ARTA - 1992
Arta
En 1992, le Service archéologique a effectué une trentaine de fouilles d'urgence, dont les résultats sont consignés AD 47 (1992) [1997] Β'1, p. 243-278 [A. Douzougli, K. Zachos, P. Karatzéni, G. Pliakou, E. Sarri] et p. 326-328 [V. Papadopoulou].
Rempart antique. — Des tronçons du rempart de l'antique Ambracie, d'une largeur de 3,30 m (fig. 3), ont été mis au jour dans trois propriétés (terrains Fotou, Chouliara, Gartzonika) ; l'un d'eux, dans la région du kastro et de la Métropole — où l'on situe le cœur de l'agglomération antique — doit être antérieur au IVe s. av. J.-C. Des tronçons plus réduits ont été recoupés dans des tranchées de travaux publics en quatre autres points de la ville (rues Komménou, Mikras Asias, Zarra, Krystalli).
Constructions classiques et hellénistiques
1) Maisons. — Un grand nombre de maisons hellénistiques (IVe-fin IIIe s. av. J.-C.), bordant souvent des rues et fondées sur des vestiges d'habitations archaïques et classiques (début VIe-Ve s.), ont été fouillées en divers points de la ville (terrains Siombou, Th. Karanika, Katopodi, N. Karanika-Pappa, Papayanni, Apostolou, Trombouki, Thanou). La première moitié du IVe s. est marquée par un essor dans la construction de vastes demeures aux murs soigneusement appareillés et par l'amélioration du réseau viaire, dont le tracé est antérieur de près de deux siècles.
Parmi le matériel recueilli, outre une abondante céramique, on retiendra un fragment de tuile timbrée portant les lettres Δαμό(σιος) de part et d'autre d'un bétyle (fig. 1) (cf. Bull. 1998, 51), des fragments de figurines, des pesons de fuseau en terre cuite et en plomb, des outils en fer et un grand nombre de monnaies, dont cent-cinq en bronze, d' Ambracie pour la plupart, frappées entre 238 et 168 av. J.-C.
On mentionnera aussi un espace domestique du VIIIe-VIIe s. av. J.-C., attesté seulement par des fragments de céramique trouvés dans les creux du rocher (terrain Karanika).
2) Autres constructions. — Un puissant mur de soutènement, conservé sur plusieurs assises, a été dégagé près de la porte Sud-Ouest du rempart, au départ de la voie sacrée du cimetière Sud-Ouest (terrain Tachou-Miller, v. BCH 117 [1993] Chron., p. 814). Il était sans doute destiné à protéger des crues de l'Arachthos la place qui s'étendait devant la porte et les monuments situés au début de la voie sacrée ; sur la terrasse retenue par ce mur, on a dégagé la façade d'un bâtiment allongé d'époque romaine, sans doute un grenier.
La fondation d'un bâtiment classique entouré d'une aire dallée a été partiellement fouillée dans le terrain Spyropoulou. Sa technique de construction, de même que son matériel — surtout des vases fins à figures noires ou à vernis noir — semblent exclure qu'il s'agisse d'une maison privée.
Signalons aussi : a) deux tronçons d'un puissant mur circulaire (diam. 8,40 m) dégagé dans la zone du centre religieux et administratif de la ville antique (rue Skoufa) ; b) la façade monumentale d'un bâtiment, flanquée de deux bases de statues (angle des rues Karaïskaki et Karapanou) ; c) de nombreuses fosses-dépotoirs d'époque post-byzantine (terrains Katopodi, N. Karanika-Pappa).
Constructions byzantines. — À l'Est de l'église tardo-byzantine Sainte-Théodora, la 8e Éphorie des antiquités byzantines a dégagé des murs appartenant sans doute à des locaux annexes de la période de la turcocratie ; la fouille a produit un certain nombre de blocs en marbre du prytanée, sur les ruines duquel a été érigée l'église.
Des travaux publics ont d'autre part amené la découverte (rue Mourganas) d'un bâtiment tardo-byzantin fondé dans des couches d'incendie, dont on a reconnu deux phases de construction.
Nécropoles. — Une partie de la voie sacrée ainsi que deux périboles funéraires appartenant à la nécropole Sud-Ouest de l'antique Ambracie ont été fouillés dans le terrain Théodorou ; les périboles renfermaient trois tombes du IIe s. av. J.-C.
Dans la région de la nécropole Ouest (terrain Sérighianni), on a dégagé la suite de la voie sacrée sur 12 m de long, ainsi que sept périboles qui la bordaient de part et d'autre (v. BCH 115 [1991] Chron., p. 881 ; 117 [1993] Chron., p. 814 ; 118 [1994] Chron., p. 727) ; la chronologie des tombes s'échelonne entre le milieu du IVe s. av. J.-C. (fig. 2) et le IIe s. ap. J.-C. La découverte de tombes romaines tend à prouver qu'après la fondation de Nikopolis (31 av. J.-C.) la ville d'Ambracie continua d'être habitée.
Sur la colline de Koutsomyta (terrains Dimou et Zaphiri), on a dégagé un grand nombre de périboles et de tombes appartenant à la nécropole Est (v. BCH 80 [1956] Chron., p. 303-305) et datant de l'époque archaïque à l'époque hellénistique. Quoique pillées pour la plupart, ces tombes ont livré les restes d'une couronne de feuilles en or, une bague en argent, un pendentif en terre cuite orné d'un sphinx en relief (Ve s. av. J.-C.) et deux vases en verre. Deux des tombes, les plus anciennes de la nécropole (2e quart du VIe s.), contenaient de nombreux vases d'origine corinthienne, parmi lesquels une pyxide décorée de sirènes et une lékané avec son couvercle.
Dix tombes en fosse dépourvues de mobilier mais datables, par quelques monnaies, du XIIIe s. ap. J.-C., ont été fouillées rue Orlandou.
I. Andréou donne une image de la topographie de la ville d'Ambracie à la lumière des fouilles d'urgence effectuées par la XIIe Éphorie des antiquités préhistoriques et classiques.
Mélanges N. G. L. Hammond, p. 17-35.
I. et E. Andréou donnent, dans Ελληνιστική κεραμική, p. 79-92, un aperçu de la céramique hellénistique découverte dans le cimetière Ouest de la ville antique.
avec la contribution de
Béatrice Detournay
Anna Philippa-Touchais
Yannis Varalis
BCH 122.2 (1998), p. 806-807
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