TÉGÉE. - Temple d'Athéna Aléa - 1994

La quatrième saison de fouilles, conduite en collaboration avec l'Institut suédois, les Écoles italienne et française, l'Université d'Arizona et la V^e ΕΠΚΑ, a été menée, sous la direction de E. Østby, par K. Ôdegard, G. Nordquist, Ch. Tarditi, J.-M. Luce et M. Voyatzis.

Dans la partie inférieure du secteur au Nord du temple, on a poursuivi la fouille des niveaux sous-jacents à la surface en usage à l'époque classique tardive et post-classique. Ce remblai contenait un intéressant matériel provenant de dépôts votifs du VIII^e-VII^e s. av. J.-C, où l'on signale, outre des objets métalliques de qualité (une phiale, un pendentif en forme de grenade, des disques, épingles, anneaux ...), une belle tête de figurine féminine en plomb, et des personnages découpés dans des feuilles de plomb, semblables à ceux du sanctuaire d'Artémis Orthia à Sparte. Ce remblai reposait sur deux niveaux, probablement du VI^e-V^e s. av. J.-C, pauvres en matériel, dont la surface se reconnaissait à la présence d'abondants cailloux blancs. Divers groupes de trous de poteau dégagés sur le niveau inférieur témoignaient de l'existence de constructions modestes (cabanes ou simples palissades). Un tronçon de mur de moellons courbe pourrait appartenir à un édifice du VII^e s. av. J.-C. Dans la partie Nord de ce secteur, à proximité de la route moderne, un nouveau sondage a mis au jour, sous le niveau post-classique, qui descend en direction du temple, et sous lequel seul un mince remblai a été dégagé, d'importants vestiges d'une vaste construction en briques crues d'époque archaïque, dont la forme et la fonction n'ont pu à ce jour être définies.

À l'intérieur du temple, on a ouvert un nouveau sondage à l'extrémité orientale de la cella classique, dans le but d'identifier les façades des deux bâtiments de culte géométriques. Le pronaos du plus récent – le plus grand des deux bâtiments – était fermé au Nord et au Sud par des murs de terre émergeant sous les fondations de la colonnade archaïque (fig. 18) et soutenus à l'intérieur par des poteaux de bois dont les trous sont visibles sur le sol. La façade du pronaos comprenait probablement des poteaux semblables entre les antes : la face antérieure de l'ante Nord, conservée, était couverte d'une planche de bois. La longueur totale du bâtiment était de 12-13 m, pour une largeur extérieure légèrement supérieure à 4 m. Le mur de refend séparant le pronaos de l'intérieur de l'édifice n'a pas encore été dégagé. Deux (trois ?) niveaux de sol successifs ont été identifiés dans le pronaos, ce qui suggère une longue utilisation du bâtiment ; un aryballe protocorinthien (680-670), recueilli dans l'un des trous de poteau, fournit une indication de la date à laquelle il avait été détruit ou démoli. Le reste du matériel consiste majoritairement en tessons décorés et petits objets votifs, et comprend également quelques remarquables objets datant de l'Orientalisant Ancien (scarabée en faïence, figurine de bélier couché en os). Parmi les tranchées des murs, on a repéré la trace d'une coupure transversale à travers le pronaos, à un niveau intermédiaire entre les murs de terre des bâtiments géométriques et les fondations des colonnades archaïques, qui pourrait attester l'existence d'un bâtiment du VII^e s. av. J.-C, comblant le fossé chronologique qui sépare les deux structures. Un couple d'énigmatiques objets en terre cuite peut être un vestige du décor de sa toiture.

Dans le secteur du pronaos du temple classique, Ch. Risberg (Université d'Uppsala) a étudié les fosses destinées au travail des métaux identifiées en 1992 : cet ensemble complexe de fosses tapissées d'argile, remplies d'argile brûlée, de cendres et de scories, était utilisé pour la production de fer et de bronze ; le matériel recueilli y est contemporain de celui des bâtiments géométriques.

Parmi les 818 blocs épars sur le site dont J. Pakkanen (Université d'Helsinki) dresse le catalogue, on signale un bloc de la ligne de départ du stade mentionné par Pausanias.