MESSÈNE ANTIQUE - 1993
Antiquité - Archaïque - Classique - Hellénistique - Romaine
Messini (ancient), Messène antique
La campagne de 1993, sous la direction de P. Thémélis, a porté sur six secteurs :
1) Sanctuaire du Héros. — On a poursuivi la fouille du bâtiment situé immédiatement à l'Ouest de l'Asklépieion (cf. BCH 117 [1993], Chron., p. 795) : de plan carré, avec entrée au Nord, il compte dix-huit pièces, dont une cour entourée de portiques à colonnes de bois (fig. 12). Il fut bâti sur les ruines d'un sanctuaire plus ancien, en usage du VIIe au Ier s. av. J.-C, détruit par un incendie au cours du Ier s. av. J.-C. : ce premier sanctuaire comprenait un temple de 3,50 x 11,60 m, un autel rectangulaire de 1 x 2 m et une structure circulaire. On a recueilli, en particulier dans une fosse creusée au centre de la cour où ils avaient été rassemblés lors du nettoyage du sanctuaire détruit, des milliers de plaques votives et figurines de terre cuite, mêlées à des ossements animaux, des tessons, des fragments de tuiles, quelques petits objets métalliques et de nombreuses monnaies, ainsi que deux fragments de métopes archaïques en terre cuite à décor en relief. Plusieurs plaques et figurines ont été recueillies à leur place d'origine autour de l'autel. Les thèmes iconographiques variés des plaques se rattachent à la tradition locale ; on signale entre autres la représentation de deux femmes assises entourant une figure féminine nue (fig. 13). Le premier sanctuaire était consacré au culte du Héros et de l'Héroïne, probablement l'un des rois mythiques de Messénie (Leukippos), adoré comme Héros Fondateur, Archégète et Ancêtre, avec sa femme et ses trois filles (Phoibè, Ilaeira et Arsinoè), ainsi que les Dioscures. Le nouveau sanctuaire bâti à la fin de l'époque hellénistique fut vraisemblablement dédié à Déméter.
Deux trouvailles méritent mention : le corps de statue masculine, très abîmée par le feu, de la (fig. 14) (du type de l'Hermès d'Andros), et une imposante base de statue en calcaire portant deux inscriptions d'époque hellénistique, trouvée au Nord du bâtiment. La première inscription, agonistique, dresse la liste des trente-quatre victoires remportées à la lutte et au pancrace par un grand athlète messénien inconnu comme παις, αγένειος et άνήρ dans quinze concours panhelléniques de Grèce centrale et du Péloponnèse.
2) Asklépieion. — Dans la partie Sud du sanctuaire, des bâtiments antérieurs à l'établissement hellénistique comprenaient un portique ouvert vers l'Est, doté d'une colonnade de bois qui s'appuyait sur des bases de calcaire. La toiture en était probablement en bois elle aussi ; l'une des tuiles porte un timbre carré inscrit (ιερ[ά] επί Φιλ[.......]). Ce portique constituait la limite occidentale du téménos.
3) Hérôon de Damophon. — L'hérôon funéraire dégagé par G. Oikonomou en 1925 au Sud de l'Asklépieion peut, grâce à la découverte d'une colonne dorique portant les inscriptions honorifiques de sept cités en l'honneur de Damophon, être interprété comme celui du sculpteur.
4) Hiérothysion (?). — Au Sud du Bain d'Asklépios, des nettoyages et réaménagements de surface ont mis au jour un grand bâtiment, longé à l'Est et à l'Ouest par deux rues. On y signale parmi les trouvailles le fragment de stèle de calcaire (fig. 15), où sont partiellement conservés deux vers d'un texte musical.
5) Hérôon-Mausolée. — On a d'autre part poursuivi le relevé des blocs architecturaux et la restitution graphique (F. Cooper) de l'Hérôon-Mausolée, au Sud du stade. Autour du podium, on a recueilli des fragments de statues et des stèles inscrites en remploi provenant de monuments funéraires. Au contact de la face arrière du podium, un foyer rectangulaire (fig. 16) servait probablement aux cérémonies en l'honneur du Héros.
6) Monuments funéraires. — Afin de pouvoir mener à bien les travaux d'anastylose de la tour 17, la première au Nord-Est de la Porte arcadienne (financés par la fondation Kostopoulou), on a fouillé les monuments funéraires localisés entre la tour et la porte. Deux bâtiments monumentaux ont ainsi été dégagés à l'Est de la route menant de la porte au pont antique de la Mavrozouména. Le premier avait en façade un portique dorique sur un podium de sept marches ; le plafond de ses deux chambres funéraires était voûté ; leur sol dallé avait réutilisé des stèles funéraires hellénistiques. Elles abritaient des sarcophages de marbre installés dans des absides rectangulaires ; l'un des sarcophages était l'oeuvre d'un atelier attique de l'époque d'Hadrien. Un trésor de mille quatre cents monnaies de bronze des IVe-Ve s. ap. J.-C. a été découvert sous le sol du portique, attestant l'utilisation du monument jusqu'à cette époque. Le second bâtiment funéraire, de la fin de l'époque hellénistique, s'élève sur un podium en Π. Un autel cylindrique était abrité dans le vestibule à piliers. Ergon (1993) [1994], p. 26-43.
Les fouilles de 1990, dont les résultats avaient déjà été résumés dans le BCH 115 (1991), Chron., p. 864, font désormais l'objet d'un rapport très détaillé de P. Thémèlis, PraktArchEt (1990) [1993], p. 56-103. Y. Morizot propose supra, p. 399-405, d'interpréter le hiéron Σ7 comme celui de Messéné.
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