MIDÉA - 1997
Midea, Gkermpesi (193/1928)
Fouilles gréco-suédoises. — Dans les trois chantiers ouverts sur l'acropole mycénienne les fouilles se sont poursuivies, en 1996-1997, sous la direction de K. Demakopoulou, en collaboration avec N. Divari-Valakou (abords de la Porte Ouest), G. Walberg (terrasses inférieures) et P. Åström (abords de la porte Est). Les découvertes faites au cours de de ces deux campagnes confirment que Midéa était un centre mycénien de premier plan, à l'instar de Mycènes et de Tirynthe.
1) Abords de la Porte Ouest. — Poursuivant la fouille du bâtiment en terrasses adossé au parement intérieur du rempart, on a achevé le dégagement de la pièce VI et mis au jour cinq nouvelles pièces, à l'Ouest (pièce VII) et au Nord (pièces VIIIa, VIIIb, LX et X) de la précédente (fig. 1). Toutes ont livré de la céramique datée de l'HR III B2 (fig. 2-4). La première, de dimensions réduites, se distingue par la présence de nombreux vases de stockage in situ ; les deux suivantes, qui étaient probablement aménagées en sous-sol, par l'abondance et la variété de leur matériel : outre la céramique, qui se subdivise en trois classes (fine avec ou sans décor, grossière), on mentionne des vases en plomb, des outils en pierre (notamment deux mortiers tripodes intacts) et en bronze, des fusaïoles en terre cuite ou en steatite, des perles en verre, des figurines en terre cuite, ainsi que des fragments de peintures murales et deux sceaux en steatite. Les pièces IX et X étaient situées à un niveau supérieur, au Nord des précédentes, dont elles étaient séparées par une sorte de couloir. Tout indique que ces pièces, détruites par un violent séisme vers la fin de l'HR IIIB2, étaient des magasins et des ateliers.
2) Terrasses inférieures. — Les fouilles se sont poursuivies aux abords immédiats du « mégaron » mycénien, qui, comme on avait pu le constater l'année précédente, constitue le noyau d'un vaste complexe.
À l'Ouest, la fouille a d'une part montré que les murs Nord et Sud du « mégaron » se prolongeaient, à l'origine, jusqu'à un puissant mur Nord-Sud situé à une quinzaine de mètres de la façade de l'édifice (fig. 5) ; elle a d'autre part révélé les restes de plusieurs pièces. L'une d'elles (XVIII), postérieure à la destruction du mur Sud du « mégaron », abritait une banquette et une fosse entourée de quatre murs ; elle a notamment livré un serpent fragmentaire en terre cuite de l'HR IIIB, tandis que dans l'entrée (réutilisée à l'époque romaine) on a trouvé un pommeau d'épée en ivoire protomycénien et des lambeaux de peintures murales. Au-dessous de cette pièce, un angle de murs était associé à un sol daté par la céramique de l'ΗΜ IIIB-HR I-II et à une citerne qui contenait du matériel de la même époque. Dans une autre pièce (XX), située à l'extrême Ouest du complexe, la présence d'une structure circulaire en pierre — banquette ou autel —, d'un rhyton et de vases miniatures suggère une fonction religieuse.
Au Nord du « mégaron », la poursuite de la fouille dans la pièce VII a produit deux nouveaux nodules, dont l'un porte trois syllabogrammes du linéaire Β (fig. 6). Une nouvelle pièce (XVI) a été découverte immédiatement à l'Ouest de la précédente ; elle présente deux états de sol HR IIIB dont le plus ancien se superpose à un remblai HR IIIA2 ; au-dessous, le rocher présente deux trous de poteau qui, comme un troisième trouvé antérieurement, pourraient appartenir à une maison du Néolithique Final.
Au Sud, des traces d'activité cultuelle ont été relevées dans deux nouvelles pièces (XXXII, XXXIII), où l'on a notamment trouvé un modèle de table à offrandes tripode, une figurine féminine fragmentaire, un grand support en terre cuite décoré d'impressions digitales et un foyer contenant des charbons, une pointe de flèche en bronze et des petits fragments d'os d'animaux.
Enfin dans la partie Sud-Ouest du complexe, on a découvert plusieurs conduits qui alimentaient la citerne située sous la pièce XVIII. Leur remplissage date, comme celui de la citerne, de l'ΗΜ IIIB-HR II, ce qui éclaire d'un jour nouveau une phase encore mal connue de l'histoire des citadelles mycéniennes.
3) Abords de la porte Est. — Dans ce secteur, on a poursuivi l'exploration des pièces accolées au rempart, qui présentent des traces nettes de destruction par tremblement de terre à la fin de l'HR IIIB2. Le nettoyage de deux pièces déjà partiellement fouillées naguère a permis de recueillir, dans l'une, des graines carbonisées ; dans l'autre, plusieurs vases en plomb, divers objets en pierre (outils, boutons, sceau) et en bronze (épingle, pointe de flèche), ainsi que deux figurines en terre cuite et une perle en faïence. On note, une fois encore, sans pouvoir l'expliquer, la présence d'ocre jaune sur le sol de cette pièce.
Les résultats de la campagne de 1994 (résumés dans BCH 119 [1995] Chron., p. 870) sont exposés en détail par K. Demakopoulou, N. Divari-Valakou, P. Åström et G. Walberg dans OAth 21 (1996), p. 13-32. E. Kosmetatou donne, ibid., p. 115-123, un premier aperçu des trouvailles d'époque romaine et byzantine faites, entre 1985 et 1991, sur les terrasses inférieures de l'acropole.
Signalons aussi deux rapports de G. Walberg sur la fouille du « mégaron », l'un dans Actes du 5e Congrès des Études Péloponnésiennes, A', p. 215-224, l'autre dans BICS 42 (1997-1998), p. 214-215, et la présentation par K. Demakopoulou des mortiers en pierre et du fragment de triton en améthyste trouvé en 1991 (v. BCH 116 [1992] Chron., p. 855), dans Aegaean and Orient, p. 221-227.
avec la contribution de
Béatrice Detournay
Anna Philippa-Touchais
Yannis Varalis
BCH 122.2 (1998), p. 758-760
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