ANTIQUE CORINTHE - 1997
Archaia Korinthos, Palaia
Fouilles de l'École américaine. — Les travaux se sont poursuivis, en 1996 et 1997, dans deux secteurs : au Sud-Est du temple Ε (au Sud du musée), ou C. K. Williams II a procédé à des sondages complémentaires dans les niveaux d'époque franque qu'il explore depuis plusieurs années, et au Sud-Est du forum (près de l'école), où G. Sanders a continué la fouille des thermes romains et repris celle de la villa voisine.
1) Niveaux d'époque franque. — Les investigations ont apporté des précisions d'ordre architectural et/ou stratigraphique sur les divers complexes architecturaux (v. plan dans BCH 120 [1996] Chron., p. 1145, fig. 41 [Chronique n.13713, fig.1]).
— Bâtiment 1. Des sondages dans le portique qui longe le mur Est de l'édifice ont fourni des données qui permettent d'en restituer la façade. On a aussi nettoyé l'angle Nord-Ouest du jardin.
— Bâtiment 2. Dans ce complexe situé au Nord du précédent, la fouille a montré que les pièces qui se trouvent au Nord de l'église n'avaient sans doute aucun rapport avec celle-ci mais étaient plutôt des boutiques ouvrant sur la rue Nord-Sud adjacente ; que le cimetière aménagé dans la pièce D de l'état byzantin abritait plus de deux cents personnes présentant, pour la plupart, des problèmes de santé chroniques (brucellose, arthrite, etc.). Ces tombes n'ont livré que quelques bijoux, mais il faut sans doute leur rattacher une vingtaine de cruches à panse globulaire et bec trilobé trouvées dans le remblai de la pièce.
— Bâtiments 3 et 4. Le premier s'avère être un vaste complexe de plusieurs pièces qui changèrent plusieurs fois de plan et de fonction, la partie Sud formant peut-être une unité indépendante avec foyer et silo ; le second semble être constitué d'une seule pièce pourvue elle aussi d'un foyer. L'espace qui sépare les deux bâtiments, occupé par les ruines d'un bain du XIIe s., demeura vierge de toute construction à l'époque franque. Plus à l'Ouest, l'absence d'occupation à cette même époque est attestée par la stratigraphie.
— Bâtiment 5. Les travaux, qui ont surtout porté sur le couloir et la ruelle Est-Ouest, ont mis en évidence, sous les niveaux d'occupation tardifs, un premier état de construction suivi d'un remaniement étendu.
— Bâtiment 6. De ce complexe, situé au Sud du précédent, on a fouillé la pièce la plus au Nord ; elle ne faisait pas partie du plan initial et cessa d'être utilisée après la destruction causée par le séisme des environs de 1300. D'autres traces de cette destruction ont pu être observées, notamment à l'extrémité Sud de la façade, où l'on a découvert les débris d'un porche voûté qui peut être restitué. Parmi les trouvailles faites à l'intérieur du bâtiment on mentionne surtout de la verrerie (une quarantaine de tasse et des lampes) ainsi qu'un plat en céramique à glaçure de Zeuxippos.
— Bâtiment 7. Une série de sondages a permis de préciser le plan de ce complexe, situé du côté Est de la rue, immédiatement au Sud des vestiges fouillés en 1960 (v. BCH 85 [1961] Chron., p. 651-653) : il est constitué de plusieurs pièces disposées autour d'une cour intérieure. Cette cour, à fonction surtout utilitaire — entre autres, le découpage des animaux de boucherie — était dotée d'un puits dans son angle Nord-Est et il semble bien que, dans une phase ultérieure, un auvent fut installé le long de son côté Est. La construction du complexe est datée par les monnaies du dernier quart du XIIIe s. Sous le sol de la cour, on a mis en évidence une rue d'époque byzantine, bordée à l'Ouest par un bâtiment de la fin du XIIe s. constitué de plusieurs pièces et d'une petite cour. En trois endroits la fouille a atteint des niveaux d'occupation de la première moitié du XIIe s.
2) Abords Sud-Est du forum. — La poursuite de la fouille des thermes (fig. 1) a permis, d'une part, de constater qu'ils se superposent à trois niveaux d'occupation antérieurs ; d'autre part, de préciser la date de construction du complexe, qui est postérieure au début et sans doute proche du milieu du VIe s. ap. J.-C. Cet ensemble présente des similitudes architecturales avec d'autres thermes de petites dimensions, comme ceux de Zevgolatio ou des abords de la basilique Sud de Corinthe, qu'il faut sûrement dater de la même époque. Le pillage de l'un de ses murs, dont on a fouillé la tranchée de récupération, est peut-être à mettre en rapport avec la construction du rempart de Justinien.
Au Sud-Ouest des thermes, on a étendu la fouille d'une vaste maison romaine avec impluvium et pavement de mosaïque qui avait été partiellement dégagée naguère par le Service archéologique. Dans la partie Est de la maison, la fouille a mis au jour une grande pièce rectangulaire (5,50 x 9,50 m) pavée d'un opus sectile en marbre polychrome et pourvue au centre d'une fontaine octogonale (diam. 1,60 m). Des lambeaux de fresques (panneaux en faux marbre, motifs figurés) ont été retrouvés dans la couche de destruction de la maison. Les dimensions de celle-ci ne sont pas encore connues, mais elles atteignaient au moins 25 x 35 m ; sa construction est actuellement datée entre la fin du IIe et le milieu du IIIe s. ap. J.-C. L'endroit continua d'être habité jusqu'à l'époque médiévale, comme l'attestent notamment les vestiges d'une maison construite au milieu du Ve s., l'abondante céramique des Ve, VIe et début VIIe s., ainsi qu'une tombe et des murs mésobyzantins.
Les résultats des campagnes de 1996 et 1997 au Sud-Est du temple Ε sont présentés par C. K. Williams II et ses collaborateurs dans Hesperia 66 (1997), p. 7-47 et 67 (1998), p. 223-281. Voir aussi dans Hesperia 66, p. 173-192, l'étude, par O. Zervos des 245 monnaies trouvées en 1996 dans ce secteur.
Ν. Bookidis et R. S. Stroud signent le vol. XVIII, 3 de la série des fouilles de Corinthe, intitulé The Sanctuary of Demeter and Kore : Topography and Architecture (1997).
R. S. Stroud publie d'autre part, dans Ηόρος 10-12 (1992-1998), p. 239-243, une épitaphe découverte en 1994, qu'il date entre 600 et 450 av. J.-C. et qui suggère, avec d'autres trouvailles, l'existence d'une nécropole sur la colline de Kivouria.
avec la contribution de
Béatrice Detournay
Anna Philippa-Touchais
Yannis Varalis
BCH 122.2 (1998), p. 747-749
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