ISTHMIA - 1995
Isthmia
Fouilles de l'École américaine. — En 1995, l'équipe de recherche de l'Ohio State University, dirigée par T. E. Gregory, et celle de l'Université de Chicago, dirigée par E. R. Gebhard, ont procédé toutes deux à des travaux d'étude et de restauration.
1) Travaux de l'Ohio State University. — L'étude architecturale des thermes romains situés au Nord du temple de Poséidon (F. Yegül, Ö. Harmansah, E. Hornbeck) est virtuellement achevée ; elle suggère que le complexe connut deux grandes phases de construction, qui datent probablement toutes deux du IIe s. ap. J.-C. Parallèlement à l'étude, on a poursuivi la restauration de la grande mosaïque à motifs noirs et blancs, dont cent quarante-huit panneaux, qui avaient été déposés, ont désormais retrouvé leur place originelle (sur la fouille des thermes, menée de 1972 à 1992, v. désormais le rapport préliminaire de T. E. Gregory, Hesperia 64 [1995], p. 279-313).
L'étude de l'abondant matériel recueilli, de 1970 à 1972, dans le terrain situé immédiatement à l'Est du sanctuaire de Poséidon (« Champ Est », v. BCH 95 [1971] Chron., p. 848 ; 96 [1972] Chron., p. 628-636 ; 97 [1973] Chron., p. 276-281), a permis de conclure qu'à l'origine cette zone — dont la fouille n'avait donné qu'une idée assez confuse — était occupée par deux vastes complexes architecturaux, probablement séparés par une cour ou un espace à ciel ouvert ; plus tard, le niveau du sol fut exhaussé et plusieurs autres bâtiments érigés, tandis que les structures existantes étaient, semble- t-il, subdivisées.
J. Rife a poursuivi l'étude du matériel anthropologique des fouilles antérieures (près de 200 sépultures) ; il a également nettoyé et étudié deux sépultures qui avaient été fouillées, en 1969, dans la région de la forteresse byzantine.
Une équipe dirigée par J. Marty a entrepris le traitement préliminaire (tri, comptage, classement) du matériel archéologique exhumé, puis mis au rebut (en 1972 ?), et finalement redécouvert en 1993 dans ce que l'on appelle les « déblais 1969-72 ».
Ces travaux ont été complétés par un programme de restauration et de conservation (Université de Delaware, Winterthur Muséum) portant sur tous les objets de métal, les monnaies, et les trouvailles diverses, avec reconditionnement et enregistrement de tous les objets traités dans une base de données.
2) Travaux de l'Université de Chicago. — L'étude de la céramique archaïque (K. Arafat) tend à confirmer la date de 582/580 av. J.-C. pour le début des concours isthmiques.
Celle des armes (A. Jackson), dont un certain nombre ont été restaurées, a permis de classer les armes défensives en soixante-quatre groupes, dont un tiers datent du VIIe et du début du VIe s. et les deux tiers de la période entre 550 et le début du Ve s. av. J.-C. Une pointe de javelot romain trouvée sur la colline de Rachi vient confirmer l'hypothèse, fondée sur des débris architecturaux et de la céramique, que le sanctuaire fut attaqué par les Romains vers 200 av. J.-C.
L'étude architecturale du temple archaïque de Poséidon (F. Hemans) a prouvé l'existence d'un plafond en bois au-dessus du péristyle. Le plafond de la cella a, lui aussi, été étudié. Deux séries de blocs et de tuiles peintes ont été identifiées comme appartenant aux portes Nord et Est du téménos hellénistique ; la porte Nord, la plus grande, daterait de 325 av. J.-C, la porte Est du début du IIIe s. av. J.-C.
L'analyse tridimensionnelle d'objets provenant de la destruction de l'habitat de Rachi (V. Anderson-Stojanović) a fourni des informations sur le contenu des pièces situées au sous-sol, au niveau supérieur, et celui des cours adjacentes, à l'époque de la destruction (vers 200 av. J.-C). L'étude de 300 poids de métier trouvés à Rachi et de 150 autres provenant du sanctuaire, la plupart estampés et/ou incisés, a montré que leur partie supérieure était faite à l'aide d'un moule conique et leur partie inférieure modelée à la main. Parmi les empreintes on citera : une tête masculine de profil, l'étoile macédonienne, une Niké couronnant un guerrier armé, une torche enflammée, une tête de taureau parée pour le sacrifice et un serpent s'approchant d'un enfant (sur les résultats de la campagne de 1989 dans l'habitat de Rachi, résumés dans BCH 114 [1990] Chron., p. 723, v. désormais le rapport de V. Anderson-Stojanović, Hesperia 65 [1996], p. 57-98).
L'étude de la faune (D. Reese) vient confirmer l'idée traditionnelle du sacrifice grec : les os non brûlés des moutons et des chèvres semblent provenir essentiellement des pattes, les os brûlés des quartiers postérieurs. Les deux types d'os trouvés près du long autel suggèrent que le sacrifice et la consommation de viande se faisaient à cet endroit. Des puits sacrificiels du Palaimonion on a retiré plus de 55 kg d'os brûlés d'époque romaine (milieu du Ier-milieu du IIIe s. ap. J.-C) appartenant à du bétail de toute sorte âgé de 1 à 4 ans.
Des échantillons de céramique provenant de Rachi ont été prélevés (R. Evershed) aux fins d'analyse par chromatographie gazeuse et spectrométrie de masse, pour déterminer le contenu des vases. La provenance de l'argile utilisée pour la fabrication des poids de métier, des tuiles et des briques, est également à l'étude, de même que celle des divers types d'enduit et de mortier (R. Siddal).
L'étude des inscriptions (M. Jameson) a montré que trois grandes stèles portant des décrets relatifs à Philippe V étaient dressées soit dans le temple, soit le long de la route de Corinthe à l'Isthme, sur la bordure Nord du téménos.
En marge de ces travaux, on a pratiqué six sondages dans les déblais de la fouille d'O. Broneer, au Nord du téménos, afin d'en déterminer l'épaisseur et la composition. L'essentiel des trouvailles est constitué par des tuiles et de la céramique grossière d'époque romaine.
Le vol. VI de la publication finale des fouilles d'Isthmia est paru en 1996 : St. Lattimore, Sculpture II, Marble sculpture, 1967-1980.
Légende graphique :
localisation de la fouille/de l'opération
localisation du toponyme
polygone du toponyme Chronique
Fonctionnalités de la carte :
sélectionner un autre fond de plan
se rapprocher ou s'éloigner de la zone
afficher la carte en plein écran