GOUMANI. – Ancienne Gitané - 1990
Gitana, Goumani, Gitani (anc.)
Des fouilles systématiques ont été menées, de 1986 à 1990, par la VIIIe Éphorie des Antiquités préhistoriques et classiques, dans cet important habitat fortifié situé au confluent du Kalamas (anc. Thyamis) et du Kalpakiotikos. Les travaux, exposés en détail dans AD 44 (1989) [1995] B'2, p. 302-308, et 45 (1990) [1995], Β'1, p. 296-299 [K. Préka-Alexandri], ont essentiellement porté sur trois bâtiments.
Bâtiment A. — Situé dans le secteur Sud-Ouest, ce vaste édifice de 41 x 31 m (fig. 1) est construit en appareil polygonal, à l'exception de son mur de façade (Sud-Est) qui est isodome. Il s'organise autour d'une cour au sol de galets, dans laquelle on a notamment trouvé trois statuettes de satyres en bronze (fig. 2) et deux fulcra représentant Artémis (fig. 3) et Dionysos (fig. 4). La cour (15,85 x 12,20 m) est entourée de couloirs qui desservent une vingtaine de pièces, dont deux ont conservé des mosaïques de pavement : la plus grande en façade, au Sud-Est, avec un tapis noir et blanc où l'on distingue des dauphins et un félin ; l'autre plus petite, au Sud, dont la mosaïque de galets représente une étoile inscrite dans un cercle. Plusieurs autres pièces ont pu être identifiées, par leurs aménagements (cuvette en pierre avec conduit d'écoulement, fours céramiques) ou leur matériel (outils, blocs de fer, jarres enfoncées dans le sol), comme des magasins et des ateliers.
Parmi les trouvailles, on retiendra surtout les scellés et les monnaies, qui étaient présents, en grand nombre, dans plusieurs pièces. Ainsi, la grande pièce à la mosaïque a livré une jarre contenant un trésor de cent soixante-dix-huit monnaies de bronze (Philippe II, Alexandre le Grand, Ambracie, Élée, et une pièce de Corcyre, la plus récente du lot, datée entre 229 et 48 av. J.-C), tandis que, dans l'une des pièces Nord-Est, on a trouvé une série de scellés qui entouraient des papyrus conservés dans une jarre et dans un coffre — ou sur des étagères — en bois de cèdre, dont il reste des traces. Les scellés représentent des types numismatiques d'Èpire et de la Ligue étolienne, mais aussi des animaux, des oiseaux, des plantes, des types statuaires et des portraits (v. K. Préka, «A group of inscribed seal impressions of Thesprotia, Greece», BCH Suppl. 29 [1996], p. 195-198). Les monnaies associées (Epire, Ambracie) se situent entre 238 et 168 av. J.-C. L'un des scellés trouvés dans une autre pièce porte le nom de la ville : ΓΙΤΑΝΑ. La présence de ces scellés et le fait que les tuiles du toit sont estampillées ΔΑΜΟΣΙΟΣ et ΧΑΡΟΠΟΣ suggèrent qu'il s'agit d'un édifice public, dont l'étude devrait permettre de préciser la fonction.
Bâtiment B. — Également situé à l'intérieur de l'enceinte, ce bâtiment rectangulaire de 35,20 x 24,50 m, construit à flanc de colline sur une terrasse artificielle, n'était que partiellement couvert ; ses murs extérieurs, en appareil polygonal à deux parements et remplissage, servaient aussi de murs de soutènement. Le sol du bâtiment est fait de gravier et de tuileau. Au centre de l'espace à ciel ouvert qui occupe toute la partie Nord-Est de l'édifice, se trouve un massif rectangulaire en gros blocs (2,17 x 1,47 m) ; au Sud-Est de celui-ci, les fondations d'une construction en Π de dimensions voisines ; au Nord-Ouest, trois blocs alignés, dont la face supérieure présente une cavité. Un ensemble d'une trentaine de lampes et de petits récipients a été trouvé dans cet espace. La fouille du bâtiment a également produit de nombreuses monnaies de bronze du Koinon des Épirotes, d'Acarnanie, d'Ambracie, d'Apollonia, de Corcyre, ainsi qu'une monnaie romaine en argent (vers 190 av. J.-C.) et deux monnaies de Ptolémée Évergète (145-116 av. J.-C).
« Petit temple ». — L'édifice ainsi désigné, qui mesure 13 x 7,10 m, est situé au Nord-Ouest de la ville. Construit en blocs polygonaux de calcaire gris, il se compose d'un vestibule, auquel on accédait par deux marches, et d'une cella. Le sol est fait de gravier et d'éclats de taille. De sa toiture on a retrouvé des tuiles couvre-joints à anthémion, une tuile courante portant l'estampille [Ἀ]νδροκάδη (ν. Bull, ép. [1997] 76 [M. Sève]) et une tuile de rive décorée de bandes et d'une rosette en relief. Le matériel recueilli dans l'édifice comprend une statuette féminine acéphale en calcaire blanc dont la base est inscrite (ibid., 276 [P. Cabanes]), une tête de statue masculine en marbre, un moule de figurine creuse d'hermaphrodite, des figurines féminines et animales, de la céramique hellénistique et des monnaies de bronze.
Nécropole. — Sur la pente qui descend vers le Kalamas, on s'est borné à constater la destruction d'une tombe à ciste d'enfant, datant probablement de l'époque hellénistique.
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