SPARTE. - Théâtre et Stoa - 1994
Sparte, Sparta, Acropolis, Theatre
G.B. Waywell (King's Collège) et J.J. Wilkes (University Collège de Londres) ont mené une seconde et dernière campagne de prospection et de fouilles sur le site du théâtre antique.
Dans la partie Ouest de l'orchestra et le bas de la cavea, on a localisé les escaliers II et III, avec le premier gradin et le diazoma inférieur, au-dessus duquel étaient conservés, immédiatement à l'arrière, les premiers gradins.
En face des escaliers II et III, on note dans l'orchestra d'importantes perturbations de l'Antiquité tardive. Les sièges en marbre ont été déplacés de la cavea ; dans le secteur Sud-Ouest, le pavement de marbre relevé par Woodward (BSA 26 [1923-24, 1924-25], p. 139), provisoirement dégagé, est constitué de dalles rectangulaires en marbre de couleur bleu blanchâtre alternant avec des carreaux plus petits en marbre vert et rouge, tous apparemment extraits dans le Taygète ; il correspond à la phase finale d'embellissement de l'orchestra à la fin du IVe s. ap. J.-C.
La canalisation périphérique ouverte, avec parois en marbre et fond en calcaire, a été dégagée entre les escaliers I et III ; sa pente indique que l'écoulement se faisait du centre vers chacun des côtés du bâtiment de scène. Les sièges honorifiques étaient partiellement conservés in situ ; de part et d'autre des escaliers II et III, on note des cavités de 30 cm de côté ménagées pour recevoir des piliers hermaïques. Des fragments d'Hermès, ainsi que d'autres statues de marbre – dont une belle tête d'homme en marbre blanc, un portrait de femme âgée de la fin de l'époque antonine, autrefois coiffée d'une couronne ou guirlande de métal, ainsi qu'une statue d'Éros conservée des épaules au sommet des jambes, probablement de l'époque d'Hadrien –, ont été trouvés alentour.
La couche de destruction du théâtre consistait en un dépôt d'argile jaune, mêlé par endroits à du gravier fin. Le comblement de la canalisation entourant l'orchestra contenait de la céramique de la fin du IVe et du Ve s. ap. J.-C, alors que la céramique recueillie ailleurs indique que l'occupation s'est poursuivie jusqu'à la fin du VIe siècle. L'escalier I et les sièges de marbre du bas de la cavea doivent leur conservation à leur utilisation comme fondations du mur d'enceinte de l'Acropole datant du Bas-Empire, où les remplois abondent dans ce secteur. Une imposante tour de défense a été édifiée sur la partie inférieure de la cavea. Le niveau de destruction de la Basse Antiquité était recouvert d'un épais dépôt d'argile et de limon vert, en cours d'analyse, qui a livré une abondante céramique, notamment des cruches du IXe s. Dans un autre secteur, on signale dans un dépôt d'occupation reposant sur le bas de la cavea une monnaie du milieu du Xe s., qui fournit un terminus ante quem pour la plus ancienne des deux phases de construction en pierre qui recouvrit le secteur de l'orchestra et du bas de la cavea.
La largeur du diazoma médian a pu être évaluée à 1,50/1,80 m environ, selon la disposition des derniers gradins de la partie inférieure de la cavea. Les fondations des quatre derniers gradins en dessous du diazoma et celles de l'escalier VIII ont été dégagées.
Les épaisses couches de briques crues mises au jour en 1992 étaient contemporaines des fondations à blocage du mur extérieur de la cavea et de celles du mur radial intérieur. L'ensemble de l'aile orientale du théâtre, à l'intérieur du mur de soutènement extérieur, était constitué d'un assemblage de briques crues, qui a livré des tessons de la fin du IIe et du milieu du Ier s., suggérant une date de construction des ailes à la fin de l'époque hellénistique ou au Haut-Empire. Les opérations de construction ont pu se poursuivre au début du Ier s. ap. J.-C.
Dans la partie supérieure de l'escalier V, partiellement détruit par des constructions médiévales, on a mis au jour le parement Sud du mur radial intérieur, qui soutenait les trois gradins supérieurs et supportait une colonnade dorique qui délimitait le sommet du théâtre. On estime le nombre total de gradins à 49 ou 50, dont 18 pour la partie supérieure de la cavea. L'emplacement de colonnes de 0,61 m de diamètre a été repéré sur la fondation de marbre que l'on interprétait précédemment comme socle du dix-neuvième gradin. On peut attribuer à cette colonnade les fragments de fûts de colonnes monolithiques de diamètres inférieurs à 0,61 m dégagés par Woodward dans l'orchestra.
On a par ailleurs nettoyé, à l'Est et à l'Ouest, l'impressionnante maçonnerie des murs de soutènement extérieurs du théâtre.
Un premier rapport sur les fouilles menées en 1988-1991 dans la stoa romaine de l'acropole est publié dans le BSA 88 (1993), p. 219-286 (cf. BCH 114 [1990], Chron., p. 734 ; 115 [1991], Chron., p. 862 ; 116 [1992], Chron., p. 859) : on y trouve une introduction de G.B. Waywell et J.J. Wilkes, une présentation d'échantillons de céramique hellénistique et romaine par D.M. Bailey et une étude préliminaire de la céramique médiévale par G.R. Sanders.
E. Kourinou-Pikoula présente, Πρακτικά ΠΣ II, p. 207-208, un lot de dix-neuf reliefs votifs en marbre, en majorité d'époque hellénistique, avec représentation de pieds, mains, pubis et membres virils, figures féminines, qui ont été découverts dans un terrain fouillé en 1985 (cf. BCH 116 [1992], Chron., p. 858-859) : l'épithète Kyparissia, mentionnée sur les onze reliefs inscrits, atteste l'existence d'un sanctuaire d'Artémis Kyparissia dans cette zone.
A. Stavridi, Πρακτικά ΠΣ II, p. 350-352, examine les cinq croix visibles sur la tête colossale d'Héra conservée au musée et les interprète comme des signes de purification gravés au cours des premiers siècles de notre ère. E. Kourinou-Pikoula publie, Λακωνικαί Σπουδαί 11 (1992), p. 549-554, un portrait romain découvert fortuitement en 1984 : ce portrait féminin, œuvre d'un artiste Spartiate, date de la fin du IIIe s. ap. J.-C. (275-285).
W. Papaefthymiou publie, Grabreliefs späthellenistischer und römischer Zeit aus Sparta und Lakonien (1992), une étude des 42 stèles funéraires provenant de Laconie, à relief ou simplement inscrites, conservées au musée de Sparte : elle prend en considération les sources littéraires, le matériau et les techniques, la typologie et l'interprétation des scènes figurées, ainsi que les inscriptions. Elle présente en appendice deux reliefs funéraires importés.
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