OLYMPIE - 1997
Archaia Olympia
Fouilles de l'Institut allemand. — En 1996 et 1997 les recherches, supervisées par H. Kyrieleis, se sont poursuivies au Bouleutérion (K. Herrmann), au mur de rive du Cladéos (J. Knauss, K. Herrmann) et aux abords des thermes Sud-Ouest (U. Sinn), avec des compléments de fouille au Pélopion (H. Kyrieleis) et au Métrôon (W. Osthues).
1) Bouleutérion. — Plusieurs sondages effectués dans le portique de façade ont fourni de solides bases stratigraphiques à la séquence architecturale du complexe : des tessons des environs de 500 av. J.-C. ont en effet été trouvés dans la tranchée de fondation du bâtiment absidal Nord ainsi que dans une fosse comblée lors de la construction du bâtiment absidal Sud ; la céramique recueillie dans des zones non perturbées de la tranchée de fondation du portique de façade — qui est contemporain du bâtiment central — date, quant à elle, du milieu du Ve s. av. J.-C. Ces deux dernières structures sont donc bien les plus récentes du complexe.
Deux autres sondages ont permis d'identifier, dans la fondation du portique, de nouveaux remplois appartenant à un petit édifice dorique connu depuis longtemps, dont on possède en tout treize fûts de colonnes monolithes, un chapiteau et de nombreux parpaings (fig. 1). Mais l'hypothèse selon laquelle cet édifice se serait élevé à l'emplacement du futur bâtiment central a été démentie par un sondage effectué dans l'angle Nord-Est de ce dernier : on n'y a observé nulle trace de fondation ni de tranchée de récupération.
On a d'autre part achevé la fouille du puits situé devant l'angle Sud-Est du Bouleutérion. Il est constitué de dix éléments cylindriques en terre cuite superposés, qui se composent chacun de trois segments assemblés et portent des repères pour le montage. Outre quelques vases de la première moitié du IIe s. av. J.-C., le remplissage a livré d'importants fragments de λa toiture dite « à la sima à rinceaux primitive ».
2) Mur de rive du Cladéos. — De cet ouvrage, long de 800 m, qui était destiné à protéger le sanctuaire des crues de la rivière, on a fouillé un long tronçon situé à l'extrémité Nord. Les assises de moellons qui se superposent aux grands blocs de conglomérat du mur primitif correspondent à une réfection d'époque romaine (IIe-IIIe s. ap. J.-C.). Mais celle-ci n'est pas la première, car des blocs de poros découverts au-dessous, ainsi que dans le canal à l'Ouest, témoignent d'une intervention plus ancienne pour maintenir la rivière dans son lit (fig. 2) : cela suggère que la rivière avait alors débordé, endommageant sans doute le gymnase, auquel pourraient bien appartenir les grands blocs effondrés. Plus au Sud, l'épaisseur des dépôts accumulés dans le lit de la rivière atteint 6 m ; la céramique recueillie montre qu'à l'époque romaine celui-ci avait été entièrement comblé par les alluvions et que la rivière devait donc se frayer un nouveau chemin à travers le site. Dans une réfection tardive du mur de rive on a trouvé une base inscrite remployée, avec dédicace par un certain Proxénidas d'une statue en l'honneur de son père Chrestiôn (fig. 3).
3) Abords des thermes Sud-Ouest. — Dans le cadre du programme « Olympie à l'époque impériale et dans l'Antiquité tardive », on a poursuivi l'exploration du bâtiment de l'association des athlètes et achevé celle des thermes voisins.
La fouille a montré que ces thermes faisaient partie d'un complexe architectural plus vaste, construit assez tard dans le IIIe s. ap. J.-C. et incluant les pièces qui s'étendent au Nord. La présence, à l'intérieur de plusieurs d'entre elles, d'installations culinaires, invite à l'interpréter comme un de ces καπηλεῖα dont parlent les inscriptions, établissements qui offraient aux pèlerins de quoi se loger, se nourrir et soigner leur corps, certains abritant même des boutiques. La multiplication de ces καπηλεῖα au IIIe-IVe s. ap. J.-C. — parmi eux, le Léonidaion, la salle de banquets au Nord du Prytanée, l'hôtellerie voisine des thermes du Cladéos — montre que l'activité du sanctuaire n'avait alors nullement diminué.
À l'intérieur du bâtiment de l'association des athlètes on a surtout dégagé la salle principale, dont le mur Sud, percé de deux petites fenêtres, a conservé les traces de scellement de son revêtement en marbre (fig. 4) ; dans l'angle Sud-Est, un bassin presque carré (1,60 x 1,50 x 0,80 m) correspond à la dernière utilisation de la salle : il a le fond et les parois plaqués de marbre, ce qui paraît exclure une fonction artisanale. À l'extérieur de la salle, à l'Est, la fouille a mis au jour une tombe du VIe s. ap. J.-C. dans laquelle sept tortues avaient été placées au-dessus de la tête du défunt : il pourrait s'agir d'un lointain souvenir du culte d'Aphrodite Ourania.
La fouille dans ce secteur a aussi permis de constater que l'alluvionnement provoqué par les crues du Cladéos avait été beaucoup plus important qu'on ne pensait : au IXe s. le « bâtiment Sud-Ouest » était déjà enseveli jusqu'à l'assise de couronnement de ses murs.
4) Pélopion. — Pour clore la fouille, un sondage complémentaire a été effectué dans l'angle Sud-Ouest, où l'on a recoupé le cercle de pierres qui entourait le tumulus HA. Il est recouvert par plusieurs couches de sable dépourvues de tout matériel archéologique, sur lesquelles sont fondés les murs du Pélopion archaïque auxquels se superpose la porte classique.
5) Métrôon. — Un sondage ouvert dans l'angle Nord-Ouest du péristyle a permis d'en mettre à nu la fondation jusqu'à son assise inférieure. Un fragment de lécythe à figures rouges des environs de 430/420, trouvé au-dessous de celle-ci, fournit un terminus post quem pour la construction du monument.
On apprend d'autre part par la presse la découverte fortuite, sur les bords de Cladéos, d'un trésor de 1 300 monnaies médiévales en argent.
Ελευθεροτυπία, Ελεύθερος Τύπος, 3.12.97.
Signalons la parution de l'ouvrage de B. Borell et D. Rittig, Orientalische und griechische Bronzereliefs aus Olympia : der Fundkomplex aus Brunnen 17 (1998), vol. 26 de la série Olympische Forschungen.
Chr. Schauer publie, dans Ελληνιστική κεραμική, p. 24-31, le matériel du puits hellénistique dont la fouille a été achevée en 1991, au Nord du Prytanée (v. BCH 116 [1992] Chron., p. 864-866).
avec la contribution de
Béatrice Detournay
Anna Philippa-Touchais
Yannis Varalis
BCH 122.2 (1998), p. 781-785
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