1998), p. 331-346
avec la contribution de
Béatrice Detournay
Anna Philippa-Touchais
Yannis Varalis
BCH 122.2 (1998), p. 736-739
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