KARABOURNAKI - 1998
Akrotirion Mikro Karaburnu
En 1994, les recherches ont été reprises sur ce site antique où des fouilles avaient déjà été menées au début du siècle et dans les années trente. Situé sur le promontoire de Mikron Emvolon, à l'Est de Thessalonique, le site a subi divers dommages, dont les plus graves ont été causés par l'installation de la caserne Kodra, en usage jusqu'en 1982. La ville-port de Karabournaki, florissante aux VIe-Ve s. av. J.-C, est identifiée tantôt avec l'antique Thermi (d'où le flottement entre les deux toponymes, p. ex. dans BCH 119 [1995] Chron., p. 958), tantôt avec l'antique Aineia. Les nouvelles recherches sont menées par le Service archéologique, qui explore la « table » Nord et la nécropole Est, en collaboration avec l'Université de Thessalonique, qui fouille exclusivement sur la toumba, emplacement de l'habitat antique.
Fouilles du Service archéologique
1) Sur la « table » qui s'étend au Nord de la toumba, les recherches ont été centrées sur le secteur Nord-Ouest, à l'emplacement du futur théâtre en plein air de la commune de Kalamaria. Les seuls vestiges mis au jour datent du début de l'Âge du Fer : deux grandes fosses ellipsoïdales (silos ?) dans lesquelles on a trouvé des fragments de pithoi et une abondante céramique, de tradition locale pour l'essentiel.
2) Dans la nécropole située à l'Est de la toumba, on a fouillé trente-quatre tombes archaïques et classiques, en fosse pour la plupart, réparties en plusieurs groupes. Quoiqu'en grande partie pillées, elles ont livré des armes en fer et plusieurs vases intéressants, parmi lesquels un skyphos attique orné d'une scène d'amazonomachie (fig. 1) et une coupe à figures rouges représentant une figure féminine dont on lit le nom, Hélène (fig. 2-3) ; ce vase, daté des environs de 430 av. J.-C, se rattache au cercle des peintres d'Érétrie et de Midias.
Toujours à l'Est de la toumba, des sondages effectués à l'emplacement du futur Musée des antiquités préhistoriques ont révélé une centaine de fosses-dépotoirs contenant une abondante céramique de l'époque archaïque, mais aussi du début de l'Âge du Fer ; parmi ou à l'intérieur de ces fosses se trouvaient plusieurs tombes, dont deux appartenaient à des guerriers enterrés avec leur armement.
ΑΕΜΘ 8 (1994) [1998], p. 203-215 ; 9 (1995) [1998], p. 283-292 [E. Pandermali, E. Trakossopoulou].
3) Dans la nécropole Nord-Ouest, des travaux de voirie ont entraîné la découverte de vingt tombes (cistes, sarcophages) datant toutes de la 2e moitié du IVe s. av. J.-C. sauf une (tombe de femme richement dotée) qui remontait au début du Ve s. Outre la céramique, les tombes masculines ont livré des poignards, les tombes féminines des bijoux.
ΑΕΜΘ 8 (1994) [1998], p. 217-222 [Ε. Β. Tsigarida].
Fouilles de l'Université de Thessalonique
En 1994 et 19951, les fouilles de l'habitat, dirigées par M. Tivérios2, ont porté sur le secteur Sud de la toumba. On y a dégagé les vestiges de maisons archaïques munies de dallages et de réserves abritant des pithoi in situ (fig. 4), mais surtout deux espaces surbaissés en forme de ruche qui pourraient être les pièces d'une maison semi-enterrée, comme il en existe des exemples dans la région de Thessalonique et dans la zone de la mer Noire. On signale aussi la découverte de fosses-dépotoirs contenant de la céramique des VIe-Ve s. av. J.-C., notamment des amphores de provenances diverses (attiques, eubéennes, corinthiennes, chiotes, samiennes, etc.), les sondages profonds ayant par ailleurs produit des tessons d'époque géométrique. Le matériel céramique, très abondant, comprend des productions locales de très bonne qualité et de nombreuses importations3 provenant des plus grands centres du monde grec. Plusieurs tessons portent des graffiti commerciaux (fig. 5) (ν. aussi BCH 120 [1996] Chron., p. 1258) ; on mentionne aussi une inscription carienne gravée sur une amphore et une inscription dans une langue inconnue sur la lèvre d'un lébès en bucchero.
ΑΕΜΘ 8 (1994) [1998], p. 197-202 ; 9 (1995) [1998], p. 277-282 [M. Tivérios, E. Manakidou, D. Tsiafaki].
Ch. Bakirtzis, dans Mélanges N. G. L. Hammond, p. 305-308, situe le port de Kellarion à Karabournaki, où une digue de pierre avait jadis été repérée dans la mer.
(2) Que nous remercions pour les compléments d'information qu'il a bien voulu nous donner.
(3) V. photo dans Chronique n.11259 [O.D.]
avec la contribution de
Béatrice Detournay
Anna Philippa-Touchais
Yannis Varalis
BCH 122.2 (1998), p. 872-873
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